Du sang dans la sciure de Joe R. Lansdale, Calamity Jane version burlesque

Lansdale n’est pas un écrivain, c’est un peintre. De sa plume imagée, il va dépeindre une région, une époque, en l’occurrence le Texas des années 30 frappé par la grande dépression, le tout avec une énergie et un réalisme saisissant.

Ce nouveau tableau invoque des images  qui prennent immédiatement vie dans l’imagination du lecteur, les immenses tempêtes de poussières (ou dust bowl en V.O.), ou encore les hobos, vagabonds victimes des vicissitudes du rêve américain. Grâce à sa palette d’écriture riche et pétillante l’auteur rend hommage à cet Amérique disparue à la manière de la photographe Dorothea Lange, sans misérabilisme ni apitoiement. Juste en peignant la dure réalité d’une époque féroce.

Ces portraits de personnages sont encore une fois une grande réussite. Parfois à la limite du cliché, comme le terrifiant Two qui fait office de croque-mitaine, ou du grotesque, comme ce fielleux McBride qui règne sur son monde avec perruque et tablier à fanfreluches. Pourtant grâce à un ton qui oscille entre le western spaghetti et le comique de boulevard le tout reste juste et crédible.

Alors d’où vient ce sentiment de déception ? Tout simplement mon incapacité à accepter certains comportements et mentalités de personnages même après avoir compris que le ton se voulait burlesque.

Certaines décisions m’ont paru invraisemblables, à commencer par le pitch de départ qui voit notre héroïne, la flamboyante Sunset, devenir constable alors qu’elle vient d’assassiner son mari, l’ancien constable. Puis un autre personnage féminin prend une décision radicale qui m’a paru incohérente avec la mentalité et les mœurs de l’époque. La volonté de dépeindre une Amérique rurale féministe est louable mais manque de réalisme par rapport au reste du tableau.

Comme souvent avec l’auteur l’intrigue manque d’ampleur mais se conclut dans un règlement de compte infernal et réserve un ultime twist final doux amer qui achève de livrer une toile aux couches multiples, tantôt brûlot féministe burlesque, tantôt western et tantôt chronique historique. Un tableau qui imprègne la rétine quoiqu’il en soit.

Résumé : Dans les années 1930, en pleine dépression, une petite ville texane aux rues pleines de boue sur grâce à une scierie qui domine tout. Les bagarres y sont aussi fréquentes que les disparitions. On y meurt d’un coup de feu, sous le tranchant d’une bêche ou broyé par une grume. C’est dans ce monde brutal que Sunset, femme de toute beauté une énième fois violée par son shérif de mari, abat ce dernier d’une balle dans la tête. La notion même de violence conjugale n’existe pas. Aussi l’étonnement est-il à son comble lorsque la jeune femme est acquittée et se voit en plus confier le poste laissé vacant par la mort de son époux. La découverte du cadavre d’une femme enceinte l’oblige immédiatement à faire ses preuves. De simple menace pour ne pas être restée à sa place elle devient une cible; une femme partie, à tort croit- on, à la recherche de son indépendance…

Éditeur‎Folio (21 janvier 2010) Langue‎Français Broché‎496 pages. ISBN-10‎2070395898 ISBN-13‎978-2070395897

Rusty puppy de Joe R. Lansdale, osez monter sur le ring

Si vous êtes amateurs de la langue anglaise vous savez que rusty puppy se traduit par chiot rouillé. Quel titre étrange pour un polar mettant en scène deux détectives privés dans un texas qui étouffe sous la poussière et les tensions raciales. Un titre qui interpelle et qui finira par avoir une explication et croyez-moi les seuls chiots dont vous allez entendre parler dans ce récit sont purement fictifs car seules les molosses les plus hargneux parcours les rues de Camp rapture.

ROUND D’OBSERVATION

Les intrigues de Lansdale ne sont pas d’une surprise renversante, on peut même dire que dans cette dernière enquête de Collins et Hap en date l’intrigue est un peu cousue de fil blanc. Elle se laisse suivre avec plaisir mais elle ne va pas vous retourner le cerveau et vous faire confondre le nord et le sud.

L’atmosphère n’est pas non plus la plus étudiée que j’ai eu l’occasion de goûter. La faute est un manque d’approfondissements dans le background de la ville et du texas en général. La ségrégation et les tensions raciales sont bien présentes mais le contexte n’est pas détaillé, ça manque de corps. Et oui vous avez bien lu j’ai parlé de ségrégation, si elle n’est plus institutionnalisée à travers un ensemble de lois immondes elle est pourtant toujours présente dans les faits. C’est toujours étrange pour un Français comme moi qui a l’habitude d’une certaine mixité sociale mais le quadrillage des quartiers selon la couleur de peau est une réalité aux U.S.A, il suffit de voir le chapitre relatant l’arrivée de Hap dans la cité ghetto de camp rapture pour se rendre compte comment cette séparation des quartiers et des races est culturelle dans ce pays. C’est peut-être juste un détail mais moi ça me sidère.

QUE LE COMBAT COMMENCE

Pour en revenir à nos molosses si l’intrigue n’est pas la plus surprenante ni l’atmosphère la plus dense, qu’est-ce qui fait la force de ce récit ? Deux choses, les personnages et les dialogues. Les personnages principaux sont immédiatement attachants, leur duo fonctionne à merveille et les voir échanger punchlines après punchlines est un délice. Les dialogues sont de pures morceaux de bravoure me faisant parfois penser aux dialogues qu’affectionne Quentin Tarantino dans ses films, en plus concis évidemment.

Des dialogues qui s’apparentent à match de boxe où toutes les règles sont abolies. Toute l’intrigue est construite de cette manière, uppercut, contre, direct du droit, l’auteur ne vous laissera pas souffler avant la dernière page et un final à la hauteur de son talent de boxeur narratif.

Les pages de ce polar sont un ring dans lequel l’auteur n’a pas fini nous faire danser. Voilà pourquoi Joe R. Lansdale est un grand nom du polar malgré ce que ces intrigues pourraient nous laisser penser de prime abord.

Résumé: Hap Collins, plouc autoproclamé, et Leonard Pine, noir, gay et républicain vétéran du Vietnam, ne sont pas les plus malins des détectives. Et ils ont une fâcheuse tendance à se mettre dans l’embarras.
Quand les deux compères se penchent sur le cas d’un jeune Noir assassiné par la police, ils mettent le doigt dans un engrenage qui les mènera jusqu’à un réseau de combats clandestins. Au cours de leur enquête, Hap et Leonard se retrouveront confrontés à des flics corrompus, des tueurs à gages sans scrupule et même à une vampire naine assoiffée de vengeance (à moins qu’il s’agisse simplement d’une gamine au caractère exécrable).
Ce n’est pas la première fois qu’ils subissent menaces, intimidations et agressions, mais que faire quand vos ennemis sont les représentants de la loi en personne ?

304 pages, 155 x 225 mm

ISBN : 9782207139592 / Gencode : 9782207139592
Code distributeur : B26825

Catégorie > Sous-catégorie : Policiers > Romans noirs

Pays : États-unis

Collection Sueurs Froides
Parution : 24-10-2019