Loumi T01 L’Odyssée du poisson pané par Guillaume Meurice ; Loic Senan ; Cyril Jegou

Achat : Loumi T01 L’Odyssée du poisson pané par Guillaume Meurice ; Loic Senan ; Cyril Jegou

Mais qu’y a-t-il dans le poisson pané servi à Loumi par son tonton Marco ? Elle décide d’enquêter, envers et contre tous, auprès de pêcheurs désemparés, d’activistes déterminés et de lobbyistes retors… Une nouvelle héroïne en colère contre le monde tel qu’il est, dans une série d’humour documentaire.

Dans Loumi – L’Odyssée du poisson pané, Guillaume Meurice, Loïc Sénéan et Cyril Jégou inventent une forme aussi réjouissante qu’intelligente : la bande dessinée d’enquête politico-alimentaire, menée tambour battant par une héroïne jeune, lucide et furieusement déterminée.

Tout part d’un détail du quotidien, presque anodin : un poisson pané servi par le tonton Marco. Mais derrière cette panure dorée se cache un monde opaque, fait de surpêche, d’industries prédatrices, de discours rassurants et de silences organisés. Loumi décide de comprendre ce qu’elle mange — et, ce faisant, de questionner un système entier. L’album épouse alors les codes du reportage : rencontres avec des pêcheurs démunis, activistes engagés, experts alarmants et lobbyistes à la rhétorique bien huilée.

Le scénario de Guillaume Meurice fait mouche par sa capacité à mêler humour mordant et information rigoureuse, sans jamais tomber dans le didactisme pesant. Le rire devient une arme critique, un outil de dévoilement. Le dessin, vif et expressif, accompagne parfaitement cette dynamique : clair, lisible, souvent ironique, il donne chair aux débats et rend accessibles des enjeux complexes.

Mais Loumi ne se contente pas d’informer. L’album capte une colère générationnelle, celle d’une jeunesse qui refuse l’héritage empoisonné qu’on lui prépare et qui réclame des comptes. Loumi n’est pas une héroïne idéale : elle doute, s’emporte, se heurte aux murs du réel. Et c’est précisément ce qui la rend si actuelle et attachante.

Avec ce premier tome, la série pose les bases d’un projet ambitieux : faire de la BD un espace de réflexion politique populaire, drôle et percutant. L’Odyssée du poisson pané est à la fois une lecture divertissante et un salutaire électrochoc, qui donne envie de rire, de comprendre… et surtout de ne plus avaler n’importe quoi sans poser de questions.

Éditeur ‏ : ‎ Delcourt Date de publication ‏ : ‎ 22 octobre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 48 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2413091106 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2413091103

Oshi no ko – tome 16 – collector – Edition spéciale de Aka Akasaka (Auteur), Mengo Yokoyari (Auteur)

Achat : https://amzn.to/4oWfSlt

Le coffret collector d’Oshi no Ko – tome 16 s’impose comme un véritable objet de célébration pour conclure une œuvre devenue emblématique. Pensé comme un écrin de fin de parcours, il ne se contente pas d’accompagner le dernier volume : il en prolonge l’émotion et l’empreinte visuelle.

Le soin éditorial est immédiatement perceptible. Le coffret rigide, richement illustré, met en valeur l’identité graphique de la série, entre éclat idol et mélancolie crépusculaire. Les illustrations choisies jouent sur le contraste qui a fait la force d’Oshi no Ko : la beauté lumineuse du spectacle face à sa noirceur intime. Le rendu est élégant, harmonieux, et suffisamment sobre pour éviter l’effet “goodies gratuits”.

Les contenus exclusifs renforcent l’impression d’un ensemble pensé pour les lecteurs fidèles. Les prints, cartes et éléments bonus prolongent l’univers sans le diluer, offrant à la fois des objets de collection et des supports visuels forts, idéaux pour garder une trace matérielle de cette conclusion marquante. Chaque élément trouve sa place, sans surcharge, avec une vraie cohérence esthétique.

Ce coffret se distingue aussi par sa dimension symbolique : il agit comme un point final assumé, un hommage à la série autant qu’à ses lecteurs. Là où certains collectors se contentent d’ajouter de l’ornement, celui-ci accompagne le dernier tome dans une démarche presque commémorative.

En somme, un collector abouti, élégant et respectueux de l’œuvre, qui s’adresse clairement aux fans de la première heure et s’impose comme une pièce de choix dans une collection manga. Un bel adieu, à la hauteur de l’impact émotionnel et culturel d’Oshi no Ko.

Philia Rosé : La prophétie de la couronne d’épines – tome 2 de BHD (Auteur), Youngji Kim (Auteur), RYUTA FUSE (Auteur)

Achat : https://amzn.to/4oV1Dxr

Découvrez l’histoire d’une jeune prêtresse qui ne recule devant rien pour défier le destin et les liens de la couronne.

Avec ce deuxième tome, Philia Rosé : La prophétie de la couronne d’épines confirme son statut de romantasy ambitieuse où l’intime s’entrelace brillamment avec le politique. L’univers s’élargit, les enjeux se durcissent et les auteurs approfondissent avec justesse la dualité qui anime leurs personnages, en particulier le tandem explosif formé par Philia et le prince Léo.

La jeune prêtresse gagne en densité et en complexité. Confrontée à un héritier prêt à déclencher une guerre pour s’emparer du trône, elle tente d’opposer à cette soif de conquête sa foi, sa douceur et une forme d’intelligence stratégique qu’elle n’avait jamais eu à déployer à ce niveau. C’est précisément quand elle découvre que ses mots ne suffisent plus que le récit prend toute son ampleur : Philia comprend que pour influencer Léo, il lui faudra revoir entièrement sa manière d’agir, apprivoiser ses contradictions et s’approcher d’un homme qu’elle sait capable du pire autant que du meilleur.

De son côté, le prince Léo apparaît comme un antagoniste fascinant, mû par une blessure intime autant que par une ambition farouche. Sa relation avec Philia, à mi-chemin entre confrontation, attirance et manipulation, nourrit une tension dramatique constante et parfaitement maîtrisée. Chaque échange semble pouvoir faire basculer le destin du royaume.

L’écriture dynamique, le sens du rythme et l’illustration au trait expressif donnent à l’ensemble une intensité rarement atteinte dans les séries du même genre. Qu’il s’agisse des scènes de palais, des moments de doute ou des tête-à-tête chargés d’une tension émotionnelle subtile, tout concourt à offrir une lecture captivante et visuellement superbe.

Ce deuxième tome s’impose ainsi comme une montée en puissance réussie, où la romance n’étouffe jamais la réflexion sur le pouvoir, le destin, l’éthique et la liberté individuelle. Philia, prise dans l’étau d’un avenir qui semble tracé d’avance, s’affirme comme une héroïne moderne, fragile mais déterminée, capable de remettre en cause l’ordre établi au péril de sa propre vie.

Éditeur ‏ : ‎ Kotoon Date de publication ‏ : ‎ 20 novembre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 320 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2494102677 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2494102675

Comment Raeliana a survécu au manoir Wynknight de Milcha (Auteur), Whale

Achat : https://amzn.to/44YdqDR

Se réincarner dans un roman à succès, il y a de quoi s’enthousiasmer ! Sauf si vous êtes assassiné.

Ce dernier tome de Comment Raeliana a survécu au manoir Wynknight conclut avec force une série qui s’est imposée comme l’une des réinterprétations isekai les plus abouties de ces dernières années. Après avoir revisité avec intelligence les codes du genre — romance, complot aristocratique, faux-semblants et lutte pour la survie — Milcha et Whale portent leur récit à son paroxysme dans un final tendu, dramatique et plus intime que jamais.

Le face-à-face entre Raeliana et Béatrice, pivot de toute la série, trouve ici son aboutissement logique : une confrontation où les masques tombent, où les motivations se dévoilent, où l’affrontement dépasse la simple rivalité narrative pour devenir un questionnement sur le libre arbitre, le destin imposé par la fiction et la possibilité de réécrire sa propre histoire. Raeliana, longtemps prisonnière d’un rôle mortifère écrit à l’avance, s’affirme définitivement comme une héroïne lucide, combattive et profondément humaine.

Le duo qu’elle forme avec Noah se retrouve également mis à l’épreuve. Les révélations qui s’accumulent font vaciller leurs certitudes, ouvrant la voie à une relation moins fondée sur le jeu des apparences et davantage sur la confiance, le respect mutuel et la vulnérabilité. L’alchimie qui a porté toute la série demeure, mais elle gagne ici en maturité, en densité émotionnelle, loin des simples clichés de romance scénarisée.

Graphiquement, Whale propose encore une fois un travail d’une grande élégance, multipliant les planches au découpage nerveux dans les scènes de tension et des compositions plus aérées lors des moments émotionnels. Le contraste sert parfaitement la montée dramatique du volume, notamment dans la dernière partie, plus sombre, presque oppressante.

Ce final convainc par sa capacité à offrir une véritable résolution tout en restant fidèle à l’esprit de l’œuvre : une série qui parle de survie, mais surtout d’émancipation. Raeliana n’est plus une simple figurante piégée dans un roman : elle devient l’autrice de sa propre trajectoire. Une conclusion satisfaisante, cohérente, parfois poignante, qui confirme la place du titre parmi les adaptations isekai les plus solides, aussi divertissantes que finement écrites.

Éditeur ‏ : ‎ Kotoon Date de publication ‏ : ‎ 20 novembre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 288 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2494102766 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2494102767

L’Impérieux Destin du Dr Elise – Tome 5 de Mini (Auteur), Yuin (Auteur)

Achat : https://amzn.to/3KrXgvP

Impératrice tyrannique puis chirurgienne de génie, Élise de Clorence a une nouvelle chance de réparer ses erreurs.

Avec ce cinquième volume, L’Impérieux Destin du Dr Elise poursuit sa métamorphose en une romance médicale palpitante, où les tensions sentimentales se mêlent à l’urgence vitale. Mini et Yuin approfondissent ici l’équilibre qui fait le succès de la série : la rigueur du geste chirurgical, la complexité des relations de cour, et la lutte intérieure d’une héroïne qui tente, dans cette nouvelle vie, de réparer toutes les fautes de la précédente.

L’intrigue se resserre autour de la tentative désespérée d’Élise de sauver Albert Child, malgré l’opposition catégorique du prince Linden, dont la jalousie grandissante ajoute une épaisseur émotionnelle à un récit déjà sous haute pression. Le manghwa interroge subtilement la capacité de la jeune chirurgienne à séparer le devoir médical de ses liens affectifs — un dilemme qui devient d’autant plus sensible lorsque le frère de Linden laisse, lui aussi, transparaître son intérêt pour elle.

La grande réussite de ce tome tient dans son intensité dramatique. L’épidémie qui se propage dans l’empire crée un climat d’urgence qui permet à Élise de prendre pleinement la mesure de ses talents, mais aussi de ses responsabilités. Son passé en tant qu’impératrice tyrannique plane toujours comme une ombre, rendant chaque choix plus lourd, chaque geste plus significatif. Les auteurs développent avec justesse ce thème de la rédemption, moteur profond de la série.

Graphiquement, le tome se distingue par des scènes médicales précises, un sens du rythme qui accompagne la montée de tension, et une expressivité remarquable dans les échanges entre personnages — notamment lors des confrontations émotionnelles entre Élise et Linden.

Ce cinquième volume confirme donc L’Impérieux Destin du Dr Elise comme l’un des titres isekai les plus singuliers du moment, grâce à sa dimension médicale immersive, son héroïne admirablement écrite et sa capacité à mêler drame, romance et enjeux politiques sans jamais perdre son souffle.

Éditeur ‏ : ‎ Kotoon Date de publication ‏ : ‎ 20 novembre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 288 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2494102847 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2494102842

Blood-Crawling Princess of a Ruined Country – tome 3 de Yuki Azuma

Achat : https://amzn.to/44o5lZ1

Ils l’ont traînée dans la boue, elle va faire couler leur sang.

Dans ce troisième volume, Yuki Azuma poursuit sa fresque sanglante et tragiquement humaine avec une intensité qui ne faiblit jamais. Blood-Crawling Princess of a Ruined Country confirme ici son statut de dark fantasy d’exception, où la brutalité du monde se mêle à la détermination farouche de femmes brisées mais jamais réduites au silence.

Ce tome s’ouvre sur une fuite haletante. Après avoir échappé aux tunnels qui les retenaient captives, les prostituées tentent de gagner les montagnes, un territoire aussi hostile que la société qui les a condamnées. Azuma excelle une nouvelle fois dans l’art d’installer une tension permanente : précarité, menace, fatigue, blessures… chaque page semble peser sous le poids de la survie.
Parmi elles, Priscilla, princesse déchue aux pieds ensanglantés, reste le cœur battant du récit. Soutenant Laura, grièvement blessée, elle se heurte à l’impitoyable indifférence du monde extérieur. Sa tentative désespérée de différer le départ auprès de l’émissaire de leur prétendu refuge se solde par un échec, rappel brutal du peu de valeur accordée à ces femmes sacrifiées.

La force du tome tient dans cette montée tragique d’un espoir qui s’effrite. Une tempête s’abat sur la mer comme sur les âmes — un miroir symbolique que la mangaka déploie avec une remarquable maîtrise visuelle. Les rafales, les vagues et les lézardes qui se forment sur le dernier pont menant au port composent une tension presque apocalyptique. L’infrastructure qui craque sous la violence des flots semble répondre à la fragilité de l’humanité de ces héroïnes : tout peut céder d’un instant à l’autre.

Graphiquement, Yuki Azuma atteint ici un sommet : les contrastes d’encre, les visages marqués, les corps meurtris confèrent au récit une crudité saisissante. C’est une œuvre où l’esthétique sublime n’atténue jamais la souffrance, et où la violence n’est jamais gratuite : elle dit quelque chose du monde, et de ce qu’il fait aux opprimés.

Sur le plan narratif, ce tome approfondit la psychologie du groupe. Les liens entre femmes, complexes, douloureux et parfois ambigus, deviennent une matière dramatique d’une puissance rare. La détermination de Priscilla se transforme en rage froide, en volonté de vengeance, en possibilité de renaissance. L’autrice sème les graines d’un basculement à venir : celui où la victime se change en menace, où la boue se transforme en sang.

En refermant ce troisième volume, impossible de ne pas ressentir cette boule au ventre propre aux récits qui vous happent entièrement. Blood-Crawling Princess of a Ruined Country ne raconte pas seulement l’horreur : il raconte la dignité qui survit malgré elle. Un manga d’une âpreté splendide, qui continue d’étendre son souffle tragique et envoûtant.

ASIN ‏ : ‎ B0FC1MJD11 Éditeur ‏ : ‎ Kurokawa Date de publication ‏ : ‎ 4 décembre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 194 pages ISBN-13 ‏ : ‎ 979-1042019204

Ces Lignes qui tracent mon corps de Mansoureh Kamari

Achat : https://amzn.to/48pUr7x

En Iran, selon la loi islamique, le père de famille est propriétaire du sang de ses enfants, il ne peut donc être poursuivi pénalement s’il s’en prend à sa progéniture.

Dans cet album autobiographique d’une force rare, Mansoureh Kamari livre un témoignage d’une clarté implacable sur ce que signifie grandir en Iran sous l’autorité d’un père détenteur légal du sang de ses enfants. En retraçant les années de son enfance puis de son adolescence, elle documente, sans pathos mais avec une intensité saisissante, la mécanique d’un système où les hommes exercent un pouvoir absolu, où les femmes ne disposent d’aucune marge de sécurité ni de liberté, et où la terreur devient un horizon quotidien.

Page après page, l’autrice expose les interdictions, les humiliations, les agressions — banales pour celles qui en sont victimes, inimaginables pour celles et ceux qui les lisent de loin. On y découvre cette existence corsetée où rire, chanter, aimer, marcher seule ou même exister trop fortement relèvent du délit ; où une fillette peut être mariée à neuf ans, exécutée à quinze, où le viol n’est qu’une énième violence effacée par la loi. Le trait accompagne ce récit avec une sobriété lucide : chaque dessin semble tracer littéralement la cartographie d’un corps qui se souvient, qui porte les marques visibles et invisibles du patriarcat d’État.

Mais ce livre n’est pas seulement le constat glaçant d’une oppression. C’est aussi l’histoire d’une reconquête, celle d’une femme qui parvient à fuir, à sortir de l’emprise, à réapprendre à posséder son propre corps après une enfance confisquée. À travers cette parole réappropriée, Mansoureh Kamari transforme son récit personnel en dénonciation politique et en acte de résistance. Ce geste éditorial, profondément intime et résolument universaliste, fait de cet album une œuvre essentielle, bouleversante, qui rappelle à quel point raconter peut devenir un acte de survie.

Puissant, nécessaire, d’une honnêteté déchirante, Ces lignes qui tracent mon corps s’impose comme un document graphique majeur sur la violence systémique et sur la possibilité, malgré tout, de se relever.

Éditeur ‏ : ‎ CASTERMAN Date de publication ‏ : ‎ 10 septembre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 200 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2203290005 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2203290006

Instinct – Tome 2 de Inoxtag (Auteur), Charles Compain (Rédacteur), Basile Monnot (Rédacteur)

Achat : https://amzn.to/44J8l2a

TU PEUX FUIR LE DANGER. PAS TON DESTIN.

Ce deuxième volume d’Instinct confirme la mue ambitieuse de la série : derrière l’aura médiatique d’Inoxtag, c’est désormais une véritable saga dystopique qui prend forme, portée par une tension narrative maîtrisée et une dimension humaine de plus en plus marquée. Trois mois après l’incident fondateur, Haki n’est plus le même. Le Noctus, cette maladie qui ronge son corps comme une ombre intérieure, l’affaiblit un peu plus chaque jour et transforme chacune de ses décisions en compte à rebours. Sa fragilité physique devient l’un des moteurs dramatiques du récit, faisant de lui un héros tragique, partagé entre abandon et révolte.

Pendant ce temps, la ville d’Agartha reste un mystère fascinant. Son apparente perfection — propreté irréprochable, calme artificiel, harmonie forcée — sonne désormais comme une menace. On perçoit les fissures du décor, les non-dits, les regards qui se détournent trop vite, les technologies omniprésentes qui surveillent et étouffent. Les auteurs exploitent brillamment cette ambiance de fausse utopie, où chaque page laisse deviner ce que la cité cherche à dissimuler : manipulations politiques, mensonges institutionnels, disparitions inexpliquées. Tout ce que la société promet de protéger semble, au contraire, en train de se désagréger.

Face à cette pression invisible, Haki doit faire un choix : rester spectateur de sa propre disparition ou risquer ce qu’il lui reste de vie pour découvrir la vérité. C’est ce dilemme, profondément humain, qui donne au tome toute sa densité. Sa quête devient une course parallèle contre la maladie et contre un système bien décidé à maintenir le silence. Sa relation au corps, à la peur et au courage est décrite avec une intensité nouvelle : on sent le combat intérieur, la fatigue, mais aussi la volonté désespérée de ne pas disparaître sans comprendre ce qui lui a été infligé.

Le récit gagne aussi en maturité dans sa construction. La narration est plus serrée, les scènes d’action plus lisibles et plus immersives, tandis que l’intrigue s’élargit, ouvrant vers des zones d’Agartha jusqu’alors occultées. Le dessin, nerveux et expressif, traduit avec efficacité le contraste entre la beauté glacée de la ville et l’urgence organique du parcours d’Haki.

Ce tome 2 s’affirme ainsi comme une montée en puissance inattendue, plus noir, plus politique, plus intime. Instinct n’est plus seulement un projet hybride reliant un créateur digital à une fiction ; c’est désormais une histoire qui s’émancipe, une dystopie sincère qui explore la peur, la résistance et le refus de se laisser effacer. Un volume solide, intense, qui laisse présager une suite encore plus sombre — et nécessaire.

Éditeur ‏ : ‎ Michel Lafon Date de publication ‏ : ‎ 20 novembre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 224 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2749958199 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2749958194

Version 1.0.0

Tom Sawyer de Maxe L’Hermenier (Auteur), Djet (Auteur)

Achat : https://amzn.to/4ounA6j

Tom Sawyer est un garçon rêveur qui préfère les jeux, les mystères et les escapades aux bancs de l’école.

Cette nouvelle adaptation en bande dessinée de Tom Sawyer offre un vent de liberté et d’insolence qui redonne toute sa vigueur au chef-d’œuvre de Mark Twain. Maxe L’Hermenier et Djet relèvent le défi avec brio : replonger les lecteurs dans l’Amérique rurale du XIXᵉ siècle, au bord du Mississippi, où l’enfance se vit comme une aventure permanente, entre rires, dangers et rêves d’évasion.

Tom Sawyer, gamin espiègle, rebelle à toute forme d’autorité, n’a qu’un seul credo : fuir l’ennui. Les auteurs captent à merveille cette énergie indomptable, cet appétit de vivre qui le pousse à explorer les bois, à inventer mille jeux, ou à entraîner son ami Huck dans des escapades qui tournent souvent à la catastrophe. Le dessin de Djet, expressif, lumineux et rythmé, donne à chaque scène une intensité vibrante : les poursuites nocturnes, les escapades en barque ou les chamailleries d’enfants deviennent autant de tableaux vivants, baignés de chaleur et de mystère.

Le basculement vers le récit d’enquête – lorsque Tom et Huck deviennent témoins d’un crime – est traité avec finesse : l’ambiance se fait plus sombre, mais jamais au détriment de la fraîcheur du duo. Le suspense monte sans écraser la dimension initiatique du récit, qui reste au premier plan : l’amitié, la loyauté, la confrontation à la justice et la perte de l’innocence s’entrelacent dans un rythme parfaitement maîtrisé.

Entre humour, frissons et émotion, cette BD réussit à conserver la tendresse, la vivacité et la profondeur du roman original tout en proposant un univers graphique moderne, accessible et séduisant pour les jeunes lecteurs comme pour les adultes nostalgiques. Une adaptation fidèle dans l’esprit, inventive dans la forme, qui ranime avec éclat la légende de Tom Sawyer.

Éditeur ‏ : ‎ Jungle Date de publication ‏ : ‎ 27 novembre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 48 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2822247587 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2822247580

Le Château des Animaux – Tome 4 : Le Sang du roide Félix Delep (Dessins), Xavier Dorison (Scenario)

Achat : https://amzn.to/4pvkIYl

C’est une petite victoire pour les animaux : le dictateur Silvio a dû se résoudre à organiser un vote… et donc peut-être à remettre son mandat en jeu !

Avec Le Sang du Roi, Xavier Dorison et Félix Delep signent un final éblouissant à leur réinterprétation moderne de La Ferme des animaux. En quatre volumes, la série s’est imposée comme l’une des bandes dessinées les plus fortes de la décennie, un récit politique aussi limpide que bouleversant, où l’allégorie animale transcende son cadre pour toucher au cœur de notre époque.

Ce dernier tome s’ouvre sur une première fissure dans le règne du taureau-despote Silvio : contraint d’organiser un vote, il est pour la première fois obligé de jouer selon des règles qui ne sont pas les siennes. Bien sûr, rien n’est jamais simple au Château : intimidation, manipulation, coups bas… le tyran n’a pas l’intention de céder son pouvoir sans combattre. La campagne qui s’engage est aussi violente que déloyale, et rappelle avec une acuité glaçante la grande mécanique de toute dictature en bout de course.

En face, le Mouvement des Marguerites rassemble ses forces. Miss B, César et Azélar incarnent trois figures essentielles de la résistance : la détermination, la justice et le courage moral. Dorison met en scène avec une finesse rare la stratégie de la désobéissance civile : comment se révolter sans se renier ? Comment résister quand l’ennemi maîtrise la peur, les armes et la propagande ? Comment rallier un peuple brisé ?

Le scénario livre un récit tendu, profondément humain — ou plutôt profondément animal — où l’émotion et la politique avancent main dans la patte. Rien n’est manichéen, tout est juste.

Côté dessin, Félix Delep atteint des sommets. Son trait, d’une expressivité stupéfiante, transforme chaque regard en combat, chaque silence en cri. Les scènes de foule, les moments d’intimité, la rage et l’espoir… tout est d’une puissance visuelle rare. Les planches débordent de vie, d’instinct, d’énergie. Un prodige, tout simplement.

Le message du diptyque final s’impose alors avec force :
la liberté ne s’arrache pas par la violence, mais par la persévérance, l’unité et la dignité retrouvée.

Le Château des Animaux ne se contente pas de rendre hommage à Orwell — il le prolonge, le réinvente, le rend brûlant d’actualité. Une BD politique, sensible, nécessaire, qui rappelle que les contes sont parfois le miroir le plus honnête de nos sociétés.

Éditeur ‏ : ‎ CASTERMAN Date de publication ‏ : ‎ 12 novembre 2025 Édition ‏ : ‎ Illustrated Langue ‏ : ‎ Français Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 96 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 2203235276 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2203235274