Le jour où Kennedy n’est pas mort de R.J. Ellory, God blesse america

Ellory fait partie de mes auteurs favoris. Sa plume dense et mélancolique donne corps à des personnages profonds, abîmés par la vie et des récits noirs où l’âme humaine se confronte à ses propres ténèbres.

La perspective de le voir se tourner vers la dystopie avec ce thriller journalistique qui imagine que l’attentat de 1963 à Dallas n’a pas coûté sa vie à JFK avait de quoi me réjouir. Finalement l’aspect dystopique reste très secondaire dans le récit et permet surtout à l’auteur de teinter son récit d’un cynisme mordant sur les coulisses de la politique américaine.

L’intrigue connaît des débuts laborieux. En effet, en une soixantaine de pages et une dizaine de chapitres, l’auteur introduit un nombre conséquent de personnages, dont certains que nous ne reverrons pas par la suite. Puis l’enquête de Mitch commence enfin et le récit trouve son rythme de croisière.

Le personnage de Mitch Newman est, encore une fois, une grande réussite. Un homme torturé par ses actions, hanté par l’image d’un amour maudit, pétri de regrets et de remords. Le suivre tout au long de son enquête est un réel plaisir et offre les meilleurs chapitres du livre. Une enquête qui se passe d’action mais reste palpitante si l’on aime lever, petit à petit, le voile de mystère qui entoure la mort de son ex-fiancée.

À côté les passages qui s’immiscent dans les rouages pervers de la politique américaine apportent un éclairage intéressant sur le personnage de JFK pour peu que l’on ne se soit jamais penché sur l’histoire de ce monument de l’histoire américaine.

La conclusion du récit s’est révélée trop classique aux vues des promesses initiales. Une déception qui ne doit pas entacher le fait que l’auteur a, encore une fois, livré un thriller de bonne facture mais à qui il manque peut-être un soupçon d’originalité pour un faire une référence dans le domaine du thriller politique.

Résumé : C’est l’une des histoires les plus connues au monde – et l’une des plus obscures. Le 22 novembre 1963, le cortège présidentiel de John F. Kennedy traverse Dealey Plaza. Lui et son épouse Jackie saluent la foule, quand soudain…
Quand soudain, rien : le président ne mourra pas ce jour-là. En revanche, peu après, le photojournaliste Mitch Newman apprend le suicide de son ex-fiancée, Jean Boyd, dans des circonstances inexpliquées. Le souvenir de cet amour chevillé au corps, Mitch tente de comprendre ce qui s’est passé. Découvrant que Jean enquêtait sur la famille Kennedy, il s’aventure peu à peu dans un monde aussi dangereux que complexe : le cœur sombre de la politique américaine.

Éditeur ‎Sonatine (4 juin 2020)
Langue ‎Français
Broché ‎432 pages
ISBN-10 ‎2355847959
ISBN-13 ‎978-2355847950

L’arbre aux morts de Greg Iles, l’arbre qui cache le désert

Chers lecteurs je crois que l’on est face à un cas typique d’auteur dépassé par son oeuvre. Vous savez lorsqu’un auteur à un matériel de base si conséquent qu’il ne sait pas quoi en faire et se retrouve englué dans une intrigue ambitieuse mais pompeuse.

Que les choses soient claires dès le début, malgré les nombreux défauts que j’ai relevés lors de ma lecture et mon avis final mitigé, j’ai passé un bon moment de lecture. Maintenant que ça c’est dit on va passer aux choses sérieuses.

L’aspect redondant et verbeux des 400 premières pages pose déjà un sacré problème de rythme. Les cent premières pages ne sont qu’un immense résumé du tome précédent, au moins personne ne sera perdu lors de la lecture. J’ai même envie de dire que ceux qui n’ont pas lu le premier tome peuvent tenter la lecture de celui-ci, les événements précédents sont tellement ressassés et rabâché que nul ne se sentira perdu.

Ensuite on part sur une longue exposition d’une énième théorie concernant l’affaire criminelle la plus célèbre des Usa. C’est intéressant, c’est très bien expliqué, étayé mais c’est beaucoup trop détaillé et sur beaucoup trop de pages. Toute cette partie de l’intrigue est exposée avec la subtilité d’un poids lourd sur l’autoroute et enterre tout suspens car on se doute bien où veut nous emmener l’auteur.

Après cette longue exposition l’intrigue s’emballe et on assiste alors à certaines ellipses curieuses, soit l’auteur a pris la décision de passer sous silence certains faits, soit l’éditeur original a décidé de mettre la main à la pâte en forçant l’auteur à élaguer son récit. Toutefois les nombreuses explosions et autres fusillades apparaissent plus comme des péripéties assez inutiles tandis que l’intrigue fait toujours du surplace mis à part lors des chapitres consacrés à l’escapade macabre dans les marais, très réussis et captivants. Malgré tout on ne peut refermer l’épais ouvrage sans se demander s’il y a vraiment matière à en faire une trilogie aussi volumineuse.

Une chose au crédit de l’auteur il parvient à rendre complexe et terriblement humain un personnage aussi haineux que Snake Knox, un seul chapitre suffit pour faire de lui un être perclus de souffrances métamorphosés en haine dirigée vers le monde entier. D’ailleurs les passages consacrés à la terrifiante famille Knox sont une véritable respiration au milieu d’une narration pompeuse, ou plutôt une plongée en apnée dans de noires abysses. Ces personnages détestables sont une vraie réussite et attachants, d’une certaine manière. J’aimerais croisée plus souvent des personnages malsains aussi finement écris.

Mais le véritable problème que m’a posé l’ouvrage ce n’est pas son intrigue mais l’incapacité de l’auteur à dépasser son postulat de western moderne où la confrontation finale entre les héros et les criminels doit forcément se faire les armes à la main. Et ce alors même qu’il développe des personnages qui se battent inlassablement pour la vérité et la justice et que la mémoire d’un personnage décédé est entretenue tout au long de l’intrigue et notamment lors d’un émouvant éloge funèbre. Malgré le combat mené par la famille Cage pour faire la lumière sur les crimes des aigles bicéphales, l’auteur choisit toujours la voie de la facilité. En plus de rendre obsolète les idéaux de ces propres personnages cela oblige l’auteur à certaines pirouettes judiciaires qui frôlent l’incohérence. Mais la vérité et la justice n’ont pas l’air d’être la priorité de l’auteur surtout lorsque l’on voit comment les différentes forces de l’ordre sont tournées en ridicule. L’épilogue offre une ultime bourde de la part du FBI. Une facilité scénaristique à la limite de l’incohérence qui place définitivement la trilogie dans la catégorie thriller d’action bourrin. Ce qui est dommage lorsque l’on voit le potentiel de la saga.

Résumé: L’ancien procureur Penn Cage et sa fiancée, la journaliste Caitlin Masters ont failli périr sous la main du riche homme d’affaires Brody Royal et de ses Aigles bicéphales, une branche radicale du Ku Klux Klan liée à certains des hommes les plus puissants du Mississippi. Mais la véritable tête des Aigles est un homme bien plus redoutable encore : le chef du Bureau des Enquêtes Criminelles de la police d’État de Louisiane, Forrest Knox. Pour sauver son père, le Dr Tom Cage – qui fuit une accusation de meurtre et des flics corrompus bien décidés à l’abattre –, Penn devra pactiser avec ce diable de Knox ou le détruire, tandis que Caitlin lève le voile sur des meurtres non résolus datant de l’époque des droits civiques qui pourraient ne pas être sans lien avec les événements d’un certain 22 novembre 1963 à Dallas.

  • Broché : 976 pages
  • Editeur : Actes Sud (2 janvier 2019)
  • Collection : Actes Noirs
  • Langue : Français
  • ISBN-10 : 2330118090