Le destin funeste de Michael Rockefeller de Carl Hoffman

21 novembre 1961. Michael C. Rockefeller, vingt-trois ans, jeune héritier de la célèbre et richissime famille Rockefeller, disparaît lors d une expédition en Nouvelle-Guinée néerlandaise. Le jeune homme avait pour mission d acheter des oeuvres d art tribales de l ethnie Asmat destinées aux collections du musée d Art primitif que son père, Nelson Rockefeller, gouverneur de New York, avait fondé en 1957. Alors que des millions de dollars sont investis dans la recherche de sa dépouille (à ce jour jamais retrouvée), une rumeur se répand : Michael Rockefeller aurait été tué puis dévoré par les villageois d Otsjanep, qui se seraient partagé son corps…Fasciné par cette histoire mêlant l une des familles les plus influentes du monde à une tribu dite primitive, Carl Hoffman signe un incroyable roman à énigme. Il étaye l hypothèse d un clash des civilisations qui aurait eu pour conséquence la mort d un rejeton parmi les plus puissants de la société occidentale

Critique : L’auteur a fait un travail formidable de recherche pour tenter de découvrir la vérité autour de la disparition et la mort de Michael Rockefeller en 1961 sur la Nouvelle-Guinée. Rockefeller, petit-fils de John D. et fils du gouverneur puis NY Nelson Rockefeller, étudiait la tribu Asmat native et leur art «primitif» en Nouvelle-Guinée. Tout en voyageant sur un catamaran avec un collègue néerlandais et deux guides indigènes, le bateau a chaviré dans l’eau rugueuse 10-15 miles du rivage. Les deux guides renflouées et tandis que son collègue néerlandais est resté sur une épave. Une recherche intense a suivi avec les autorités coloniales hollandaises, l’Australie et les États-Unis. En fin de compte la cause officielle de la mort a été jugé une noyade, mais des questions persistent. La Nouvelle-Guinée avait une partie du territoire des plus éloignés dans le monde, de nombreuses tribus autochtones avaient peu ou pas de contact avec quoi que ce soit moderne et certaines tribus pratiqué l’headhunting» ou autrement dit étaient cannibales. Est-ce que Michael c’est vraiment se noyer? A-il été mangé par un requin? ou a-t-il été mangé par une tribu indigène?

Hoffman a découvert de nombreuses sources primaires jamais vues ou examiné par la famille Rockefeller. l’auteur y a passé beaucoup de temps avec les tribus locales et conservées et avec les missionnaires néerlandais qui étaient présents lorsque Michael a disparu. Dans l’ensemble, la persistance et la volonté de l’auteur de se plonger sur une piste, où qu’elle conduira seront fournie et suffisamment concluante à cette histoire, sans parler des sources qu’il a à sa disposition.

Un très bon livre avec de belles recherches et une vraie volonté de découvrir la vérité sur ce qu’il sait réellement passer.

 

Note : 9/10

  • Roman: 280 pages
  • Editeur : GLOBE (13 avril 2016)

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De force de Karine Giebel

Elle ne m’aimait pas. Pourtant, je suis là aujourd’hui. Debout face au cercueil premier prix sur lequel j’ai posé une couronne de fleurs commandée sur internet. Car moi, j’ai voulu l’aimer. De toutes mes forces. De force. Mais on n’aime pas ainsi. Que m’a-t-elle donné ? Un prénom, un toit et deux repas par jour. Je ne garderai rien, c’est décidé. A part le livret de famille qui me rappelle que j’ai vu le jour un 15 mai. De mère indigne. Et de père inconnu. Lorsque j’arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite à tourner la poignée. Je respire longuement avant d’entrer. En allumant la lumière, je reste bouche bée. Pièce vide, tout a disparu. Il ne reste qu’un tabouret au centre de la pièce. J’essuie mes larmes, je m’approche. Sur le tabouret, une enveloppe. Sur l’enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales. Deux feuilles. Ecrites il y a trois mois. Son testament, ses dernières volontés. Je voulais savoir. Maintenant, je sais. Et ma douleur n’a plus aucune limite. La haine. Voilà l’héritage qu’elle me laisse.

Critique : Karine Giébel fait partie des gros auteurs au sein du thriller français. De force est un roman bute et psychologique qui entraine le lecteur dans un torrent de haine au sein d’une histoire familiale.
Le début commence avec une mort  où l’auteur va sonder implacablement la vie d’un homme qui découvre que la réalité peut toujours être pire que ce qu’on imaginait. Le dévoilement progressif des origines d’une souffrance née d’une enfance malheureuse va déclencher une succession de conséquences sanglantes où le désespoir semble être le seul à pouvoir gagner toutes les batailles.
Giébel reconstitue une tragédie grecque à partir d’un acte qui résonne comme une insulte aux Dieux et déclenche irrémédiablement leur colère. À partir de là chaque circonstance est un pas de plus vers l’irrémédiable. C’est sans doute cette dimension inexorable qui fait la force de ce thriller où chacun doit payer sa dette même les innocents. La haine est un puits auquel on peut ne jamais toucher le fond. C’est ce que démontre ce roman qui ne laisse guère de place à la pitié ou peut être simplement quand tout est fini . Karine Giebel réussit une fois de plus à faire vivre de façon angoissante et palpitante un univers clos dans lequel se meuvent des personnages dissemblables mais qui ont tous en commun de traîner secrets et souffrances. Quels liens unissent ces personnages ? Quel danger plane sur eux ? Qu’est-ce qui les rapproche ? Qu’est-ce qui les oppose ? Les différents protagonistes de ce drame sont en permanence sur le fil du rasoir. Qui est avec qui ? Qui est contre qui ? La vérité ne surviendra que dans les dernières pages au terme d’innombrables péripéties et d’un suspense savamment construit comme Karine Giebel sait si bien le faire. Le dénouement ne faillit pas à la règle.

Note :9/10

 

  • Broché: 528 pages
  • Editeur : Belfond (3 mars 2016)
  • Langue : Français

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