Viper’s dream de Jake Lamar, trente ans d’histoire sanglante.

Dans les volutes de fumée et les vapeurs d’alcool…

L’histoire du jeune Clyde Morton ne se murmure qu’à l’heure la plus sombre de la nuit. Alors même que les clients les plus fidèles ont quitté la salle et qu’il ne reste que les égarés aux yeux troubles, que la fumée des cigarettes s’évapore et que les verres sont depuis longtemps asséchés de leur providence liquoreuse.

C’est une histoire qui s’est écrite cent fois.
Une histoire de rêves brisés, d’opportunités dorées qui pavent le chemin vers l’enfer. C’est aussi l’histoire d’un brasier passionné qui ne sait s’éteindre.

Les confessions qu’il a laissées derrière lui laissent entrevoir une époque révolue, un pan d’histoire condensée en 200 pages à peine, une porte ouverte vers un passé où tout était plus simple et plus compliqué. Son regard reconstruit les briques des immeubles détruits d’Harlem, ses mots portent en eux toute la ferveur et la rage d’une population grisée par les notes de saxophone et par la poussière d’ange. C’est tout un pan d’histoire qui renaît.

Trois décennies s’écoulent sous les yeux des chanceux qui entendront l’histoire de Clyde. Trente ans hantés par les fantômes d’anciens alliés aux rictus exsangues, de génies musicaux aux regards extatiques, de silhouettes féminines à la voix suave.
Une histoire d’Harlem, une histoire de drogue et de musique. Une histoire sur la nature humaine en quelque sorte.

Résumé : Des années 30 à la fin des années 50, Clyde « Viper » Morton règne sur Harlem au rythme du jazz et dans la fumée des joints de marijuana. Mais dure sera la chute.. Clyde Morton croit en son destin : il sera un grand trompettiste de jazz. Mais lorsqu’il quitte son Alabama natal pour auditionner dans un club de Harlem, on lui fait comprendre qu’il vaut mieux oublier son rêve. L’oublier dans les fumées de la marijuana… qui lui ouvre des horizons. La « viper », comme elle est surnommée à Harlem, se répand à toute vitesse et Clyde sera son messager. Il est bientôt un caïd craint et respecté, un personnage. Jusqu’au jour où arrive la poudre blanche qui tue. Et qui oblige à tuer.

Éditeur‎EDITIONS PAYOT & RIVAGES (15 septembre 2021). Langue‎Français Broché‎240 pages ISBN-10‎2743653663

Sang chaud de Kim Un-su, conte du banditisme ordinaire

Des histoires de mafieux qui rêvent d’un ciel plus bleu où ils seraient les seuls maîtres du jeu, baignants dans l’argent facile et la luxure, on en a eu un sacré paquet ces dernières années. Au cinéma évidemment avec le légendaire Scarface avec Al Pacino, mais chaque médium a su raconter ses histoires de luttes de pouvoir sanguinaires qui nous fascinent d’autant plus que c’est un monde qui nous est étranger. Aujourd’hui c’est au tour de la Corée du Sud de nous faire partager le parcours d’un voyou de jours meilleurs.

Un voyou, nommé Huisu, qui n’est pas la vitrine de vente idéale pour cette vie de mafieu particulière. Jugez plutôt, à l’aube de la quarantaine son seul logement est une chambre d’hôtel meublé de manière spartiate, il n’a pas de compagne, pas d’enfants, avale des litres d’alcool et accumule les dettes de jeux comme s’il cherchait le meilleur moyen de finir en nourriture pour les oiseaux de l’île de la châtaigne, l’endroit où son clan se débarrasse des gêneurs. Les premières chapitres du roman nous plongent dans la psyché d’un homme sombre et dépressif mais qui se révèle attachant de par son cynisme, sa lucidité sur le milieu dans lequel il évolue et son romantisme désespéré.

Et encore heureux me direz-vous car Huisu est de toutes les pages, de tous les chapitres. Il nous accompagne durant toute cette découverte de la mafia sud-coréenne. Son histoire d’amour maudite avec l’ancienne prostituée Insuk est touchante. Un mélange de fierté et d’amour-propre les empêchent tous deux de profiter de leurs sentiments réciproque. La description tout en pudeur de leur relation est une grande force de l’ouvrage.

Tel un guide touristique quelque peu désabusé, Huisu nous fait découvrir un milieu criminel où règne une apparence de sérénité, où les caïds sont de vénérables vieillards qui avalent leur bouillon de poule quotidien et pratiquent le golf mais ne vous y tromper pas derrière le paravent d’honorabilités derrière lequel il se cache, les luttes de pouvoir s’intensifient et la tempête gronde. L’auteur a réussi son portrait de cette mafia ronrronante, qui préfère la contrebande de piments aux trafics de drogue. Les cent premières pages permettent de faire connaissance avec un milieu exotique, les règles ne changent pas tellement et toute la question est d’engranger le maximum de wons, la monnaie locale, mais l’auteur enrobe cela dans une ambiance côtonneuse dans laquelle survient parfois quelques passages plus glauques afin de nous rappeler dans quel genre d’histoire on se situe.

Cette première partie qui nous plante plutôt bien le décor de manière certes langoureuse mais charmante est suivi par une deuxième partie que j’ai trouvée moins convaincante. L’auteur a du mal à amener les enjeux de son intrigue ce qui fait que cette lutte de pouvoir pour le quartier de Guam paraît brouillonne, la profusion d’intrigants qui souhaitent leur part du gâteau entraîne une certaine confusion, on n’a parfois du mal à savoir qui fait quoi, qui trahit qui. Une chose de certaine finis la fausse camaraderie et l’ambiance cordiale de la première partie, place aux règlements de comptes, aux exécutions à la machette et aux festins sanglants. Cette seconde partie, au rythme plus soutenu, souffre de la comparaison avec une première partie, plus calme, mais qui parvenait à introduire ses protagonistes de manière plus solide. On peut dire que j’ai préféré l’annonce de l’ouragan à l’ouragan lui-même.

Sang chaud a le défaut de ces qualités. Il offre une plongée délicieuse dans la mafia sud-coréenne doublé d’un portrait convaincant d’un mafieux en mal de reconnaissance mais il ne parvient pas à transformer son récit du banditisme ordinaire en chroniques guerrières et sanglantes convaincantes. La faute sans doute à un rythme bancal, trop étiré dans sa première partie et trop resserré dans la seconde. Un ouvrage tout de même plaisant à lire et qui a le mérite de vous faire voyager dans un pays lointain.

Résumé: Huisu, homme de main pour la mafia de Busan, atteint la quarantaine avec pas mal de questions. Jusque-là, il n’a vécu que pour les coups tordus, la prison, les exécutions, tout ça pour se retrouver dans une chambre minable, seul, avec pour horizon des nuits passées à dilapider son argent au casino. Il est temps de premdre certaines résolutions.

Avec un solide couteau de cuisine dans son poing serré.

  • Éditeur : Matin calme (9 janvier 2020)
  • Langue : Français
  • Broché : 469 pages
  • ISBN-10 : 2491290006
  • ISBN-13 : 978-2491290009
  • Poids de l’article : 580 g
  • Dimensions : 15.7 x 3.4 x 22.6 cm

Ozark la perle noire de Netflix

Ozark est une série qui, bizarrement, ne fais pas tellement parler d’elle. Elle ne suscite pas le même engouement que la casa de papel et n’est pas vraiment mise en avant par la plateforme. Pourtant cela fait maintenant trois saisons que la série de Bill Dubuque et Mark Williams répand sa noirceur dans les eaux calmes des lacs des Monts Ozark.

Souvent comparée à breaking bad, la série a su pourtant imprimer sa marque et si elle traite de thèmes communs elle s’en éloigne dans sa manière de les exposer. Techniquement aussi les showrunners ont pris le contrepied de leur modèle. Breaking bad baignait dans la chaude lumière du Nouveau-Mexique ? Pour Ozark ce sera une ambiance bleu gris et un paysage dominé par la nature.

Là où breaking bad mettait l’accent sur la métamorphose progressive d’un personnage principal, à savoir Walter White, Ozark embarque toute une famille dans une lente descente aux enfers. Si Marty Byrde, brillamment interprété par Jason Bateman, occupe le rôle titre, la série met en avant beaucoup d’autres personnages, à commencer par sa femme wendy, dont le rôle est tenu par la merveilleuse Laura Linney, qui va se révéler au fil des épisodes aussi impitoyable que déterminée. Le reste du casting est à l’avenant de ces têtes d’affiche et offre de beaux jeux d’acteurs.

Tout va bien on te dit papa va tout régler

Avec des épisodes qui atteignent souvent les soixante minutes on pourrait se méprendre et croire que les scénaristes usent de remplissage pour l’écriture mais il n’en ait rien. Le scénario de la série est dense et complexe et mérite d’être exposé clairement pour ne pas perdre le spectateur. De plus la psychologie des personnages est un moteur essentiel à la qualité de la série. La durée des épisodes et le rythme de ceux-ci sont donc justifiés lorsqu’on prend en compte la finesse de l’écriture.

Cette troisième saison a l’avantage de ne pas avoir à poser les enjeux et peut entrer directement dans le vif du sujet. La famille Byrde joue toujours un jeu aussi serré, entre cartels de drogue, enquête du FBI et voisins haineux. Les relations entre les différents personnages atteignent leur paroxysme alors que l’étau se resserre petit à petit autour de Marty Byrde et de ses proches.

Elle ne parvient pas cependant à éviter quelques écueils, notamment avec l’arrivée inopinée du frère de Wendy, Ben, interprété par Tom Pelphrey. Si ce dernier, avec ses faux airs de Keanu Reeves, offre une composition saisissante et permet de mettre en lumière une pathologie méconnue, à savoir la bipolarité, son écriture souffre d’une précipitation inédite dans une série qui prend d’habitude son temps pour poser ses intrigues. Son role central aura des répercussions irrémédiables sur le destin de plusieurs personnages mais ses relations avec certains d’entre eux et surtout leur intensité soudaine paraît artificiel et semblent avoir été écrit pour faire apparaître encore plus de tensions dans le clan Byrde.

Appelle moi encore une fois John Wick et je vais me fâcher très très fort

Ozark est une série qui parle des pièges que l’on se tend à soi-même et qui ont des conséquences irréversibles sur les gens que l’on aime. Le thème de l’aveuglement et de la fuite en avant y sont aussi débattus. Ozark est un collet posé sur un lapin qui n’a pas encore senti le piège se refermer sur lui. C’est, à ce jour, l’une des perles de Netflix à visionner de toute urgence.

C’est moi ou ça commence à craindre sévère ?

Depuis 2017 / 52min / Drame, Thriller
Nationalité U.S.A.

La balance: Grandeur et décadence d’un gangster de Jimmy Breslin | 12 février 2020

Père, homme d’affaires, escroc, voleur : Burton Kaplan est tout sauf un mouchard. En neuf ans d’emprisonnement, il n’a jamais craqué. Mais lorsque le procès des deux flics corrompus lors duquel il est appelé à comparaître débute, coup de théâtre : Kaplan sort du silence et déballe tout sur ses activités au sein de la mafia newyorkaise, façon Les Affranchis.
Dans ce récit passionnant, le grand journaliste Jimmy Breslin, l’un des pères du Nouveau journalisme, retrace la vie, les affaires et le témoignage de Burton Kaplan, dont l’histoire est aussi celle de l’escalade puis du déclin de la mafia aux États-Unis au cours du xx e siècle.

Chronique : L’image iconique du gangster tel que l’on se l’imagine, costume sur-mesure et verre de whisky à la main, est ancré dans la culture populaire. Des acteurs tels que Robert De Niro ont gravé dans la rétine des spectateurs cette image d’un gangster puissant et élégant. Cet ouvrage posthume du journaliste Jimmy Breslin remet quelque peu les pendules à l’heure.

L’auteur a consacré sa vie à enquêter sur les divers clans mafieux, ce qui n’a pas été sans heurts. Sa vie a été menacé à de nombreuses reprises et il a même été agressé sauvagement dans un bar. Son récit prend la forme d’un long interrogatoire d’un collaborateur historique de la mafia New-yorkaise lors du procès de deux flics ripoux doublé d’un témoignage du journaliste sur les décennies de règne des plus grandes familles mafieuses.

Le récit est âpre. Cela est dû au fait qu’il n’y a ni narration ni caractérisation des personnages. Cela donne un ouvrage difficile d’accès. L’immersion n’est pas aisée mais la lecture vaut pourtant le détour.

C’est une tout autre représentation de la mafia et de ses membres qui nous est donné à lire. Le gangster flamboyant et tout puissant dont le cliché est véhiculé par la culture populaire a fait long feu. Le récit nous démontre que ces hommes, bien qu’adeptes de la violence et des exécutions sommaires, étaient avant tout des hommes avec les mêmes problèmes que le commun des mortels. C’est-à-dire concurrence déloyale, en l’occurrence le gouvernement, la maladie et la vieillesse.

Le livre aurait pu avoir comme sous-titre « chant du cygne de la cosa nostra » vu à quel point l’accent est mis sur la déchéance de ces familles qui ont régné comme des rois pendant des décennies sur la ville de New-York. Un royaume grignoté petit à petit par les nouvelles lois anti-crime organisé et la multiplication des indicateurs.

Un témoignage troublant sur lequel tous ceux qui s’intéressent à la mafia devraient jeter un œil.

Note : 7 /10

Éditeur HarperCollins
Date de publication 12 février 2020
Langue Français
Longueur du livre 288
ISBN-13 979-1033904748

Critique Irishman de Martin Scorsese avec Robert De Niro, Al Pacino, Joe Pesci, Ray Romano, Bobby Cannavale, Harvey Keitel, Jesse Plemons, Anna Paquin sur Netflix

Nouvelle critique où je donne mon avis critique sur le film Irishman de Martin Scorsese avec Robert De Niro, Al Pacino, Joe Pesci, Ray Romano, Bobby Cannavale, Harvey Keitel, Jesse Plemons, Anna Paquin
Propriétaire : Netflix

https://www.youtube.com/watch?v=8Fp4f4D4g_M&feature=youtu.be