My Oxford Year est disponible sur Netflix, et si vous avez vu le film, vous savez déjà qu’il ne s’agit pas d’une simple romance. Adapté du roman de Julia Whelan publié en 2018, le long-métrage emmené par Sophia Carson prend le genre à revers et se termine sur une note à la fois déchirante et incroyablement lumineuse. Beaucoup se posent la même question après le visionnage : pourquoi ce choix radical pour la fin ? Et surtout, qu’est-ce que cela dit du film tout entier ?
L’histoire suit Anna, une jeune prodige de la politique américaine incarnée par Sophia Carson. Elle obtient une bourse prestigieuse pour passer une année à Oxford, avec un plan de vie parfaitement millimétré : études, carrière brillante, avenir en politique à Washington. Mais tout change lorsqu’elle croise le chemin de Jamie Davenport, professeur charismatique et secret. Leur relation naît presque par accident, dans des échanges vifs, des regards et des non-dits, avant de se transformer en véritable histoire d’amour.
Et puis, le choc. Anna découvre que Jamie cache un lourd secret : il est atteint d’un cancer en phase terminale. Pire encore, il a refusé de suivre le traitement expérimental qui pourrait prolonger sa vie. Il préfère vivre intensément ce qu’il lui reste de temps, plutôt que de subir des mois de souffrance dans un hôpital.
La fin du film est construite autour de ce choix. Anna, face à la maladie et à l’inéluctable, abandonne sa carrière politique pour rester avec Jamie. C’est un acte de rébellion contre tout ce qu’elle avait prévu pour elle-même, mais aussi un acte d’amour et de courage : choisir la fragilité et le bonheur éphémère, plutôt que la sécurité et l’ambition.
Jamie meurt finalement dans les bras d’Anna, dans une scène volontairement épurée, sans grandes phrases ni pathos. Pas de déclaration larmoyante, pas de musique dramatique. Juste un dernier souffle, simple et digne. C’est cette retenue qui rend la séquence bouleversante : le film refuse le mélodrame et préfère la vérité du moment.
Après sa mort, Anna décide de réaliser le rêve qu’ils avaient imaginé ensemble : traverser l’Europe. On la voit à Paris, Amsterdam, Venise, Santorin. Au début, dans le montage, Jamie semble encore être là, comme une ombre bienveillante. Et puis, peu à peu, il disparaît des plans. Anna est seule, mais cette solitude n’est pas un vide. Elle est remplie de souvenirs, de traces de ce qu’ils ont vécu. Chaque lieu devient un hommage, chaque pas une manière de faire vivre Jamie autrement.
De retour à Oxford, Anna ne reprend pas simplement ses études : elle devient professeur de poésie, dans la même salle où elle avait rencontré Jamie. Lors de son premier cours, elle apporte un Victoria sponge cake – le fameux gâteau que Jamie avait utilisé pour briser la glace lors de leur rencontre. Ce geste simple contient toute l’émotion du film : Jaime n’est plus là, mais il est partout, dans chaque détail, dans chaque choix qu’Anna fait désormais.
Le film ajoute un autre symbole fort : avant de mourir, Jamie offre à Anna une première édition de Walden, de Henry David Thoreau, un livre sur la vie intentionnelle, sur l’importance de choisir consciemment ce qui compte vraiment. Au début du film, Anna vivait selon un plan parfaitement établi. À la fin, elle comprend que les moments fugaces peuvent avoir plus de poids que les projets d’une vie entière. Elle apprend à vivre chaque jour délibérément, non plus en fonction d’un futur hypothétique, mais pour l’instant présent.
La grande différence avec le roman de Julia Whelan est là : dans le livre, Jamie ne meurt pas. Il tente un traitement expérimental et survit, laissant la porte ouverte à un futur commun, fragile mais porteur d’espoir. Le film, lui, a choisi une route beaucoup plus radicale, et ce n’est pas anodin. Le réalisateur et les scénaristes ont expliqué vouloir explorer l’amour dans l’ombre de la perte, questionner ce qu’il reste d’une histoire quand elle est vouée à s’interrompre brutalement.
Ce choix donne au film une gravité rare dans les romances modernes. Là où beaucoup de récits préfèrent rassurer avec des fins heureuses, My Oxford Year ose dire que toutes les histoires d’amour n’ont pas besoin de durer pour être profondes. Qu’une seule année, une seule rencontre, peut redéfinir tout un destin.
Jamie choisit la joie plutôt que la survie. Anna choisit l’amour, même s’il est voué à la perte. Et nous, spectateurs, nous repartons avec cette idée douce-amère : certaines histoires brûlent vite, mais la lumière qu’elles laissent derrière elles… elle, elle ne s’éteint jamais.
