« Mrs Dalloway dit qu’elle se chargerait d’acheter les fleurs. » De cet incipit, resté aussi célèbre que ceux de Camus ou Nabokov, découle la journée d’une femme, Clarissa Dalloway, au rythme des heures qui s’égrainent, entraînant le lecteur dans les sinuosités joyciennes de son inconscient et de ses monologues introspectifs.
À contre-sens des canons de la littérature victorienne, Mrs Dalloway n’en reste pas moins, en dépit de son avant-gardisme, un des romans les plus appréciés de Virginia Woolf, celui dont elle dira, dans son Journal d’un écrivain, qu’elle y avait exprimé « bien plus complètement que de coutume ce qu’elle voulait dire ».
Outre une technique d’écriture novatrice, Mrs Dalloway se propose de « critiquer le système social, le montrer à l’œuvre dans toute son intensité ». Virginia Woolf pose un regard critique sur la condition bourgeoise, l’évolution des mœurs, l’avenir des femmes, mais aussi sur la folie à travers le personnage de Septimus.
Mrs Dalloway, qui n’a rien perdu de sa modernité, ouvre par effet de miroir quelques portes d’entrée dans la psyché de son auteur.
Critique :Situé en plein cœur de la ville de Londres, ce roman de Virginia Woolf traite pour beaucoup des termes de l’aliénation mentale et physique, des liens entre individus et des aléas de l’intégration (en opposition à la marginalité)au sein d’une société bien rigide.
La communication est l’enjeu premier dans le récit, et les personnages la recherchent, pour certains, même au prix de la mort.
Une myriade de personnages plus attachants les uns que les autres peuple ce récit, qui se déroule pourtant sur une seule journée. L’écriture est un peu déroutante puisque nous passons d’un personnage à l’autre, ou plutôt de l’esprit à l’autre, sans préavis, en suivant le fil rarement linéaire de la pensée, des souvenirs et des impressions. Les sensations, les mouvements de l’âme sont décrits avec finesse et acuité, y compris ces hésitations et ces non-dits avec lesquels nous compliquons notre existence et nos relations.
Le résultat est un roman grave et drôle, une grande œuvre, écrite par une grande femme qui restera dans l’histoire de la littérature anglo-saxonne
Note : 9,5/10
- Poche: 320 pages
- Editeur : Archipoche (4 janvier 2017)
- Collection : Roman étranger
