Tepuy de François Baranger, le monde perdu

Un environnement mystérieux, une expédition de la dernière chance et un secret enfoui depuis des millénaires, tel sont les ingrédients de ce thriller fantastique qui rend hommage au récit d’aventures d’antan tout en incorporant des éléments de narration moderne.

Pour peu que vous aimiez les reportages qui partent à la découverte de parties du monde méconnues et source de fantasme alors la première partie du récit vous semblera convaincante. Forêt épaisse, bruits étranges et danger permanent plonge le lecteur dans un récit haletant.

Il ne faut pas s’attendre à être bluffé par le style ou la caractérisation des personnages, le but n’est pas là. Des personnages dont l’écriture est aussi peu subtile que les références appuyées auxquels l’auteur se réfère mais peu importe le souffle épique de l’aventure se fait ressentir. 

Une première partie entraînante qui se retrouve malheureusement entachée par la seconde partie, au rythme tout autant endiablée, mais dépourvue de l’aura de mystère qui faisait la force du récit.

L’auteur s’empare de thèmes modernes tel que le capitalisme fou, le culte du corps et la crainte des micro-organismes, délaissant le côté exploration pour aborder le genre du thriller fantastique mais avec un aspect forcé qui fait ressortir les défauts de l’ouvrage déjà perceptible dans les pages précédentes. Ainsi facilitée scénaristique et caractérisation grossière des personnages apparaissent au grand jour dans cette dernière partie jusqu’à une conclusion en demi-teinte qui ne s’éloigne pas des codes du genre.

Oscillant entre le roman d’aventures, dont il se revendique clairement et le thriller fantastique, Tepuy propose un récit convaincant aux thèmes modernes mais qui a du mal à convaincre passé une phase d’exploration plaisante.

Résumé : Au cœur de la jungle vénézuélienne, une jeune femme, Ruz, se réveille encore attachée à un parachute. Seule, blessée et amnésique, elle est obligée de faire confiance à la voix grésillante de Chris échappée d’un talkie-walkie, son fil d’Ariane pour comprendre qui elle est venue chercher dans ces terres hostiles. Ne pouvant compter que sur ses propres ressources et ses réflexes de survie, Ruz va découvrir les secrets oubliés que recèlent les tepuys, et être confrontée au cynisme criminel de grandes industries prêtes à tout pour s’approprier de fantastiques découvertes.

Éditeur ‎Pocket (7 octobre 2021)
Langue ‎Français
Poche ‎544 pages
ISBN-10 ‎2266318179
ISBN-13 ‎978-2266318174

C’est l’Inuit qui gardera le souvenir du blanc de Lilian Bathelot

Un court récit non dénué de substances, un roman de science-fiction qui va droit à l’essentiel, une fable percutante sur la déshumanisation et la place de la technologie dans nos vies. Ce roman est tout cela à la fois et le tout sur un format peu épais.

Le récit est avant tout construit comme une course contre la montre, les chapitres alternent entre la chasseuse Kisimiipunga et l’équipe des services secrets chargés d’une mission à haut risque. Les chapitres consacrés à la jeune inuite qui tente d’achever le rite ancestral de son peuple ont eu ma préférence. Plus intimiste et baignant dans un champ lexical qui allie la beauté de la banquise à la survie en milieu hostile. Les chapitres mettant en scène l’équipe d’intervention sont plus techniques, plus froids aussi malgré les dissensions incarnées par les deux commandants. Le monde qu’il représente est aussi moins développé et donc plus nébuleux. La narration est extrêmement rythmée et pose rapidement les enjeux qui ont cours tout au long de l’ouvrage.

Si l’auteur parvient rapidement à nous plonger dans son intrigue il manque cependant un élément lors du dénouement pour transcender un peu cette quête de liberté. Un surplus qui ferait dire au lecteur qu’il tient entre les mains un excellent ouvrage de science-fiction. Je ne parle pas forcément d’un twist renversant mais plutôt d’un passage marquant, d’une scène mémorable qui s’imprimerait dans l’imagination du lecteur. De plus si l’auteur parvient à rendre son héroïne attachante on reste assez froid devant la peine qui l’accable étant donné que l’objet de son chagrin est resté extérieur au récit et n’a même pas droit à un seul chapitre pour exister.

Il n’en reste pas moins que l’auteur parvient à développer un propos intéressant sur la place de plus en plus importante de la technologie dans notre société. Son récit reste très positif sur le devenir de l’humanité. La globalisation technologique n’efface pas les différences, au contraire celles-ci s’expriment encore plus fort et se débattent avec toute l’énergie du désespoir pour survivre. Sans trop dévoiler l’intrigue il est intéressant également d’assister à la libération d’un peuple grâce à la technologie tandis que de l’autre un soldat acquis à la cause de l’autorité se voit redevenir humain là aussi grâce à la technologie. Le message de l’auteur est clair la technologie ne signera pas notre perte, elle n’est qu’un outil à notre service, seul l’homme est responsable de ses tourments.

Un récit court qui prend quand même le temps de délivrer un message optimiste dans une narration rythmé et haletante. Il manque peut-être juste un éclat narratif fort pour finir de le rendre mémorable.

Résumé: 2089, dans une société hypertechnologique, tous les habitants de la planète sont reliés au réseau de surveillance de leur zone gouvernementale. Les territoires inuits, pourtant, ne suivent pas la règle commune ; là, pas de surveillance, une certaine liberté et de grands espaces sauvages où l’on peut retrouver la nature et des gestes ataviques. Les gouvernements planétaires tentent désespérément de trouver une parade à cette indépendance qui a, semble-t-il, fort à voir avec les narvals, et leur sonar si particulier. La jeune chercheuse inuit Kisimiippunga vient de terminer le rite ancestral de la Première Chasse. Alors qu’elle est seule au milieu de nulle part, elle voit surgir un traîneau sur lequel elle découvre un Européen blessé. Qui est-il et que vient-il faire ici ?

  • Éditeur : Pocket (19 novembre 2020)
  • Langue : : Français
  • Poche : 256 pages
  • ISBN-10 : 2266307452
  • ISBN-13 : 978-2266307451
  • Poids de l’article : 130 g
  • Dimensions : 10.8 x 1.1 x 17.8 cm

L’échiquier de jade de Alex Evans

La cité millénaire de Jarta est une nouvelle fois le théâtre d’événements mettant en péril sa stabilité. D’un côté, un démon s’attaque à la ville et a déjà dévoré deux personnes. Tous les mages sont réquisitionnés pour faire face à la menace. De l’autre une délégation diplomatique doit être reçue par le gouvernement en pleine période électorale. La visite est d’autant plus importante que l’ambassadrice représente un pays agressif. Mais voilà, le cadeau prévu, un antique échiquier de jade, a disparu !
Il n’en faut pas plus pour mettre la cité en ébullition. L’enquête est confiée à nos deux sorcières qui auront fort à faire pour retrouver le mystérieux objet et éviter un incident diplomatique…

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Chronique : Bien qu’il s’agisse du second volume des aventures des magiciennes Padmé et Tanit, celui-ci peut se lire de manière complètement indépendante. L’auteur insère çà et là quelques références aux précédentes enquêtes de deux héroïnes mais sans que cela ne soit gênant pour les nouveaux lecteurs.

En ouvrant ce livre on pénètre dans un univers riche et foisonnant. L’auteur a construit une cité, plaque tournante du commerce d’un monde en plein bouleversement, qui fait beaucoup penser à la ville de Shangai. Le tout dans une ambiance steampunk assez rafraîchissante alors que la magie y tient une place à part, entre méfiance et superstition, attendez-vous à croiser des serviteurs automates, des golems de guerre et des dirigeables, mais aussi des démons, des nécromanciens et des adeptes d’un culte sanglant. Tous ces éléments s’imbriquent dans un ensemble cohérent et aisément compréhensible car l’auteur maîtrise son récit et ses différentes composantes.

Le récit est porté par ses deux personnages principaux, toutes deux attachantes, chacune à sa manière. Si Padmé introduit un soupçon d’élégance bourgeoise, Tanit est plus brute de décoffrage et les deux sont complémentaires. Leurs histoires personnelles sont passionnantes et enrichissent encore plus l’univers créé par Alex Evans. On peut juste regretter qu’elles ne partagent pas plus de moments ensemble.

L’intrigue en elle-même, n’offre rien d’originale, elle coche toutes les cases de l’intrigue de politico-espionnage sans jamais prendre de réelle ampleur. Mais elle s’avère suffisamment divertissante pour nous emmener à parcourir les ruelles mal famées de Jarta.

En somme les amateurs de fantasy vont pouvoir se plonger dans une saga prometteuse. On aimerait qu’à l’avenir l’auteur densifie son récit afin de nous offrir un univers à l’atmosphère encore plus incarnée.

Note : 8/10

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Éditeur Pocket
Date de publication 9 janvier 2020
Langue Français
Longueur du livre 304
ISBN-10 2266299921