Derrière les lourdes portes de l’institut St Mary, on n’étudie pas seulement le passé, on le visite !
Chronique : Dans Les Chroniques de St Mary, Jodi Taylor offre un concept aussi unique qu’irrésistible : une équipe d’historiens intrépides qui voyagent dans le temps pour vivre en direct les grands événements historiques. La série semble réunir tous les ingrédients d’une aventure exaltante, mais, en dépit de son potentiel, elle oscille entre le génie comique et une certaine superficialité narrative.
Le personnage central, Madeleine Maxwell (ou « Max »), brille par sa personnalité. Sarcastique, passionnée et pleine de ressources, elle porte les récits avec un humour tranchant et un détachement ironique qui dynamise l’action. Cependant, bien que son caractère soit attachant, il tend parfois à desservir l’intrigue, tant ses pensées sarcastiques et son comportement impulsif brouillent les enjeux de certains moments plus graves. En ce sens, le ton léger du récit peut réduire l’impact de certains passages dramatiques, tels que les traumatismes liés aux guerres ou aux tragédies historiques. La profondeur émotionnelle se retrouve ainsi éclipsée par un rythme frénétique, parfois au détriment de l’immersion dans ces époques cruciales.
Côté intrigue, Taylor démontre une maîtrise solide de la narration en jonglant habilement avec les différentes périodes historiques. Le Grand Incendie de Londres, les tranchées de la Première Guerre mondiale, la préhistoire et même des légendes anciennes sont explorés avec une fascination évidente pour le détail historique. Mais si la diversité des lieux et des époques est réjouissante, l’action effrénée laisse peu de place à une exploration plus nuancée des contextes historiques. Le traitement de chaque période est souvent réduit à des scènes d’action et de péripéties, manquant parfois d’une profondeur qui permettrait de réellement ressentir le poids des événements.
Le deuxième tome, qui renforce les mystères autour de l’Institut et introduit des menaces extérieures, suggère une montée en intensité. Pourtant, cette intrigue d’ennemis invisibles et de dangers imminents reste sous-développée, les antagonistes manquant de consistance pour réellement instiller un sentiment de péril. Ce volet pourrait cependant se déployer dans les tomes suivants, où l’on espère que l’autrice approfondira les dilemmes moraux des voyages temporels et le rapport des personnages avec l’Histoire qu’ils traversent.
Les Chroniques de St Mary séduisent par leur inventivité, leur humour et la vivacité de leur héroïne. La série s’adresse sans doute davantage aux lecteurs en quête de divertissement léger et de scènes historiques rocambolesques, qu’à ceux recherchant une réflexion approfondie sur les répercussions du voyage temporel. Malgré ses faiblesses narratives, la saga reste un voyage haut en couleur et amusant, qui pique la curiosité et amuse sans relâche.

