Shuggie Bain de Douglas Stuart, Chère Shuggie

Chère Shuggie

J’aurais tant de choses à te dire sur le récit de ta vie. Un tourbillon d’émotions s’empare de moi au souvenir de tout ce que tu as dû traverser. Je doute de trouver la force d’exprimer tout ce que j’ai ressenti à la lecture de ton destin tragique.

Un ciel lourd barre ton avenir et assombrit ton quotidien. Il faut dire qu’il n’était pas bon de vivre du mauvais côté de la barrière sociale en 1980 dans l’Angleterre rigide de Margaret Thatcher. Tu vas subir de plein fouet la misère, la maltraitance, l’alcoolisme, la violence, le mépris, le harcèlement et la malnutrition, le tout sans jamais te départir de ton optimisme et de ton regard d’enfant désarmant de naïveté et d’innocence.

Le récit de ton enfance est aussi celui de ta mère, Agnes, ou plutôt de sa déchéance dans le puits sans fond d’une canette de special brew. Le récit parvient à se focaliser sur l’empathie envers le sort cruel que vous réserve le destin, à toi et à ta famille, sans jamais que l’on ressente un quelconque mépris envers le personnage complexe qu’est ta mère.

J’ai été surpris je l’avoue de voir que l’on s’attardait autant sur le sort de ta génitrice, à tel point que je ne comprenais pas pourquoi le récit porte ton nom alors que l’on te voit si peu, avant de comprendre qu’il s’agit d’une chronique sociale intime et bouleversante et pas uniquement des mémoires d’un enfant de la classe ouvrière.

La description minutieuse de ton quotidien miséreux entre brimades de la part de tes camarades, violences psychologiques et lutte incessante pour conserver le peu de dignité qu’il reste à ta mère est poignante. Tu ne nous épargne rien de ce que tu as subi, et alors que l’on pensait qu’il ne pouvait plus rien t’arriver de pire, le sort s’acharne encore. Pourtant, seulement armé de ton courage et de ton abnégation, tu affrontes les démons qui la dévorent, déchiré par l’amour que tu portes à ta mère.

Voilà que j’arrive au bout du temps qu’il m’est imparti pour t’exprimer tout ce que j’ai ressenti à la lecture de ton récit Shuggie et j’ai l’impression de n’avoir qu’effleurer la surface des émotions que tu provoques en moi. Adieu Shuggie ton calvaire restera gravé dans ma mémoire.

Résumé : Glasgow, années 1980, sous le règne de fer de Margaret Thatcher. Agnes Bain rêvait d’une belle maison bien à elle, d’un jardin et d’un homme qui l’aime. A la place, son dernier mari la lâche dans un quartier délabré de la ville où règnent le chômage et la pauvreté. Pour fuir l’avenir bouché, les factures qui s’empilent, la vie quotidienne en vrac, Agnes va chercher du réconfort dans l’alcool, et, l’un après l’autre, parents, amants, grands enfants, tous les siens l’abandonnent pour se sauver eux-mêmes. Un seul s’est juré de rester, coûte que coûte, de toute la force d’âme de ses huit ans. C’est Shuggie, son dernier fils. Il lui a dit un jour : « Je t’aime, maman. Je ferai n’importe quoi pour toi ». Mais Shuggie peine d’autant plus à l’aider qu’il doit se battre sur un autre front : malgré ses efforts pour paraître normal, tout le monde a remarqué qu’il n’était pas « net ». Harcèlement, brimades, injures, rien ne lui est épargné par les brutes du voisinage. Agnes le protégerait si la bière n’avait pas le pouvoir d’effacer tous ceux qui vous entourent, même un fils adoré. Mais qu’est-ce qui pourrait décourager l’amour de Shuggie ?

Quatrième de couverture
BOOKER PRIZE 2020 – Glasgow, années 1980, sous le règne de fer de Margaret Thatcher. Agnes Bain rêvait d’une belle maison bien à elle, d’un jardin et d’un homme qui l’aime. À la place, son dernier mari la lâche dans un quartier délabré de la ville où règnent le chômage et la pauvreté. Pour fuir l’avenir bouché, les factures qui s’empilent, la vie quotidienne en vrac, Agnes va chercher du réconfort dans l’alcool, et, l’un après l’autre, parents, amants, grands enfants, tous les siens l’abandonnent pour se sauver eux-mêmes. Un seul s’est juré de rester, coûte que coûte, de toute la force d’âme de ses huit ans. C’est Shuggie, son dernier fils. Il lui a dit un jour : « Je t’aime, maman. Je ferai n’importe quoi pour toi. » Mais Shuggie peine d’autant plus à l’aider qu’il doit se battre sur un autre front : malgré ses efforts pour paraître normal, tout le monde a remarqué qu’il n’était pas « net ». Harcèlement, brimades, injures, rien ne lui est épargné par les brutes du voisinage. Agnes le protégerait si la bière n’avait pas le pouvoir d’effacer tous ceux qui vous entourent, même un fils adoré. Mais qu’est-ce qui pourrait décourager l’amour de Shuggie ? Shuggie Bain est un premier roman fracassant qui signe la naissance d’un auteur. Douglas Stuart décrit sans détour la cruauté du monde et la lumière absolue.

Éditeur ‎EDITEUR GLOBE (18 août 2021)
Langue ‎Français
Broché ‎496 pages
ISBN-10 ‎2383610003
ISBN-13 ‎978-2383610007

Terre liquide de Raphaela Edelbauer, Quand tout s’effondre

Cet ouvrage est là pour nous rappeler qu’un sujet original ne suffit pas à faire un bon livre. Il faut aussi que l’auteur trouve le ton idéal pour narrer son histoire, ce qui n’est malheureusement pas le cas ici.

La quatrième de couverture promet un récit mystérieux, avec peut-être une touche de métaphysique hors il n’en est rien. Ce primo roman oscille entre le récit onirique et la fable écologique sans jamais réellement trouver sa voie.

La narration à la première personne nous permet de partir à la découverte de ce mystérieux village en même temps que Ruth, le personnage principal, mais par la suite cette même narration empêche à ce village et ses habitants de prendre une réelle ampleur. Les errements à la limite du cauchemar éveillé de Ruth empêchent à cette bourgade de s’incarner à travers les pages du récit.

Ainsi aucune ambiance ne se dégage des pages du récit malgré les efforts de l’autrice pour donner de la consistance à son propos. Ce ne sont pas les références à Kafka, vite détournés en humour absurde, qui vont y changer grand chose. Les enjeux apparaissent brouillons et mal exposés, aucun personnage secondaire n’existe sans le regard de Ruth. 

Une déception d’autant plus grande qu’il y avait un réel potentiel. Tout est là pour livrer un récit intrigant mais l’autrice à décider de se concentrer sur le développement de son héroïne, au détriment de l’atmosphère de son ouvrage

Résumé : de voiture. Désireuse d’accomplir leur dernière volonté d’être enterrés dans leur village natal, Ruth Schwarz, jeune physicienne absorbée par le travail qu’elle mène pour rédiger sa thèse sur l’univers bloc et sous l’emprise d’amphétamines entreprend les démarches. Mais elle est bientôt confrontée à une série d’obstacles qu’on dirait surgis d’un cauchemar. Le village en question, Groß-Eiland ne figure sur aucune carte, personne ne le connaît, c’est comme s’il n’existait pas. Quand elle finit par le trouver, à force d’acharnement et aidée par le hasard, elle découvre un bourg médiéval dissimulé dans la montagne autrichienne, charmant, replié sur lui-même et d’abord hostile à l’étranger. Accueillie par un gardien de nuit médiéval et rébarbatif, puis par un marchand de masques qui lui raconte, en guise d’introduction à ce qu’elle va vivre, le mythe aborigène du « temps du rêve », l’héroïne ne tarde pas à s’apercevoir que cet univers est géré par un système féodal et dirigé par une comtesse qui dispose des pleins pouvoirs et ne reconnaît pas les lois modernes de la République. De plus, Groß-Eiland s’effondre peu à peu : les mines creusées par les habitants au fil des siècles absorbent cette bourgade, place après place, maison après maison. À la fois figé dans un passé féodal, et terriblement mouvant, bâti sur une cavité gigantesque, une mine d’argent désaffectée qui semble vivante et ne cesse d’ouvrir des fissures dans les rues, de fendre les murailles et de faire pencher les places vers son gouffre béant. Nommée conseillère auprès de la comtesse, Ruth Schwarz découvre progressivement le fonctionnement de ce village en péril, ses règles protocolaires, ses hiérarchies, sa chaleur humaine, sa solidarité… et la terrible présence d’un passé qui, ici, n’est jamais passé – notamment parce que le village a été intégralement reconstruit, après la Seconde Guerre mondiale, sur du béton coulé dans les ruines. Elle s’y installera pourtant, dans la maison de ses grands-parents, et découvrira les secrets de ce lieu que l’immense trou de la mémoire absorbe peu à peu. Mais comment arrêter la vérité quand elle sort enfin de son puits ?

Éditeur ‎EDITEUR GLOBE (27 janvier 2021)
Langue ‎Français
Broché ‎317 pages
ISBN-10 ‎2211308228
ISBN-13 ‎978-2211308229