Tant qu’il y aura des cèdres de Pierre Jarawan, Papaoutai

Un premier roman ambitieux. Une quête des origines sur fond de tensions politiques, un personnage principal en perte de repères. Le tout forme un récit très agréable à lire mais avec des petits défauts.

Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une première œuvre. J’ai donc pardonné à l’auteur sa plume timide et sa narration un peu scolaire. Le style est très agréable à lire mais on sent que l’auteur n’a pas encore montré tout ce qu’il pouvait faire. Il a également tendance à étaler des éléments historiques concernant le Liban sans qu’il y est forcément de rapport avec l’intrigue, donnant un côté dissertation très appliqué à l’ensemble.

Le portrait du personnage principal sauve le récit de ces petites imperfections. Passé une première partie tout en douceur et nostalgie, survient le temps troublé qui fait suite à cette disparition paternelle inexpliquée dans une seconde partie à double temporalité.

Suivre l’évolution psychologique de Samir entre son adolescence colérique et rageuse et le jeune adulte en quête de réponse mais qui cherche aussi à se pardonner à lui-même était très agréable à la lecture. J’aurais aimé que l’auteur insiste sur le dépaysement d’un immigré de retour dans son pays d’origine mais le récit est déjà suffisamment dense comme ceci.

Malheureusement la troisième et dernière partie vient gâcher l’appréciation générale. Le rythme s’emballe, l’intrigue prend un tournant que j’ai jugé dispensable et pas assez approfondie. Les réponses tant attendues surviennent de manière précipitée et le final paraît confus et insatisfaisant.

Malgré cette conclusion en demi-teinte, Tant qu’il y aura des cèdres reste une lecture agréable avec un excellent portrait d’un jeune homme en perte de repères.  

Résumé : Après avoir fui le Liban, les parents de Samir se réfugient en Allemagne où ils fondent un foyer soudé autour de la personnalité solaire de Brahim, le père. Des années plus tard, ce dernier disparaît sans explications, pulvérisant leur bonheur. Samir a huit ans et cet abandon ouvre un gouffre qu’il ne parvient plus à refermer. Pour sortir de l’impasse, il n’a d’autre choix que de se lancer sur la piste du fantôme et se rend à Beyrouth, berceau des contes de son enfance, afin d’y dénicher les indices disséminés à l’ombre des cèdres.
Voyage initiatique palpitant, Tant qu’il y aura des cèdres révèle la beauté d’un pays qu’aucune cicatrice ne peut altérer. À travers cette quête éperdue de vérité se dessine le portrait d’une famille d’exilés déchirée entre secret et remords, fête et nostalgie.

Éditeur ‎Le Livre de Poche (10 mars 2021)
Langue ‎Français
Poche ‎576 pages
ISBN-10 ‎2253077755
ISBN-13 ‎978-2253077756

Fils-des-brumes tome 2 le puits de l’ascension, La subtilité et la lourdeur sont dans un bateau…la subtilité tombe à l’eau

Le livre de poche a réussi à enlaidir encore plus la couverture originale

Dieu que c’était long. On ne va pas se mentir ce volume deux de la saga de Brandon Sanderson tire en longueur. Plus de 1000 pages pour une histoire qui souffre d’immobilisme. Détaillons tout cela ensemble.

Commençons par les aspects positifs du récit. Sanderson maîtrise à merveille la narration de ses scènes d’action. On a l’impression qu’une caméra suit Vin durant ses voltiges au-dessus des toits de Luthadel. Les pouvoirs de l’allomancie permettent des actions fantastiques et la plume dynamique de l’auteur retranscrit ses scènes avec une vitalité digne des meilleurs films d’action. Le livre s’ouvre d’ailleurs sur un affrontement mémorable entre Vin et huit adversaires. Malheureusement cette scène d’ouverture sera aussi la meilleure de tout le récit.

Au niveau de l’intrigue ce n’est pas le même son de cloche. Stagnation est le mot qui représente le mieux ce second volume. En entamant la lecture je m’attendais à certaines longueurs, difficile d’y échapper sur un ouvrage aussi épais, mais pas à ce que l’auteur fasse autant traîner en longueur son intrigue. Parvenu à la seconde moitié du récit je me suis amusé à faire le bilan des différentes intrigues exposées en début d’ouvrages. Le siège de Luthadel ? Toujours en cours et les différentes forces en présence se regardent en chien de faïence sans qu’il ne se passe grand chose. La recherche des réserves d’atium ? Tout le monde s’en inquiète mais personne n’a le moindre début de piste. Le fameux puits de l’ascension dont il est question dans le titre? Deux érudits pencheront sur la question au cours de chapitre d’un ennui abyssal jusqu’à ce que Vin se décide à explorer le lieu qui paraît le plus évident. La menace nébuleuse qui promet d’être encore plus redoutable que les dangers déjà présents ? Et bien elle restera toujours aussi nébuleuse une fois parvenu, laborieusement, à la conclusion de ce tome qui ne m’a guère convaincu. Le personnage de Vin incarne à mon sens cette stagnation. Toujours plus puissante, toujours plus redoutable, mais niveau développement du personnage c’est le néant absolu. Vin achèvera l’ouvrage de la même manière qu’elle a débuté, surpuissante et amoureuse d’Elend.

Et si ce surplace narratif était au moins l’occasion pour Sanderson de développer des intrigues politiques subtiles et la psychologie de ses personnages cela aurait le mérite de consolider son univers. Mais il n’en est rien. Les intrigues politiques tournent essentiellement autour d’Elend et de la toute jeune république qu’il est parvenu à mettre en place en un an à peine. L’auteur met en place des complots, des tentatives d’assassinat et même un coup d’État pour au final que tout se résolve à l’aide de l’allomancie et d’une très grosse épée. C’était bien la peine de tenter d’être subtil pendant près 800 pages pour conclure tout ceci a la manière de Gemmel.

L’auteur s’est-il rendu compte de tout le potentiel gâché de son histoire à mesure qu’il amène une conclusion bourrine qui va à l’encontre de tout ce qu’il a pu développer durant les deux premiers tiers de son récit ? Le fait est que ses personnages n’en sortent pas grandi. Les nouveaux personnages introduits dans ce second opus sont les victimes collatérales de cette intrigue maladroite. Zane avait un potentiel certain dans le rôle de l’observateur ténébreux qui a toujours l’air d’en savoir plus que les autres mais il se révélera creux et ne servira qu’à ébranler, de manière superficielle, les convictions de Vin. Le personnage de Tindwyl apporte une fraîcheur bienvenue avec son franc-parler et son intransigeance, mais se retrouve mis de côté une fois que l’auteur saborde tout un pan de son intrigue. J’éviterais d’aborder le cas de Straff et de Cett qui ne servent qu’à faire du remplissage.

La principale victime se révèle être Elend. Ce tome sera l’occasion d’assister à la naissance d’un monarque. L’érudition et la diplomatie de ce jeune dirigeant sont les qualités, et aussi les armes, mises en avant durant les trois quarts du récit, donnant lieu à des passes d’armes qui manquent un peu de sel, la platitude des dialogues est aussi un des défauts de l’oeuvre, mais qui ont le mérite d’inscrire le personnage dans une ambiance de complots et de jeux politiques rarement vus dans le domaine de la Fantasy. Pourtant malgré tout le développement subtil accordé à ce personnage l’auteur va décider de l’écarter, littéralement, de la conclusion alors même qu’il s’agit de sa véritable prise de pouvoir du personnage qui, pour le coup, manque cruellement de panache et va à l’encontre des principes défendus par Elend. À la toute dernière page du livre Elend a gagner un statut qui le rend puissant sur le papier mais faible en matière de psychologie et de développement du personnage.

Ce tome donne la désagréable impression que l’auteur a suivi une voie durant une grande partie de son récit avant d’opérer une volte-face narrative expéditive qui sacrifie la subtilité au nom de l’action explosive. Une fracture d’autant plus dure à digérer qu’elle justifie mal l’épaisseur du récit et qui donne à l’ensemble de ce second volume une impression d’intrigue bâclée.

Résumé: En mettant fin au règne brutal et millénaire du tyran, ils ont réalisé l’impossible.
À présent, Vin la gamine des rues devenue Fille-des-Brumes, et Elend Venture, le jeune noble idéaliste, doivent construire un nouveau gouvernement sur les cendres de l’Empire. Mais trois armées menées par des factions hostiles, dont celle des monstrueux koloss, font le siège de Luthadel. Alors que l’étau se resserre, une légende évoquant le mystérieux Puits de l’Ascension leur offre une lueur d’espoir.
Et si tuer le Seigneur Maître avait été la partie la plus facile ?

  • Éditeur : Orbit (13 octobre 2010)
  • Langue : : Français
  • Taille du fichier : 4049 KB
  • Synthèse vocale : Activée
  • Composition améliorée : Activé