Achat : https://librairie.lapin.org/fr/causes-en-corps/1373-ca-va-aller-mademoiselle-9782377541928.html
Je ne suis pas folle, vous savez ! Ça va aller, mademoiselle est le récit autobiographique d’un séjour en hôpital psychiatrique.
Ça va aller, mademoiselle de Blandine Denis est bien plus qu’un simple témoignage sur l’internement psychiatrique. C’est une plongée intime et profondément humaine dans l’univers souvent invisible des patients psychiatriques, une traversée des paysages intérieurs, des peurs, des révoltes et des silences. À travers le regard de l’auteure, nous découvrons la complexité de l’expérience de l’hospitalisation psychiatrique, mais aussi la résilience qui peut naître dans les lieux les plus sombres.
Le récit est celui d’une expérience vécue, celle de Blandine, qui, après une période de souffrance psychologique, se voit internée dans un hôpital psychiatrique. Le livre nous invite à la suivre dans cette étape de sa vie, du moment où elle est admise dans l’établissement, jusqu’à son quotidien morcelé, rythmé par des rituels implacables et des rencontres parfois surprenantes. Ce qui pourrait apparaître comme une expérience angoissante, déshumanisante, se transforme sous sa plume en une chronique sensible et parfois même drôle de la vie dans un tel lieu.
Dès les premières pages, Blandine nous prend par la main et nous conduit dans son univers clos, où tout est routine, mais où chaque instant, chaque regard, chaque interaction porte un poids émotionnel. Le récit se déploie dans une alternance d’instantanés : l’attente interminable dans les files pour les médicaments, les conversations banales avec les autres patients, les moments de solitude partagée lors des pauses café-cigarette. Les journées semblent se ressembler toutes, mais au fur et à mesure, on prend conscience que derrière chaque geste quotidien se cache une bataille, une lutte pour la survie, une tentative de réapprendre à vivre.
Ce qui frappe dans ce livre, c’est la capacité de Blandine à regarder son propre internement avec une distance émotive qui n’est ni méprisante ni faussement édulcorée. Elle se montre vulnérable, mais également pleine d’une forme de force tranquille. Son écriture, fluide, presque familière, nous fait entrer dans son univers avec une simplicité déconcertante, et pourtant, chaque mot, chaque phrase résonne avec une profondeur émotive. Blandine ne cherche pas à se poser en victime ni en héroïne, mais plutôt à nous inviter dans son quotidien, celui d’une personne qui traverse une tempête intérieure tout en cherchant à maintenir une forme d’humanité intacte.
Les rencontres qu’elle fait au sein de l’hôpital sont aussi des fenêtres ouvertes sur d’autres âmes abîmées. Chaque personnage qu’elle croise, chaque patiente avec qui elle échange, est une facette de cette souffrance collective, mais aussi une source de solidarité fragile. À travers eux, Blandine nous montre qu’une forme d’amitié, de complicité, peut naître dans les endroits les plus improbables. Ces rencontres, souvent brèves et banales en apparence, sont aussi des moments où se révèlent des fragilités partagées, des blessures invisibles qui trouvent un écho dans la parole des autres. Il y a dans ces échanges une douceur cachée, une humanité brute qui nous touche profondément.
Mais l’un des aspects les plus frappants de ce livre, c’est sa capacité à déconstruire les mythes qui entourent l’hôpital psychiatrique. Trop souvent, ce lieu est perçu comme une zone d’ombre, une prison pour fous, où les individus sont traités comme des objets, des corps à soigner sans égard pour leur subjectivité. Blandine nous montre que l’hôpital est aussi un espace de recomposition, où la souffrance est une forme de réinvention de soi, où les patients, loin d’être des cas isolés, sont des êtres qui cherchent à se reconstruire à leur manière, parfois avec maladresse, mais toujours avec une envie profonde de s’en sortir.
Ça va aller, mademoiselle nous rappelle, avec une grande justesse, que l’internement psychiatrique n’est pas seulement un lieu de souffrance, mais aussi un lieu de réapprentissage. C’est un espace de transformation, où l’individu apprend, peu à peu, à se réapproprier son histoire, son corps, ses émotions. À travers ses journées monotones, Blandine nous montre que la guérison ne se fait pas en un clin d’œil, mais qu’elle se construit lentement, morceau par morceau, souvent à travers les plus petites victoires. La vraie force de ce récit réside dans sa capacité à dévoiler l’invisible : la reconstruction du moi, la recherche d’un sens là où il semble n’y en avoir aucun.
Au-delà de son histoire personnelle, Blandine Denis parvient à ouvrir une brèche dans un sujet encore largement tabou. Elle dépeint une réalité rarement mise en lumière : celle des troubles psychologiques et de l’internement. À travers sa plume, elle invite à une réflexion sur les stigmatisations et les incompréhensions qui persistent autour de la santé mentale. Le livre se fait ainsi un outil de libération de la parole, une voix pour ceux qui, comme Blandine, ont longtemps souffert en silence.
Ce récit est également une invitation à regarder l’autre avec plus de bienveillance, à comprendre que derrière chaque geste de souffrance se cache une histoire, un parcours souvent plus complexe qu’il n’y paraît. La sincérité de l’auteure, son absence de jugement et sa capacité à mêler tendresse et lucidité dans son approche de la maladie mentale en font une œuvre essentielle, tant pour ceux qui l’ont vécue que pour ceux qui, comme nous, l’appréhendent à travers ses mots.
Ça va aller, mademoiselle n’est pas seulement un livre sur l’internement psychiatrique. C’est une ode à la résilience, à l’humanité dans toute sa fragilité, et à la capacité de se relever même après les chutes les plus violentes. Un témoignage poignant et nécessaire sur un sujet qui mérite d’être abordé avec toute la complexité et la sensibilité qu’il exige.
Éditeur : Les éditions Lapin; Illustrated édition (14 mars 2025) Langue : Français Broché : 176 pages ISBN-10 : 2377541925 ISBN-13 : 978-2377541928
