PLURIBUS Episode 9 EXPLICATION DE LA FIN

Le final de Pluribus est enfin là et s’intitule « Lashika Oil Mundo », ce qui se traduit par « la fille ou le monde ».
Cet épisode met littéralement ces deux options en opposition directe. À mes yeux, il fonctionne comme un puissant écho au deuxième épisode de la saison, lorsque Carol retrouvait les autres survivants à Bilbao et se montrait insistante, agressive, imposant ses opinions aux autres.
Mais cette fois-ci, les rôles sont inversés : Carol est celle qui subit cette pression, et elle y réagit beaucoup moins bien.

Entre son histoire d’amour douce-amère, un sentiment de jalousie naissant, et une plongée plus profonde dans la réalité de sa relation avec Helen — qui n’était peut-être pas aussi heureuse qu’on le pensait — cet épisode apporte beaucoup d’éléments clés.


La scène d’ouverture

Le début du final se déroule à peu près au même moment que la fin de l’épisode, soit environ 71 jours après la Jonction.
La première image que nous voyons est celle d’un avion survolant un village isolé dans les montagnes. Au départ, je me demandais ce que c’était et qui pouvait bien se trouver à bord. Mais dès que Kusimayu apparaît — l’une des rares survivantes anglophones introduite dans l’épisode 2, qui avait clairement exprimé à Carol son désir de rejoindre la Jonction — j’ai compris qu’elle allait enfin réaliser son rêve.

Et ce rêve se matérialise par ce qui est transporté dans l’avion, puis protégé dans une voiture avec une ceinture de sécurité, soulignant à quel point cet objet est précieux pour les Autres.

Ce qui est particulièrement glaçant, c’est que Kusimayu semble vivre une sorte de dernier repas, presque comme un condamné à mort. Les autres lui expliquent qu’ils lui ont préparé son plat préféré. Ce sera la dernière fois qu’elle goûtera ce qu’elle aime en tant qu’individu à part entière.

On la voit aussi balayer inlassablement le même endroit du sol, ce qui traduit une forme d’ennui profond. Les autres s’occupent de tout dans le village, et elle n’a plus rien à faire. Contrairement à Kumba ou Busos, elle ne cherche ni à changer le monde ni à le sauver. Dans ce petit village de montagne, elle attend simplement que quelque chose change.

Avant la Jonction, on la voit s’occuper d’une chèvre dans un enclos. Or, les chèvres symbolisent souvent l’indépendance et la curiosité. C’est donc très symbolique, car ces deux qualités vont lui être retirées à jamais. En tant que membre de l’esprit collectif, elle n’aura plus jamais besoin d’être curieuse : elle saura tout.

Un détail intéressant de cette scène est que deux membres des Autres parlent à voix haute. L’un commente la couleur du ciel, l’autre évoque l’odeur de l’air et un sentiment d’espoir. Or, c’est un comportement inhabituel, puisqu’ils communiquent normalement par connexion électromagnétique. Peut-être parlent-ils à voix haute parce que Kusimayu n’a pas encore rejoint la Jonction, afin de lui offrir une dernière illusion de normalité.

Bien que son choix soit volontaire, le fait qu’elle soit assise dans l’enclos avec les animaux donne l’impression qu’elle est enfermée, attendant sa sentence. Tout évoque une fin de vie imminente.

Lorsqu’elle sort de l’enclos et marche avec les membres de la Jonction, leurs mouvements sont déjà synchronisés, annonçant ce qui l’attend.
On comprend également qu’elle a déjà donné ses cellules souches. Lorsqu’on lui dit « N’aie pas peur », et qu’elle répond « Je n’ai pas peur », il est clair que la promesse de paradis a pris le dessus sur sa solitude.

La tension demeure : son corps va-t-il accepter la Jonction ou la rejeter ?
La scène rappelle la Jonction de l’épisode 1. Kusimayu est allongée sur le sol, presque comme si elle renaissait, en harmonie avec la terre. Lorsqu’elle ouvre les yeux, la première chose qu’elle voit, ce sont les Autres.

Une fois la Jonction achevée, elle sourit. Mais la réaction collective est glaçante : aucun mot, aucune célébration. Le village devient silencieux. Les habitants se lèvent, vident les maisons et s’en vont. Kusimayu n’est plus une personne, elle est simplement une partie du tout.

Le moment le plus symbolique est sans doute lorsqu’elle libère les animaux de l’enclos. Tant qu’elle était la dernière survivante, les animaux étaient confinés. Désormais, ils sont libres. La chèvre la suit un instant, puis part. Les Autres quittent également le village.

À une échelle plus large, Kusimayu était la « chèvre » que les Autres protégeaient dans cet enclos naturel. Une fois intégrée, la porte s’ouvre, et tout le monde peut partir.

Cette scène montre deux choses essentielles :

  1. Les survivants peuvent changer d’avis et rejoindre la Jonction.
  2. Les Autres ne bluffaient pas : ils ont trouvé un moyen de convertir même les individus immunisés.

Cela fait directement écho à la révélation finale sur les ovules de Carol et l’extraction de cellules souches.


Manus et Carol – la fracture

60 jours, 16 heures et 30 minutes plus tard, un drone suit Manus arrivant chez Carol après un périple de milliers de kilomètres.
Carol et Zosa observent les images. Lorsque Carol demande ce que Manus veut, Zosa répond : « Il ne nous parlera pas. »
Ironiquement, c’était exactement l’attitude de Carol dans l’épisode 2 : méfiante, secrète, refusant que les Autres soient présents.

Un moment tendre entre Carol et Zosa révèle leur nouvelle dynamique : Zosa pose la main dans le dos de Carol pour la rassurer, un geste intime qu’ancienne Carol n’aurait jamais accepté. Mais on comprend plus tard que cette tendresse est une manipulation calculée destinée à maintenir Carol calme et sous contrôle.

L’ignorance des Autres à propos de Manus est aussi mise en avant lorsqu’ils disent : « Nous ne pensons pas qu’il te ferait du mal. » Une phrase inquiétante, car elle montre leur incapacité à garantir la sécurité humaine.

Lorsque Manus arrive et voit la Rolls-Royce dans l’allée, son regard traduit la confusion. Lui n’a rien pris. Carol, si. Elle a changé.

Leur confrontation révèle deux visions irréconciliables. Manus pense :

« Si on ne peut pas les réparer, ils sont mieux morts. »

Carol n’a jamais cru cela. Les tensions s’accumulent : où parler, utiliser le téléphone ou non, rester chez les voisins… Rien ne se passe comme prévu.

Un plan très symbolique montre un parapluie formant une frontière nette entre eux. Ils voulaient autrefois la même chose, mais ils sont désormais devenus deux individus radicalement différents.


La révélation finale

Zosa finit par avouer qu’elle ne peut pas mentir et qu’elle doit répondre à Manus. Carol réalise alors que l’amour qu’elle croyait exclusif ne l’était pas.
Lorsque Zosa dit :

« Nous l’aimons autant que toi »,
Carol comprend que ce lien n’était qu’une illusion.

La manipulation atteint son sommet lorsqu’on révèle que les Autres peuvent désormais extraire les cellules souches de Carol à partir de ses ovules congelés. Elle n’a plus que trois mois avant que la procédure ne soit effective.

C’est à cet instant que Carol comprend tout.

« Si tu m’aimais, tu ne ferais pas ça. »

Zosa répond :

« Tu dois le faire parce que je t’aime. »

Ce « je » au lieu de « nous » est la preuve ultime de la manipulation.

Carol revient alors à la réalité. L’amour était un mensonge. Et lorsqu’elle rentre chez elle, une bombe atomique l’attend sur son allée — un rappel brutal de la démesure et du danger des Autres.


Conclusion et saison 2

74 jours, 18 heures et 30 minutes.
Manus reste à Albuquerque pour étudier les champs électromagnétiques, les nœuds de courant et les interférences potentielles. Une piste claire pour une méthode de sabotage de la communication de l’esprit collectif.

Lorsque Carol dit enfin à Manus :

« Tu as gagné. On va sauver le monde. »

La saison 1 s’achève. Le compte à rebours est lancé.


Mon avis sur le final

Ce final est solide, tendu et intelligemment structuré. Pluribus est une série à combustion lente, rare et précieuse dans le paysage télévisuel actuel.
Elle fait confiance à l’intelligence du spectateur, pose de vraies questions sur l’individualité, l’amour, le consentement et le libre arbitre.

Vince Gilligan signe ici l’une des meilleures séries de l’année, peut-être même l’une des meilleures de la décennie.

Une saison 2 est confirmée, même si elle prendra du temps. Mais vu le succès massif sur Apple TV+, le retour est inévitable.

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