Tout le monde connaît Peau d’Âne, ce conte où une princesse fuit les avances de son père sous la peau d’un animal magique. Mais ici, oubliez Perrault : Peau d’Homme nous plonge dans une Renaissance fantasmée, burlesque et résolument contemporaine.
Sur scène, Peau d’Homme adapte la bande dessinée culte d’Hubert et Zanzim, et c’est Laure Calamy qui en incarne la révélation. Elle joue Bianca, jeune femme à qui l’on impose un mariage. Pour découvrir qui est vraiment son futur époux, elle enfile… une peau d’homme. Ce déguisement va l’embarquer dans un voyage initiatique où se mêlent désir, identité et liberté.

Laure Calamy est tout simplement éblouissante. Avec une légèreté folle et un sens du burlesque rare, elle offre un rôle aussi drôle que touchant. Autour d’elle, une galerie de personnages savoureux l’accompagne : une marraine fantasque, un frère fanatique, une mère résignée et un fiancé mystérieux, le tout dans une ambiance entre commedia dell’arte et théâtre engagé.
Le livret signé Léna Bréban mêle humour et critique sociale avec brio. On y parle d’amour, de genre, d’homophobie et de liberté, toujours sur un ton enlevé, parfois grave mais jamais pesant.
Côté musique, Ben Mazué signe des chansons aux mots ciselés, portées par une grande simplicité instrumentale. Si les ballades intimistes touchent juste, certaines scènes auraient mérité un souffle plus épique, notamment celle du carnaval.
Visuellement, le spectacle joue la carte d’une Renaissance poétique : costumes soignés, décor stylisé et quelques trouvailles magiques – comme le laboratoire végétal de la marraine. Dommage qu’un certain statisme s’installe dans la dernière partie, avec un prêche un peu trop long.
Mais ne boudons pas notre plaisir : Peau d’Homme est une fable drôle, tendre, brillante et nécessaire. Un spectacle d’émancipation porté par une actrice en état de grâce. À voir absolument.
