La cité diaphane d’Anouck Faure

Un conte d’amour et de mort

J’attendais depuis si longtemps de trouver un récit qui saurait capter l’essence des jeux From software que j’avais fini par désespérer puis j’ai commencé à entendre parler de la cité diaphane, un roman de fantasy qui serait le digne héritiers de la dark fantasy façon Miyazaki.

Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’Anouck Faure est parfaitement parvenu à retranscrire l’imaginaire sombre et mélancolique du studio. Visuellement d’abord, avec cette cité de Roche- Étoile à l’architecture vertigineuse, aux ruelles labyrinthiques où seules règnent la désolation et la folie. Les gravures incluses dans l’ouvrage aident à se faire une idée de l’univers dantesque dans lequel l’autrice nous entraîne.

Mais le récit ne se contente pas d’emprunter la folie graphique de From Software. La narration, portée par une plume délicate et poétique, se joue du lecteur, se veut cryptique, en dit parfois trop sans jamais en dire assez. Au lecteur de faire la part des choses avec cette narration qui se joue de lui tout comme la destinée se joue des personnages. Il faudra échafauder ses propres hypothèses sur les mystères de cet univers enchanteur qui demeurent nombreux une fois la dernière page refermée.

L’autrice brode sur les mêmes thèmes que ceux développées tout au long de la saga From software. Le destin dans tout ce qu’il peut avoir de fatal, la malédiction de l’héritage, la corruption du pouvoir, l’obsession pour ce même pouvoir, la folie, les transformations physiques monstrueuses, la question du genre, sans oublier un petit morceau d’horreur lovecraftienne parce que cela fait toujours du bien. Tant de thèmes que l’autrice est parvenu à condenser sans que cela ne fasse de son récit une œuvre scolaire.

La cité diaphane apparaît comme un récit maîtrisé, référencé mais aussi personnel, astucieux dans sa narration et empreint d’une plume poétique. La première pierre d’un édifice littéraire que l’on espère majestueux.

Résumé :

Merveille architecturale élancée vers le ciel, Roche-Étoile a connu la splendeur et la chute. La cité sainte de la déesse sans visage est maudite, réduite à l’état de nécropole brumeuse depuis que les eaux de son lac et de ses puits se sont changées en poison mortel.

Sept ans après le drame, l’archiviste d’un royaume voisin se rend dans la cité défunte avec pour mission de reconstituer le récit de ses derniers jours. Mais il s’avère bientôt que Roche-Étoile abrite encore quelques âmes, en proie à la souffrance ou à la folie, et celles-ci ne semblent guère disposées à livrer leur témoignage.

Un jeu de dupe commence alors entre l’archiviste et ces esprits égarés, dans les dédales d’une cité où la vérité ne se dessine qu’en clair-obscur, où dénouer la toile du passé peut vite devenir un piège cruel.

Éditeur ‎Argyll éditions; Illustrated édition (3 février 2023)
Langue ‎Français
Broché ‎272 pages
ISBN-10 ‎2492403696
ISBN-13 ‎978-2492403699

Dark souls par-delà la mort de Damien Mecheri et Sylvain Romieu

Avant de vous parler de ce diptyque fabuleux que sont les deux ouvrages consacrés aux jeux du studio from software, il faut que je vous raconte un peu mon parcours avec les créations du studio japonais.

RUDES LEÇONS

Le premier jeu auquel j’ai pu m’essayer fût Bloodborne, je n’avais alors que vaguement entendu parler du studio et de leurs diptyque dark souls, mais les quelques images que j’avais glanées ici et là sur leur dernière production m’avaient mis l’eau à la bouche. Bloodborne se présentait en effet comme un jeu lugubre, à l’ambiance glauque et l’atmosphère crépusculaire où la mort et la folie semblaient omniprésentes. Pour un amateur de gothique et de dark fantasy tel que moi il n’en fallait pas plus pour m’aguicher. Le mot difficile revenait très souvent dans les quelques articles que j’avais lu mais à l’époque je ne m’en n’étais pas préoccupé en bon joueur assisté que j’étais. C’est donc en toute confiance que j’ai lancé Bloodborne persuadé que je serais là encore guidé vers la victoire à coup de nombreux checkpoints, de tutoriel complet et d’une difficulté ajustable à tout moment.

Terrible fut la leçon que le jeu m’affligea afin de me débarrasser de mes illusions. Les dix, non plutôt, les vingt premières heures de jeu furent un véritable sacerdoce, je ne compte plus le nombre de fois où l’écran fatidique annonçant notre mort est apparu sous mes yeux effarés. Puis petit à petit, en suant sang et eau, je suis parvenu à appréhender les mécaniques de jeu et à progresser. Le jeu m’avait déjà captivé par son univers unique mais le sentiment d’accomplissement que je ressentais à franchir les épreuves qu’il mettait sur la route me motiver à poursuivre ma route dans les rues de Yharnam, malgré la difficulté croissante. Par la suite Dark souls 3 devait confirmer ma passion pour cet univers avant que je ne me lance dans la découverte des autres jeux de la licence.

Pourtant malgré les heures passées à arpenter les terres désolées de Lothric ou à lire les descriptions des tenues et des armes, de nombreuses questions demeuraient sans réponses sur le scénario et l’ensemble du lore. Car l’aspect cryptique des jeux de from software est une autre de leurs particularités, peu de cinématiques, des personnages qui parlent par énigmes ou qui mentent, il n’est pas aisé de saisir tous les tenants et les aboutissants de l’histoire. C’est pourquoi je me suis mis à la recherche d’ouvrage s’intéressant aux oeuvres de Hidetaka Miyasaki. Et je ne dois pas être le seul puisqu’au moment où j’ai commencé à chercher le premier tome était en rupture de stock et vendu en occasion à un prix beaucoup trop élevé. J’ai dû attendre la réédition pour pouvoir me le procurer.

Amateurs d’ambiance gothique ? Vous serez servie

PAR-DELÀ LES JEUX

Loué soit le soleil car mes prières furent entendues, les deux livres rédigés par Damien Mecheri et Sylvain Romieu reviennent non seulement sur la genèse de la création des différents titres formant la collection nommée soulborne mais aussi sur le scénario de chacun d’eux. Les zones d’ombre sont éclaircies à l’aide de théories solidement étayées tandis que les personnages secondaires et les boss ont droit à un récapitulatif complet de leur histoire.

S’il se contentait juste de résumer l’histoire et de d’aligner les portraits, l’ouvrage serait déjà satisfaisant mais les deux auteurs ne s’arrêtent pas là. Ils s’emparent des thèmes et des symboles mis en avant par la licence pour mieux en extraire toute la richesse. Ils permettent ainsi aux lecteurs de saisir quelque chose que la plupart des joueurs avaient assimilés, ne serait-ce que de manière instinctive, à savoir que ces créations vidéo-ludique ne sont pas seulement des objets de divertissement mais des oeuvres à part entière. Des oeuvres denses avec des thématiques fortes et à la puissance évocatrice indéniable. Les deux auteurs mettent en lumière, de manière ordonnée, les différentes thématiques qui sous-tendent toute la license, que ce soit la réincarnation, la nature humaine, la destinée, la notion de désir, la quête du savoir qui mène à la folie ou bien encore l’eschatologie. Le tout est présenté de manière claire et amène le lecteur à regretter que la plongée dans cet univers ne dure pas plus longtemps.

Bien sûr les ouvrages s’adressent avant tout aux joueurs qui ont eu l’occasion de se frotter aux cinq jeux du célèbre studio mais il serait dommage de passer à côté du travail passionné auquel se sont prêté les auteurs.

Pour finir il faut souligner le travail de la maison d’édition third qui agrémente le texte d’illustrations des artistes Hubert Griffe et Alexandre Dainche et offre un écrin classieux aux écrits de deux passionnés de jeux vidéo.

Dark souls par delà la mort volume 1

Paru le : 05/03/2020
Auteur(s) : Auteur : Damien Mecheri Auteur : Sylvain Romieu
Éditeur(s) : Third éditions
Collection(s) : RPG
Contributeur(s) : Préfacier : FibreTigre
ISBN : 2-37784-133-3
Pages : 327

Dark souls par delà la mort volume 2

Paru le : 31/08/2017
Auteur(s) : Auteur : Damien Mecheri Auteur : Sylvain Romieu
Éditeur(s) : Third éditions
Collection(s) : RPG
Contributeur(s) : Préfacier : Kévin Cicurel – Postfacier : Benoît Renier – Illustrateur : Hubert Griffe
ISBN : 979-10-94723-76-0