Ce que tient ta main droite t’appartient (5 janvier 2017) de Pascal Manoukian

 » Si ce soir-là Charlotte n’était pas sortie dîner entre filles, si ce jour-là Karim n’était pas allé à la mosquée, jamais elle n’aurait déchiré sa robe, jamais il ne serait parti en Syrie. Ils promèneraient leur fille dans les allées du parc. Il lui achèterait des livres qu’elle laisserait traîner sur la table de nuit. Chaque jour elle serait plus belle. Chaque jour ils seraient plus amoureux. Ils boiraient du Sancerre au bonheur de leurs 30 ans, danseraient sur Christine and the Queens. La vie ne tient parfois qu’à un bas filé…  »
Le miracle n’arrivera pas : cette nuit-là, Karim perd tout. Son désir de vengeance va le mener jusqu’aux ruines d’Alep, au cœur de la machine à embrigader de Daech. Là où se cachent les monstres, mais aussi les centaines d’égarés qui ont fait le mauvais choix pour de mauvaises raisons. Là où il faudra lutter pour ne pas ressembler aux bourreaux.
Un voyage réaliste au pays mal connu de l’embrigadement et de toutes
les violences.

Critique : Pour ce début d’année  Pascal Manoukian nous offre un récit empli d’humanité dans lequel l’auteur glisse des regards grinçant et sec avec le regard naïf d’hommes peu habitués à nos styles de vie. Un récit sur des chemins de vie où parfois la providence est inattendue, où souvent chaque acte de solidarité aide à avancer, où l’on perd la foi mais jamais l’amitié, où le sacrifice reste le seul moyen de sauver des vies.Un sujet d’actualité qui mérite bien plus que ce petit livre, qui traite du problème ou mieux des énormes problèmes de l’embrigadement.C’est un roman dont il  est difficile de parler, tant les scènes prennent aux tripes, peuvent choquer, révolter, mais invitent aussi le lecteur à comprendre et à porter un regard différent sur ce sujet dramatiquement d’actualité. Quelques passages d’humanité et d’empathie redonnent un brin confiance en l’homme, la fin est d’une force rare .

Note : 9,5/10

  • Editeur : Don Quichotte éditions (5 janvier 2017)
  • Collection : FICTIO

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Irena Sendlerowa: Juste parmi les nations (13 octobre 2016) de Gilbert Sinoué

A partir de 1942, au péril de sa vie, Irena Sendlerowa, employée au Comité d’Aide sociale de Varsovie, réussit à faire évader près de deux mille cinq cents enfants du ghetto juif, alors gardé jour et nuit par les soldats nazis. Rusant auprès des autorités, elle les fait passer par les caves ou par les canalisations, dans des boîtes en carton, des valises, des sacs à dos, des taies d’oreiller, sous des ordures et même, une nuit, dans une boîte à outils. Irena Sendlerowa (1910-2008), résistante polonaise, a été déclarée « Juste parmi les nations » en 1965.

Critique:Remarquable récit de la lutte quotidienne, menée pendant la deuxième guerre mondiale par Irena Sendler -jeune catholique polonaise- au péril de sa vie, pour sauver les enfants juifs du ghetto de Varsovie de l’extermination à laquelle ils étaient condamnés.
Ce livre reconstitue de façon précise et détaillée les risques de son engagement, décrit le combat qu’elle a mené pour constituer un réseau de familles d »accueil catholiques fiables, montre avec finesse les interrogations et les résistances, bien compréhensibles, des familles juives contraintes d »abandonner’ leurs propres enfants -en les faisant passer pour catholiques- pour les sauver du massacre.
Fort bien écrit ; rendu plus émouvant par l’histoire d »amour entre Irena et celui qui deviendra plus tard son époux : un juif du ghetto, ce roman retrace de manière brillante la puissance des forces de vie contre celles de la mort, dans un pays ravagé par la guerre, les souffrances et les privations.

Note : 9/10

 

  • Broché: 294 pages
  • Editeur : Don Quichotte éditions (13 octobre 2016)

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