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« Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie.

Un roman poignant sur la mémoire et la résilience

Avec Houris, Kamel Daoud nous plonge dans l’histoire intime et déchirante d’Aube, une jeune femme algérienne qui porte sur son corps et dans son âme les stigmates de deux guerres : celle de l’indépendance, qu’elle n’a pas vécue, et la guerre civile des années 1990, qu’elle a endurée en silence. Daoud, avec son écriture puissante et évocatrice, nous offre un roman bouleversant qui interroge la mémoire, la transmission et la capacité à survivre aux pires atrocités.

Une héroïne marquée par la guerre :

Aube est une figure tragique, dont la vie est marquée par la violence et la douleur. Muette à cause d’une blessure physique qui a détruit ses cordes vocales, elle est aussi symboliquement silencieuse, dans une société où évoquer la guerre civile est devenu un acte puni par la loi. Sa cicatrice au cou est le témoignage visible d’une blessure plus profonde, celle de son pays déchiré par les conflits. À travers Aube, Kamel Daoud incarne la souffrance de toute une génération, condamnée à se souvenir de ce qu’on voudrait leur faire oublier.

Une quête de vérité et de réconciliation :

Le roman suit Aube dans sa quête pour retrouver sa voix, au sens propre comme au figuré. Enceinte, elle se demande si elle a le droit de donner la vie après avoir subi tant de violence. Cette question fondamentale traverse tout le récit : comment transmettre la vie et la mémoire dans un contexte où le passé est effacé et où les cicatrices sont à peine refermées ? Aube décide de retourner dans son village natal, un lieu chargé de souvenirs et de fantômes, où elle espère trouver des réponses auprès des morts.

La mémoire collective et l’oubli :

Kamel Daoud explore avec une grande finesse la tension entre la mémoire collective et l’oubli imposé par le pouvoir. Aube, en portant en elle les traces d’une guerre que l’on cherche à taire, devient le symbole de cette mémoire qui refuse de disparaître. Le roman pose des questions essentielles sur le devoir de mémoire, la nécessité de faire face à son passé pour se reconstruire, et la difficulté de trouver la paix dans une société marquée par la violence.

Une écriture poétique et engagée :

L’écriture de Daoud est à la fois poétique et profondément engagée. Il parvient à capturer l’essence des traumatismes individuels et collectifs avec une sensibilité rare. Les paysages, les sensations, les souvenirs d’Aube sont décrits avec une précision qui rend palpable l’angoisse et l’espoir qui l’animent. Houris est une œuvre qui résonne longtemps après la lecture, un appel à ne pas oublier et à comprendre que la mémoire est un acte de résistance.

Éditeur ‏ : ‎ GALLIMARD (15 août 2024) Langue ‏ : ‎ Français Broché ‏ : ‎ 416 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2072999995 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2072999994