Trente ans après Dawson, Kevin Williamson retourne en Caroline du Nord avec The Waterfront, un soap noir et familial disponible dès aujourd’hui sur Netflix. Cette fois, pas d’adolescents tourmentés au bord de la mer, mais une dynastie de pêcheurs engluée dans les dettes et la criminalité.
Un empire familial au bord du naufrage
Bienvenue à Havenport, ville côtière dominée par la famille Buckley, à la tête d’un empire de la pêche aujourd’hui menacé. Patriarche vieillissant, Harlan Buckley (Holt McCallany) tente de maintenir à flot l’entreprise avec sa femme Belle (Maria Bello) et son fils Cane (Jake Weary), quitte à replonger dans des affaires douteuses. Leur fille Bree (Melissa Benoist), ex-toxico en quête de rédemption, tente quant à elle de retrouver la garde de son fils.
Breaking Bad au bord de l’océan
Difficile de ne pas penser à Breaking Bad, Yellowstone ou Les Soprano devant ce clan d’anti-héros, prêts à tout pour sauver leur territoire. Harlan, patriarche brutal mais attachant, évoque un Tony Soprano marin, tandis que Belle devient stratège en second plan et Cane, le fils mal marié, lutte contre sa propre violence et les attentes paternelles.
Si la série flirte avec le soap – trahisons, drogue, adultères, fils caché –, elle n’élude pas la violence, ni l’héritage toxique transmis de génération en génération. Kevin Williamson puise d’ailleurs dans sa propre histoire : son père, pêcheur, a réellement été impliqué dans un trafic de drogue dans les années 1980. Une inspiration qu’il a longtemps gardée sous silence à la demande de ce dernier.
Dawson version noir corbeau ?
Visuellement, The Waterfront reprend les codes chers à Williamson : pontons au coucher du soleil, baisers sous les porches, bateaux dans le port… Mais la douceur nostalgique de Dawson laisse place ici à un réalisme plus âpre. Les thématiques paternelles restent présentes – la relation conflictuelle entre Cane et Harlan rappelle celle de Pacey et son père dans Dawson – mais dans une version beaucoup plus sombre et désenchantée.
Cane ressemble d’ailleurs à une version adulte de Pacey qui aurait raté le coche : resté à Capeside, englué dans un mariage tiède, alcoolique et en colère. L’autodestruction est ici un mode de survie.
Un soap efficace, mais convenu
Si le décor portuaire et le casting solide (Maria Bello, Melissa Benoist, Jake Weary, et un Topher Grace étonnant en mafieux guilleret) apportent du relief, The Waterfront coche toutes les cases du soap familial blanc version Netflix : trahisons, argent sale, rédemption et meurtres. Le traitement manque parfois de subtilité, et l’humour propre à Williamson se fait discret.
Côté représentations, on reste sur sa faim : là où Dawson avait bousculé la télévision avec l’introduction du personnage de Jack, The Waterfront se contente d’un personnage gay secondaire, sans arc notable.
Verdict ?
The Waterfront ne révolutionne pas le genre, mais séduit par son ambiance, son rythme soutenu et son casting. Ceux qui cherchent un drame familial sombre, bien exécuté, y trouveront leur compte. Les nostalgiques de Dawson, en revanche, risquent d’être déconcertés par ce virage plus rugueux, presque nihiliste.
En somme, un soap criminel maritime bien ficelé, idéal pour les soirées d’été, à condition d’aimer l’odeur de la sueur, du sang… et de l’eau salée.
