Le Pacte du silence (24 août 2016) de Martine Delomme

Un secret du passé rattrape Élisabeth, la brillante héritière et directrice des porcelaines Astier, à l’occasion d’un cocktail donné en l’honneur de son aïeule. Sa vie s’apprête à voler en éclat. Mensonges, jalousies, chantages, drames familiaux, un souffle romanesque ébouriffant dans le sérail des grands porcelainiers français.

Critique : Dès les premières pages nous rentrons dans l’histoire. Comment Élisabeth, chef d’entreprise assez hautaine pour qui l’usine de porcelaine est toute sa vie, va pouvoir de nouveau faire resurgir ce passé qu’elle avait laissé de coté? Le personnage principal est bien décrit et on s’y attache pleinement, on comprend sa retenue et ses chagrins, ses difficultés comme ses réussites. On s’y identifierait presque car on brûle avec Élisabeth de savoir ce qui se cache derrière les sourires et les amitiés de façade, et on a de temps à autre envie de remettre à sa place cette femme arrogante et sûre d’elle, incapable de laisser la place à d’autres mêmes quand cela s’avère nécessaire.                                                                                                                                                           Note : 8,5/10

 

  • Broché: 360 pages
  • Editeur : Calmann-Lévy (24 août 2016)
  • Collection : Littérature Française
  • Prix : 19,90 euros

410MugTfd1L._SX324_BO1,204,203,200_.jpg

 

Déserteur (17 août 2016) de Boris Bergmann

Qui se cache derrière le « je » de ce journal intime aux allures de fable postmoderne, nous l’ignorons. Il nous ouvre néanmoins les yeux jusqu’à en frôler la brûlure. « Je » est avant tout un jeune homme en quête d’engagement et d’action mais incertain quant à son ancrage dans un monde informe. Génie de l’informatique, il met son talent au service d’une pensée radicale, utilisant son clavier comme arme pour hacker les actions de l’État et de ses suppôts. Une déconvenue amoureuse va cependant le faire basculer idéologiquement : pour contrarier l’être aimé, il s’engage dans l’armée française. Son savoir-faire plaît et il se voit aussitôt confier la programmation des drones qui survolent nos conflits, les ratissant « cliniquement ». Après avoir passé quelque temps derrière un écran parisien à manier à distance les armes du futur, il est envoyé en mission sur le terrain. Le voilà alors propulsé vers une base militaire du Moyen-Orient, aux côtés de jeunes soldats dont la ferveur se fissure vite face à l’inaction de leur fonction. Les drones mènent désormais la guerre à leur place ; la chair à canon n’a plus lieu d’être. Ils errent dans l’ennui en espérant la blessure, alors que notre « je », ostracisé, pianote à l’infini la défense d’un pays qui déshumanise le combat pour mieux tuer.

Critique : Boris Bergmann a un style et sait écrire, c’est indéniable.En nous plongeant dans les entrailles d’une jeunesse aux causes floutées, Boris Bergmann nous livre un roman aussi dompté qu’agile. Une lecture ardente servie par un style vif et ingénieux qui nous transporte dans une fascinante expérience de terrain où le sol ne fait que se dérober. Déserteur signe le retour fracassant d’un jeune prodige, et l’arrivée d’un grand roman dessinant les nouveaux contours de l’engagement et de la résistance. Ainsi, les points positifs sont nombreux, c’est un sans faute concernant le scénario. Pour ce qui est de l’écriture, il n’y a aucune lourdeur, le style de Bergmann reste simple, rythmé et efficace. Aucun de ses personnages n’est stéréotypé, chacun a ses ambiguïtés, là aussi le travail est époustouflant.Quant aux décors et aux descriptions, on n’est pas déçu, on visualise les scènes.Mais ce n’est pas tout, impossible de révéler un des gros rebondissements de l’histoire, mais il nous fait basculer dans une autre dimension, tel un triller paranoïaque, il nous fait vibrer et nous questionner encore plus.Le livre est un vrai turn-over, on le dévore d’une traite, pour assécher cette soif de savoir qui nous conduit vers la fin.Un super roman à lire, où on ne s’ennuie jamais.

 Note : 9/10

  • Broché: 278 pages
  • Editeur : Calmann-Lévy (17 août 2016)
  • Collection : Littérature Française
  • Prix : 17 euros

4127HBQBJNL._SX324_BO1,204,203,200_.jpg