Attention, spoilers !
Sorti le 16 juillet 2025, Eddington est sans doute le film le plus controversé de cette année. Produit par Ari Aster, maître de l’horreur psychologique (Hérédité, Midsommar), ce nouveau projet n’explore pas le surnaturel, mais plonge dans les profondeurs sombres et troublantes de l’Amérique contemporaine. Violent, politique, et profondément dérangeant, Eddington laisse les spectateurs sous le choc. Voici son explication.
Le point de bascule : Joe devient le monstre
Le tournant majeur d’Eddington survient en milieu de film, lorsque Joe, personnage principal à la dérive, commet l’irréparable : il assassine Ted — un homme qu’il accuse publiquement (et à tort) d’avoir abusé de Louise — ainsi que le fils de celui-ci, Eric. Un acte de rage pure, commis après une suite d’humiliations, de rejet, et d’isolement progressif.
Louise l’ayant quitté pour rejoindre une communauté sectaire dirigée par Vernon, Joe se retrouve seul, paranoïaque et instable. Après une altercation violente avec Ted au sujet d’une collecte de fonds, il décide de l’éliminer. Il abat d’abord un intrus dans le bar de Ted, puis tue froidement Ted et son fils avec un fusil de sniper. Il maquille ensuite le crime en attaque politique, accusant des manifestants.
Joe, figure tragique devenue bourreau
Ce meurtre marque le point de non-retour : Joe bascule dans une violence décomplexée. Il instrumentalise la mort de Ted pour servir ses discours populistes, se victimise et radicalise sa posture politique. Mais ce n’est pas tout : il va jusqu’à tuer un adolescent qui le confronte publiquement — un acte gratuit, révélateur de sa perte totale de repères moraux.
Pire encore, dans une tentative désespérée de fuir ses responsabilités, Joe fait accuser Michael, un jeune homme dont il était pourtant le mentor, pour l’ensemble des crimes. C’est la trahison ultime, un reniement de l’un des seuls liens humains authentiques qu’il lui restait.
Qui est réellement le tireur final ?
La fin du film met en scène une nouvelle attaque : un tireur masqué tente d’assassiner Joe lors d’un événement public. Il parvient à le blesser gravement à la tête avec un couteau, mais est abattu par Brian, l’allié politique de Joe, qui tire à plusieurs reprises et le tue sur place.
L’identité du tireur n’est jamais clairement révélée. Mais peu importe : les médias et l’opinion publique s’empressent de le désigner comme un terroriste affilié à ANTIFA. Ce raccourci narratif est central : Eddington dénonce la manière dont la société transforme la violence en spectacle, et les coupables en martyrs.
Une critique acerbe de l’Amérique post-vérité
La fin d’Eddington ne donne pas de réponse facile. Elle montre un monde où les faits sont réinterprétés pour servir des récits politiques, où les héros sont des monstres déguisés, et où la justice est un jeu d’image et de manipulation. Joe, gravement blessé mais vivant, accède à une célébrité trouble, bâtie sur le mensonge et le sang.
La dernière image du film n’est pas celle d’un homme puni pour ses crimes, mais celle d’un système qui le récompense
