Les chiens de chasse de Jørn Lier Horst, un polar calibré et solide

Il en va dans le monde du polar comme dans la littérature blanche, il y a autant d’auteurs que de livres, là où certains vont se concentrer sur l’ambiance, les personnages ou le contexte historique de leurs ouvrages, d’autres vont livrer une histoire qui manquera peut-être d’ambition ou d’ampleur mais aura le mérite d’être solide.C’est exactement le cas avec le second roman de Jørn Lier Horst.

L’ancien inspecteur de police connaît son affaire.Sa plume est certes dépourvue des aspérités qui pourraient contribuer à lui accorder du crédit auprès des lecteurs qui attendent surtout de leurs lectures une plongée immersive dans une ambiance glauque ou oppressante mais son style est efficace et sert avant tout le but premier de l’auteur, raconter une enquête criminelle. Pour cela il use d’un rythme constant, des chapitres courts qui vont droit au but et des personnages crédibles bien qu’un peu désincarné à l’image du chef adjoint Vetti qui aurait mérité un peu plus de hargne dans sa description.

Il faut dire que l’auteur n’a pas choisi la facilité en créant le personnage de William Wisting. Ce brillant inspecteur, dévoué à son métier, n’est pas alcoolique, il s’entend bien avec ses deux enfants, il a réussi à refaire sa vie après la mort de sa première femme. Un personnage positif et doux qui tranche avec la pelletée d’enquêteurs cyniques, écorchés vifs et psychologiquement instables que l’on peut voir à peu près partout ailleurs dans le paysage du polar. Pourtant, même si l’on prend plaisir à le suivre lors de son enquête, il manque un petit quelque chose pour en faire une figure incontournable du roman policier. Sa fille Line souffre elle aussi de ce côté un peu lisse malgré son professionnalisme et sa relation complice avec son père.

Et pourtant malgré ces personnages un peu fades, l’ouvrage mérite le détour pour son intrigue rondement menée. L’auteur sait où il va, il est tel un capitaine qui doit mener son vaisseau d’un port à un autre tout en évitant les tempêtes et les récifs. Lorsque l’on y regarde de plus près nombreux sont les dangers qui guettaient son intrigue, une ancienne enquête qui fait l’objet d’une révision, un meurtre qui n’a, a priori, rien à voir avec l’enquête principale, une jeune fille qui disparaît. L’auteur aurait pu s’entraîner par le fond de bien des manières mais il parvient à garder le cap en gardant en tête les éléments de l’intrigue qui doivent figurer en premier plan et ceux doivent rester en arrière. Parfois il ne faut pas plus qu’une intrigue maîtrisée pour livrer un divertissement convaincant.

Maintenant il ne reste plus qu’à Horst qu’à travailler sa plume afin de gagner en profondeur et en densité et doter ses personnages d’un supplément d’âme. En l’état c’est bien la seule chose qui manque à l’auteur pour nous immerger complètement dans les brumes norvégiennes.

Résumé: Dix-sept ans après son incarcération pour l’enlèvement et le meurtre de la jeune Cecilia Linde, Rudolf Haglund retrouve la liberté, Et son nouvel avocat affirme être en mesure de démontrer que Haglund a été condamné sur la base de preuves falsifiées. William Wisting, à l’époque jeune policier en charge de l’enquête, est devenu une figure exemplaire et respectée, incarnant l’intégrité et les valeurs d’une institution souvent mise à mal dans l’opinion publique. Au cœur d’un scandale médiatique et judiciaire, suspendu de ses fonctions, Wisting décide de reprendre un à un les éléments du dossier. Les policiers auraient-ils succombé au syndrome des «chiens de chasse», suivant la première piste que leur indique leur instinct, au risque d’en négliger d’autres, et s’acharnant à étayer leurs soupçons pour prouver la culpabilité supposée de leur «proie» ? Ou l’enquête aurait-elle été manipulée ? Mais par qui, et dans quel but ?

  • Broché : 480 pages
  • Editeur : Gallimard (8 mars 2018)
  • Collection : Série noire
  • Langue : Français
  • ISBN-10 : 2072695007

Epiée (10 mai 2017) de Michael Robotham

Marnie Logan a souvent la sensation d’être épiée. Comme une sensation diffuse  : un souffle sur sa nuque, une ombre au coin de l’œil, et voilà que son existence se fige.
Son mari Daniel a disparu depuis plus d’un an. Toujours déprimée et désespérée, elle décide de demander l’aide du psychologue Joe O’Loughlin.
Alors que Joe s’interroge sur la répugnance de Marnie à évoquer son passé, celle-ci découvre un livre rempli de photos et de témoignages d’anciens amis, collègues et professeurs, que Daniel lui préparait pour son anniversaire. Ce cadeau était censé célébrer sa vie, mais il raconte une toute autre histoire…
Un roman qui joue avec votre esprit, un thriller psychologique qui vous emporte dans une course effrénée et palpitante, par l’un des meilleurs auteurs de suspense d’aujourd’hui.
ChroniqueUne fois de plus, Michael Robotham prouve qu’il est à son meilleur quand au moins un de ses personnages est écrit en première personne. Cette fois, nous sommes à la tête du protagoniste, que Robotham utilise pour amener le lecteur sur un chemin qui a des torsions, des virages et enfin un léger probléme.
Le mari de Marnie Logan a disparu et elle va voir Joe O’Loughlin pour la thérapie. Cela met Joe et son policier retraité, Vincent Ruiz, au milieu de l’histoire. Quelqu’un élimine ou harcèle les gens dans la vie de Marnie qui l’ont maltraitée, et la question de savoir qui fait cela conduit l’intrigue.
Au milieu du livre, un secret sur Marnie est révélé et Robotham veut que le lecteur pense que ce sera la réponse au mystère, mais les retournements commencent. Avec ses faux airs de ressemblance avec des films et d’autres auteurs, avec ce roman vous n’allez pas l’oublier pas une fois refermée. Plusieurs raisons à cela, d’abord la structure très bien construite et qui vous tient en haleine à chaque page qui en distillant des bribes de solutions qui s’avèrent parfois justes et d’autres fois qui vous mènent sur une fausse piste. Ensuite l’histoire est vraiment bien vue avec une intrigue originale qui évite les ressorts éculés des polars avec serials killer et meurtres en série. Enfin les personnages qui sortent là encore des stéréotypes habituels et chacun à ses propres zones troubles et n’est pas en tous les cas pas le héros de roman habituel. Pas d’hésitation, à lire d’urgence.
Note : 09/10
  • Broché: 420 pages
  • Editeur : JC Lattès (10 mai 2017)
  • Collection : Thrillers

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