Betty de Tiffany McDaniel

La complainte des étoiles

Une famille mixte dans une Amérique rurale, une petite fille qui rêve le monde bercé par les légendes que lui invente son père. Un récit porté par une tendre brise qui peut soudainement se transformer en tempête dévastatrice.

L’amour qui unit Betty à son père s’impose comme les piliers narratifs du récit. Chaques fois que Betty se trouvera confrontée à la bêtise ou la méchanceté, son père saura rallumer la flamme dans ses yeux.

Aussi beau soit-il dans la description de cet amour filial, le récit souffre d’une stagnation narrative qui alourdit le récit et ternit le plaisir que l’on prend à suivre Betty. Certains membres de la famille de Betty ne sont guère attachants et trop présents tout au long du récit. Sans parler d’un mystère secondaire qui est étiré tout au long du récit mais dont on devine vite la résolution.

Le dernier tiers du récit m’a réconciliée avec ma lecture. Les événements n’épargnent pas la famille Carpenter. La plume de l’autrice ne nous épargne rien des malheurs de la famille sans pour autant verser dans le mélo.

On referme le livre le cœur lourd face au destin des Carpenter mais les yeux émerveillés par la candeur féerique et la ténacité de Betty.

Résumé : Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne. » La Petite Indienne, c’est Betty Carpenter, sixième de huit enfants. Parce que sa mère est blanche et son père cherokee, sa famille vit en marge de la société. Avec ses frères et soeurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père, au coeur des paysages paisibles de l’Ohio. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty découvrira le pouvoir réparateur des mots

Éditeur ‎GALLMEISTER (3 mars 2022)
Langue ‎Français
Poche ‎704 pages
ISBN-10 ‎2351788389
ISBN-13 ‎978-2351788387

Les serpents de la frontière de James Crumley, un nid de serpents endormis


Le dernier baiser, un autre ouvrage du même auteur m’avait laissé un agréable souvenir de lecture. Au point que je l’ai relu deux fois. J’ai voulu me frotter de nouveau à l’une de ses œuvres, bien mal m’en a pris car je suis resté coincé à la douane cette fois-ci.

Au niveau du style il n’y a rien à dire, la plume est animée par une ironie désabusée qui ne s’assèche jamais, renforcée par un ton irrévérencieux et une vision cynique du rêve américain. Les portraits des différents personnages, à commencer par les deux compères Milo et Sughrue, qui émaillent le récit, sont un régal de non-conformisme et de franc parler. L’ensemble de l’ouvrage est parsemé par une gouaille irrésistible qui en fait tout le sel.

La déconvenue se situe au niveau de l’intrigue. L’auteur met trop de temps à poser ses enjeux, le tout paraît donc très décousue et surtout répétitif. On a l’impression que notre duo d’enquêteurs passe son temps à dénicher un suspect avant de passer à un autre sans que l’intrigue ne progresse. Le tout en ingurgitant le maximum d’alcool et de substances illicites sinon ce n’est pas drôle.

Les cent dernières pages secouent enfin l’inertie dans laquelle s’était enfermé l’intrigue et offre un final digne des meilleurs westerns mais trop tard pour que mon intérêt s’en trouve piqué. Je ne savais plus qui était qui ni quel était son intérêt dans ce nid de serpents qui a passé la moitié du récit à roupiller.

Je laisserai une seconde chance à cet auteur de m’enivrer avec une autre de ces histoires, en espérant cette fois-ci que l’élixir ne soit pas à charge lente.

Résumé : Cela fait des années que Milo a arrêté de boire, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne lui a pas réussi. Dépos- sédé de son héritage par un escroc, il finit par débusquer son vieux pote Sughrue au fin fond du Texas. Le plan est simple : à eux deux, ils vont mettre à profit leur expérience d’enquêteurs peu conventionnels pour retrouver l’escroc et rendre une justice exemplaire. Accessoirement, Milo entend “arrêter d’arrêter” les substances déconseillées pour la santé. Mais Sughrue a lui aussi quelque chose à demander. Toujours incontrôlable, il s’est mis à dos une bande sacrément dange- reuse, les “serpents de la frontière”. Des serpents connus pour ne pas faire de quartier. Sauf que Sughrue n’a pas le sens de la mesure, et puisque Milo est là…

Éditeur ‎GALLMEISTER; Illustrated édition (4 novembre 2021)
Langue ‎Français
Broché ‎432 pages
ISBN-10 ‎2351781376
ISBN-13 ‎978-2351781371

La comète de Claire Holroyde, raconte moi la chute

Une planète sur laquelle s’agite sept milliards d’êtres humains et une « petite » comète de huit kilomètres de diamètre. Devinez laquelle de ces boules dérivantes dans l’espace va remporter la partie ?

La comète est un roman surprenant à bien des égards. Introspectif mais assez en retrait dans l’émotion, la plume de l’autrice dégage une certaine froideur qui demande à être apprivoisé. La psychologie des personnages est finement reproduite au cours du récit mais toujours de manière clinique. On a parfois l’impression d’assister à une dissection psychologique à laquelle se livrerait l’auteur sur ces personnages. C’est précis mais ça manque d’empathie.

Il faut accepter aussi le parti pris de l’autrice de nous présenter certains personnages puis de les faire disparaitre aussitôt ou après quelques chapitres. Des personnages « météores » en quelque sorte, introduit pour mettre en avant une certaine situation, parfois insoutenable, avant de disparaitre. Il faut comprendre la volonté de l’autrice de raconter une destinée commune et non pas des destins en particulier.

Reste ces passages sur l’écroulement d’une société, sans doute les chapitres où on appréciera le plus le style clinique et en retrait de l’autrice. L’imagination suffit amplement à susciter l’effroi et à glacer le sang.

Sans doute l’un des seuls roman lus en 2021 que je serais incapable de classer dans mes bonnes ou mauvaises lectures. Typiquement le genre de lecture dans laquelle il faut se lancer pour savoir si elle va vous plaire.

Résumé : Jaillie de l’ombre du Soleil, la comète noire UD3 se dirige droit vers la Terre. Une collision semble inévitable, ce qui provoquerait l’apocalypse. Un jeune spécialiste de l’aéronautique, Ben Schwartz, est nommé à la tête d’une équipe internationale censée trouver le moyen de faire dévier la trajectoire de l’énorme bolide céleste. Réunis sur la base de Kourou en Guyane, coupés de leurs proches, des hommes et des femmes de tous horizons rivalisent d’ingéniosité pour affronter ce défi sans précédent. Mais contre toute attente, ce n’est pas l’exploit technologique qui se révèle le plus difficile ; en temps de crise, les passions humaines s’exacerbent, comme sur ce bateau brise-glace en route vers l’Arctique où un photographe baroudeur se rapproche d’une biologiste solitaire. Alors que le temps vient à manquer, chacun se montre sous son vrai jour.

Éditeur ‎GALLMEISTER (6 mai 2021)
Langue ‎Français
Broché ‎512 pages
ISBN-10 ‎2351782313
ISBN-13 ‎978-2351782316

L’île des âmes de Piergiorgio Pulixi, quand le charme n’opère qu’à moitié

Quand le charme ne fonctionne qu’à moitié.

Je n’avais pas d’attente particulière en débutant la lecture de ce polar italien. Aussi je fût le premier surpris lorsque que je me rendis compte que j’étais tombé sous le charme. Le charme de cette plume qui nous transporte en Sardaigne dans une ambiance mystique digne de Dolores Redondo. Un charme qui va nous faire découvrir une région, ses paysages, son histoire, ses habitants. Cette première partie introductive s’est découlé sous mes yeux de lecteurs hypnotisés par la plume de l’auteur. Je trouvais que pour une fois un thriller était doté d’un véritable style.

Mais ce charme s’évapore lors de la seconde partie. L’auteur délaisse la plume au profit de dialogues classiques mais sans éclat. Les événements s’enchaînent sans que l’on puisse s’impliquer réellement dans chacun d’entre eux. L’enquête manque de consistance et ne prend jamais l’ampleur que l’on soupçonne pourtant derrière les non dits et les pistes effleurées. L’intrigue secondaire sur la famille Ladu souffre d’un développement trop sommaire et erratique.

L’écriture des personnages a fini de rompre le charme. Cette pauvre Mara est victime d’une écriture bipolaire qui la décrit tantôt comme une forte tête sarcastique mais sympathique et tantôt comme une harpie agressive et antipathique. Ce qui fait que l’on ne sait jamais si le duo qu’elle forme avec Eva est complice ou à couteaux tirés.

Malgré la dissipation progressive du charme il faut reconnaître que cette île des âmes est un thriller honnête qui n’a pas su tenir toutes ses promesses mais qui offre son lot de divertissement et de dépaysement.

Résumé : Depuis plusieurs décennies, la Sardaigne est le théâtre de meurtres rituels sauvages. Enveloppés de silence, les corps de jeunes filles retrouvés sur les sites ancestraux de l’île n’ont jamais été réclamés. Lorsque les inspectrices Mara Rais et Eva Croce se trouvent mutées au département des « crimes non élucidés » de la police de Cagliari, l’ombre des disparues s’immisce dans leur quotidien. Bientôt, la découverte d’une nouvelle victime les place au centre d’une enquête qui a tout d’une malédiction. De fausses pistes en révélations, Eva et Mara sont confrontées aux pires atrocités, tandis que dans les montagnes de Barbagia, une étrange famille de paysans semble détenir la clé de l’énigme. La première enquête de Mara Rais et Eva Croce nous plonge dans les somptueux décors de la Sardaigne, au coeur de ténèbres venues du fond des âges.

Éditeur ‎GALLMEISTER (1 avril 2021)
Langue ‎Français
Broché ‎544 pages
ISBN-10 ‎2351782496
ISBN-13 ‎978-2351782491

Sukkvan Island de David Vann, démons et merveilles

Merveilles des paysages enchanteurs décrits par David Vann, l’ Alaska et sa nature sauvage, ses forêts séculaires et sa météo indomptable. Démons qui habitent l’esprit de Jim, qui l’empêche d’être en paix avec son fils Roy avec lequel il s’est retranché sur cette petite île isolée. La dépression, la rancune et une certaine haine de soi vont le hanter jusqu’au drame qui va tout faire basculer.

Un récit qui va me marquer à vie. Non pas par la plume, que j’ai trouvée un peu rêche et qui ne m’a pas pleinement convaincu, mais par l’atmosphère malsaine qui s’en dégage, et ce bien avant l’événement soudain qui tranche l’ouvrage en deux parties. La plume de l’auteur transpire le mal-être, la souffrance dissimulée et les non-dits meurtriers.

La seconde partie est un voyage au bout de l’enfer. La boîte de pandore est ouverte et tous les démons contenus dans la première partie sont relâchés. Un tunnel de folie et de souffrance. On finit la lecture à bout de souffle, fébrile et sidéré. Une lecture déstabilisante, il ne faut pas chercher à s’attacher aux personnages mais accepter d’être entraîné dans un tourbillon malsain.

Il va falloir que je me lance dans un autre de ses récits pour me faire un avis définitif sur cet auteur. Le fait est que Sukkwan Island va me rester en mémoire.

Résumé: Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. Mais la rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin. Couronné par le prix Médicis étranger en 2010, Sukkwan Island est un livre inoubliable qui nous entraîne au coeur des ténèbres de l’âme humaine.

  • Éditeur ‏ : ‎ Editions Gallmeister (2 février 2017)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 192 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2351786017
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2351786017
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 140 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 12.2 x 1.7 x 18.5 cm