Disponible sur Netflix, la série Delirio livre une conclusion aussi symbolique qu’émotionnelle. À la croisée du drame intime et de la quête spirituelle, cette première saison interroge le couple, la mémoire, la folie, et la possibilité d’un renouveau. Voici l’analyse complète de sa fin bouleversante. (⚠️ Spoilers)
Une relation brisée, puis recollée
La fin de la Saison 1 se concentre sur la réconciliation entre Agustina et Aguilar, après une longue traversée des ténèbres. Tout au long de la série, Aguilar cherche à comprendre l’effondrement mental de sa femme, survenu après qu’il l’a retrouvée dans un hôtel avec un autre homme, sans explication. Ce traumatisme, jamais complètement élucidé, agit comme une faille que les deux personnages tentent tant bien que mal de refermer.
Avec l’aide de Sofia, la tante d’Agustina, Aguilar parvient un temps à ramener sa femme chez elle, loin de l’hôpital psychiatrique. Mais l’arrivée de la mère d’Agustina, Eugenia, déclenche une nouvelle crise. Agustina expulse sa mère… mais aussi son mari. Cette rupture brutale marque un point de bascule.
La réparation fragile d’un couple
Pourtant, le dernier épisode offre une ouverture pleine de lumière. Agustina et Aguilar se retrouvent et décident de redonner une chance à leur union. La série ne présente pas ce retour comme une solution miracle, mais comme un acte de volonté partagée. Leur relation, désormais transformée, repose sur une reconnaissance mutuelle de leurs failles.
Le symbole central de cette réconciliation est le ruban adhésif, utilisé dans la maison pour séparer leurs espaces : à la fin, ils le retirent ensemble. Ce geste marque la chute des barrières, le choix de l’unité. Plus tard, Agustina invite Aguilar à un rendez-vous… et lui demande d’apporter une empreinte palmaire plastifiée qu’il avait laissée dans l’épisode 1. Ce détail, au fort pouvoir symbolique, souligne leur évolution : l’empreinte ne change pas avec le temps, tout comme l’essence d’une personne.
Agustina, le tarot et la renaissance
En tant que tarologue, Agustina lit sa propre histoire à travers les cartes. Elle évoque notamment la Roue de Fortune et le Jugement — deux arcanes majeurs qui représentent la libération du passé et la possibilité de transformation.
En rejouant la scène fondatrice de leur relation, elle ne cherche pas à effacer la douleur, mais à l’intégrer. Elle comprend que l’amour n’est pas une ligne droite, mais un cycle : rupture, chaos, pardon, résilience.
Son monologue final, en voix off, renforce cette idée. Elle affirme que reconnaître que quelque chose est brisé est un prérequis pour envisager la réparation — et que cette réparation n’est jamais définitive. C’est justement ce caractère éphémère qui donne sa beauté à l’acte d’aimer.
Qui meurt, qui survit ?
La saison ne s’attarde pas sur la mort physique de personnages, mais explore une forme plus subtile de « mort intérieure ». Agustina traverse une mort symbolique, celle de son ancienne identité, de ses illusions, et de ses certitudes. Aguilar aussi meurt à son rôle de sauveur. Ensemble, ils renaissent dans un lien plus mature.
La seule véritable « victime » est la relation toxique entre Agustina et sa mère, Eugenia, que la série condamne sans appel. La mise à la porte d’Eugenia symbolise la rupture avec un héritage oppressant.
Une fin ouverte, mais apaisée
La conclusion de cette première saison boucle la boucle tout en laissant la porte ouverte. Si une saison 2 devait voir le jour, elle pourrait explorer les conséquences de cette reconstruction fragile, mais sincère. Agustina et Aguilar ont choisi de continuer, sans certitude, mais avec confiance.
Delirio s’impose ainsi comme une œuvre sensible sur la folie, le couple, et la quête d’un équilibre entre l’ombre et la lumière. Une série à la fois intime et mystique, qui ose affirmer que l’amour n’est pas l’effacement des cicatrices… mais leur reconnaissance mutuelle.
