Le monde n’a pas de fin (5 décembre 2016) de Bilal Tanweer

Le monde n’a pas de fin est une ode à Karachi, l’hommage d’un « écrivain dans la ville » qui ne veut pas qu’elle soit réduite à sa violence. Il en rassemble les fragments pour voir au-delà des apparences et faire surgir le monde fascinant d’avant l’islamisation forcenée, d’avant les bombes. Dans le bus qui mène du centre ville à la mer, se croisent ainsi trois générations de personnages qui racontent leur histoire : le père magicien, l’écolier repenti, le Camarade poète Sukhanza, le caïd amoureux, le diseur de mauvaise aventure…
« Quand on raconte une histoire à quelqu’un, nous sommes dans le même monde », écrit Bilal Tanweer et, avec lui, on aime cette ville bruyante et vivante en toutes circonstances.

Critique : Karachi, capitale économique et financière du Pakistan, est une mégalopole de 20 millions d’habitants. C’est aussi un port et la mer joue un rôle important dans la vie de ses habitants comme le rappelle Bilal Tanweer le monde n’a pas de fin. A première vue, on serait plutôt tenté de l’appeler recueil de nouvelles puisqu’il est constitué d’une suite d’histoires mais celles-ci sont interconnectées autour d’un événement tragique : l’explosion d’une bombe. Roman choral avec des styles de narration très différents selon les récits, élément perturbant pour le lecteur qui ne reste cependant pas perdu très longtemps. Tanweer réussit à capter les pulsations de la ville en dessinant subtilement des portraits de personnages attachants dont la vie est peu ou prou influencée par la violence endémique de Karachi. La mosaïque qu’il compose est marqué par la relation qu’entretiennent les résidents avec cette atmosphère de danger permanent. La violence se transforme en une longue et poétique méditation sur la mort qui fit son entrée dans cette ville de Karachi, capitale animée à tous moments, bruyante, foisonnante de vie et de couleurs. Une ville animée et fascinante dans sa joie. Avant. Et puis l’islamisation radicale est apparue et avec elle la folie de tuer.

Note : 9/10

  • Poche: 240 pages
  • Editeur : Folio (5 décembre 2016)
  • Collection : Folio

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