À l’occasion de la sortie de La pire année de ma vie, Catherine Girard-Audet, autrice québécoise bien connue des ados pour La vie compliquée de Léa Olivier, dévoile une œuvre plus intime et plus sombre. Dans ce nouveau roman jeunesse, elle aborde le deuil, la solitude, la reconstruction, tout en conservant ce ton juste et chaleureux qui lui est propre. Elle revient ici sur cette nouvelle aventure littéraire, son évolution personnelle, et le lien qui l’unit à ses lecteurs et lectrices.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire La pire année de ma vie, un roman plus brut et plus sombre que vos précédents ?
Disons qu’avec Léa, j’ai exploré mon déracinement et mon déménagement avec une touche d’humour et de caricature. Mais cette fois, je voulais toucher au côté plus sensible de l’ado en moi, et peut-être me montrer avec plus de vulnérabilité.
Aviez-vous besoin d’explorer une facette plus réaliste et parfois douloureuse de l’adolescence ?
Je crois que je voulais surtout aborder le stress de performance et mon côté un peu « nerd ». Et oui, des thématiques peut-être plus sérieuses, mais qui font aussi partie de la vie. Je crois toutefois avoir su garder une touche d’humour qui me ressemble.
Ce nouveau roman parle de reconstruction après une épreuve. Est-ce inspiré d’un vécu personnel ou d’un besoin d’aborder ce genre de sujet en littérature jeunesse ?
Je crois que la vie est parsemée d’épreuves et de reconstruction, mais comme j’ai changé trois fois d’écoles et de programmes au secondaire, ce sont des thématiques qui sont assez proches de moi !
Comment avez-vous travaillé les émotions de votre héroïne, entre deuil, solitude et colère, sans tomber dans le pathos ?
Mon secret, c’est l’humour. Même dans le drame, il faut savoir en rire. Et je crois que La pire année de ma vie reflète la « vraie » réalité des jeunes, qui est parsemée de hauts et de bas. Donc, une émotion plus difficile à vivre peut être suivie d’une plus douce.
Est-ce essentiel pour vous de faire confiance à vos jeunes lecteurs, même quand le sujet est difficile ?
Le plus important, c’est surtout de sentir que mes thématiques les interpellent. Je veux qu’on puisse s’identifier aux personnages et à ce qu’ils traversent. Et oui, je leur fais entièrement confiance. S’ils n’ont pas vécu telle ou telle situation, alors ça pourra les sensibiliser au sujet, ou les préparer.
La pire année de ma vie s’adresse-t-elle aussi à celles et ceux qui ont grandi avec Léa Olivier et attendent aujourd’hui des récits plus matures ?
Je pense que je m’adresse à un public ado en 2025. Comme le récit est peut-être un peu plus mature, je sais que je pourrai aussi rejoindre certains fans de Léa plus matures qui ont envie de me suivre. C’est gagnant-gagnant !
Que représente pour vous la réédition en poche de La vie compliquée de Léa Olivier ? Est-ce une nouvelle vie pour la série ?
Léa Olivier fera toujours partie de ma vie. Et si la réédition peut lui donner un autre souffle, alors tant mieux ! Mais à mes yeux, elle n’est pas terminée, cette série. Je prépare d’ailleurs un roman de Noël de Léa Olivier au Québec. C’est comme renouer avec ma meilleure amie !
Qu’avez-vous ressenti en relisant les débuts de Léa, avec le recul de ces années de succès ?
Je ne regrette rien et je suis si fière de ce que j’ai accompli. Mais c’est sûr qu’en treize ans, je crois que ma plume s’est améliorée et a pris de l’assurance. Ceci dit, je ne changerais rien. L’aventure de Léa est parfaite comme elle est !
Pensez-vous qu’il existe un lien intime, même discret, entre Léa et l’héroïne de La pire année de ma vie ?
Bien sûr ! Ce sont deux facettes de moi. Je suis Léa, et je suis Gabrielle. Quelque part, ces héroïnes se retrouvent. Dans leur sensibilité, leur humour, leurs doutes. Il y a moi en dessous des deux !
Montrer que la force peut naître du doute, de la chute, de la douleur : est-ce le cœur de votre travail d’écrivaine ?
Oui, tout à fait. Et aussi toucher par les émotions pures et brutes. Les épreuves nous façonnent. Je veux montrer aux jeunes qu’on peut tout surmonter.
Était-ce un défi pour vous de passer d’un ton léger et dialogué à une écriture plus tendue et épurée ?
J’adore les dialogues. Même dans La pire année, c’est ma force et mon dada ! Donc oui, c’est parfois un défi de passer à une narration différente. Mais je me devais de créer un nouveau style !
Quel retour vous touche le plus : celui d’un lecteur qui rit avec Léa ou d’un autre qui se reconnaît dans la détresse de votre nouveau roman ?
Les deux vont me toucher chacun à leur façon. Savoir que Léa puisse donner le goût de la lecture à un jeune, c’est extraordinaire. Et savoir qu’un autre se sent interpelé par Gabrielle aussi !
Envisagez-vous de continuer à explorer cette veine plus mature dans vos projets futurs ?
Ce que je veux, c’est continuer de parler des sujets d’actualité et de résonner chez les jeunes. Depuis les débuts de Léa, les temps ont changé aussi. Mais quoi que je fasse, j’y mettrai mon cœur, et on pourra toujours rire en lisant mes romans.
Comment parvenez-vous à concilier vos rôles d’autrice, traductrice, maman et conférencière tout en gardant votre souffle créatif ?
Cette année, je me consacre uniquement à deux rôles : autrice et maman. Sinon, j’avoue que je me sentais un peu épuisée et à sec. J’ai besoin de nourrir mon imaginaire dans mon quotidien. Ma fille est par ailleurs une préado qui me sert de grande source d’inspiration !
Quel message aimeriez-vous transmettre aujourd’hui à vos lecteurs, anciens ou nouveaux, à travers vos livres ?
Qu’ils ne sont pas seuls. Et que tout, même les pires tempêtes, finit toujours par passer.
La pire année de ma vie, de Catherine Girard-Audet, est publié aux Éditions Kennes. Disponible en librairie.
