Hammerklavier (03 Janvier 2017) de Yasmina Reza

« N’est-il pas temps, au seuil de la mort, d’en finir avec ces simagrées humaines que sont l’art et la culture ? » Hammerklavier n’a rien de la douce confession qu’on aurait pu attendre d’un recueil de souvenirs ou d’une petite « étude » autobiographique. L’auteur préfère asséner à son clavier des petites notes sèches et courtes, cruelles et cyniques.

Critique : De très courts petits textes, 20 ou 30 lignes. Sur une grande variété de sujets. Superbement écrits, avec rythme, élégance. Certains, très profonds. À relire plusieurs fois, à voix haute. Mériterait une lecture en public. Beaucoup de récits ont une touche autobiographique. Deux textes, en particulier, sont superbes: « Trente secondes de silence », temps respecté par un public de théâtre avant d’applaudir à la fin d’une pièce magnifique ; et « Horreur de la patience », sorte d’éloge indirect du dynamisme et de la joie de vivre. Cet ouvrage doit être lu comme un recueil de poèmes en prose, comme l’indique la quatrième de couverture. Yasmina Reza apparaît comme une femme brillante, parfois dure, exigeante et d’un grand sens de la poésie.

Note : 9/10

 

  • Broché: 144 pages
  • Editeur : Folio (3 janvier 2017)
  • Collection : FOLIO

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Paroles (4 novembre 2016) de Jacques Prévert

Critique : « Paroles » est un recueil qui rassemble des poèmes écrits entre 1930 et la fin de la deuxième guerre.
Le grand classique des écoles primaires reste bien sur « Le cancre » qui finit par dessiner le bonheur avec des craies de couleur : c’est une belle image qui symbolise la revanche de l’élève médiocre sur la vie.
Deux thèmes récurrents et parfois mêlés : l’amour et la guerre qui reviennent dans nombre de poèmes de cette série. Notamment dans « Barbara », hymne à l’amour, nostalgique à souhait, Prévert exprime sa colère contre la « betise » de guerre qui sépare ceux qui s’aiment.
Quant à cette citation extraite de « Evénements », elle résume assez bien la révolte de l’auteur contre la bêtise humaine.
« c’est fou ce que l’homme invente pour abîmer l’homme »
Prévert sait non seulement être acide, ironique, mélancolique mais aussi drôle. C’est dans cette catégorie que je classe « L’accent grave » qui est un dialogue entre un professeur et son élève rêveur – Hamlet ( ça ne s’invente pas) – qui finit par poser la seule véritable question « être où ne pas être » après une succession de jeux de mots subtiles.
Personnellement, c’est « Inventaire » que j’apprécie le plus. Sans doute parce que cette liste est un peu délirante, elle s’apparente pour moi aux promesses électorales qui ont plu en cette période de municipales…

Note : 10/10

 

  • Editeur : Editions Gallimard (4 novembre 2016)
  • Collection : Folio

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Une poule sur un mur : Poèmes et fables d’animaux interprétés par Audrey Fleurot (9 novembre 2016) de Clémence Pollet et Audrey Fleurot

Papillons, hérissons, chats, baleines, poules ou lapins en passant par tous les noms d’oiseaux et sans oublier les poissons… tous sont les bienvenus dans ce merveilleux recueil signé Maurice Carême, Pierre Coran, Robert Desnos, Claude Roy, Jacques Prévert, Gérard de Nerval, Jean de la Fontaine, Jean-Pierre Claris de Florian, Charles Baudelaire… auteurs d’hier et d’aujourd’hui.

Critique : Il est vrai que le titre porte à confusion. Comment faire un choix objectif de poèmes sur les animaux .Chaque poème et fable sont porteurs de messages, tantôt drôles, tantôt émouvants, souvent tendres et attachants et dans lesquels nous retrouvons la joie espiègle de jouer avec les mots, de découvrir un vocabulaire d’une richesse inouïe. Un beau livre intemporel destiné à toute la famille qui revisite fables et poèmes animaliers pour le plaisir des petits et des grands ! le recueil est très agréable à lire. On à la joie de trouver certains poèmes on  ne connaissait que des bribes, ou bien seulement le titre sans savoir qui en était l’auteur. Le fait que ce livre est en quelque sorte des « morceaux choisis » permet de le lire et de le relire, ou bien de l’ouvrir de temps à autre. Donc, très agréable et les illustrations de Clémence Pollet interprètent de façon délicate et poétique ces grands classiques. Le plus de ce livre est le cd où Audrey Fleurot nous raconte ses fables et poésie, un beau cadeaux pour les fêtes de fin d’année.

Note : 9/10

 

  • Album: 48 pages
  • Tranche d’âges: 3 années et plus
  • Editeur : P’tit Glénat (9 novembre 2016)
  • Collection : JEUNESSE

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Poèmes de notre enfance (8 septembre 2016) de Béatrice MANDOPOULOS et Albine NOVARINO-POTHIER

L’enfance est un moment magique d’insouciance et de fantaisie, quand l’imagination est au pouvoir. De tout temps les poètes ont su garder cette âme juvénile pour s’adresser aux petits dans leur langage, par des comptines, des berceuses, des poésies à danser ou à rêver…
Voici 90 poèmes éternels signés Verlaine, Musset, Apollinaire, Hugo, Maupassant, Vigny… mais aussi Topor, Charles Cros, Maurice Fombeure, François Coppée, Jean Richepin, René de Obaldia, Lucie Delarue-Mardrus… auxquels s’ajoutent quelques chansons du folklore français que Béatrice Mandopoulos et Albine Novarino-Pothier, infatigables exploratrices de notre littérature, ont dénichées dans l’immense trésor qu’est le patrimoine poétique.
Neuf chapitres balaient l’imaginaire enfantin : « Drôles d’histoires », « Un bestiaire enchanté », « Les mystères de la nuit », « En famille », « Douceurs et délices », « Cadet Rousselle et Cie », « Au travail ! », « Au fil des jours », « Attention au départ ! ».
Comme pour tous les autres titres de la collection, chaque poème est illustré d’un tableau, d’une gravure, d’une photo, auxquels s’ajoutent des dessins inédits d’enfants composés pour la circonstance, frais et colorés.

Critique : Pendant 216 pages, Béatrice Mandopoulos et Albine Novarino-Pothier nous proposent de suivre un périple à travers les siècles, du moyen Âge jusqu’au XXe siècle, en nous proposant les poèmes de notre enfance!
Chaque poème est expliqué avec un texte plus ou moins long mais toujours très instructif et intéressant ce qui peut être utile. Le tout illustré par des tableaux, des gravures, des estampes d’époque.
De plus les illustrations sont fidèles à l’écriture. Enfin, le format du livre est très agréable. C’est juste un moment d’enfance qui resurgit mais que l’on découvre avec des yeux différents. Un très beau recueil.

Note : 9/10

 

  • Broché: 216 pages
  • Editeur : Omnibus (8 septembre 2016)

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Au nom d’Alexandre de Olivier Auroy

Alexandre exerce un métier qui n’a pas de nom : il crée des noms. Dans sa vie, il a baptisé des parfums, des pâtisseries, des voitures, des missiles, et même le chien d’une milliardaire… On raconte aussi qu’il fut le conseiller particulier du pape dans sa quête d’identité. Mais Alexandre est malade, et sent que sa fin est proche. L’apprenant, un éditeur intrigué par son étrange vocation demande à Fanny, une séduisante journaliste, de se rendre à son chevet pour qu’il lui dicte ses mémoires. Au fil de ce récit, Fanny découvre l’odyssée de cet amoureux des lettres, de ce génie des mots qui a tout nommé. Ou presque. En effet, la journaliste repère quelques zones d’ombre dans ce parcours hors du commun. Intriguée autant que fascinée par Alexandre, Fanny est peu à peu taraudée par une question : est-il possible qu’Alexandre ait oublié de nommer sa plus importante création ?

Critique:  Au nom d’Alexandre est un livre  poétique, écrit avec douceur, tout en légèreté. C’est un livre qui détonne comme un objet difficile à définir, mais extraordinairement attrayant. Les amoureux des mots vont  apprécier ce roman qui parle des mots, on plonge  dans la conscience d’un mourant pour décortiquer toute sa vie et en faire ressortir les choses qui l’ont le plus marquées. Une vie tumultueuse et mystérieuse, les meilleurs souvenirs d’Alexandre sont ses deux grands-pères, qui lui ont transmis leurs amours des mots, Valentina, son amourette de jeunesse, ses deux amis, Simon et Nicolas, qui l’ont aidé à se lancer dans son métier singulier. En résumé, presque tout ses souvenirs tournent autour des mots, et rien que des mots. La fin est juste bouleversante et vous aurez sans doute du mal à retenir vos larmes. Ce roman est infiniment beau et fort, Olivier Auroy sait nous transporter au delà des mots.

Note: 9,5/10

 

  • Broché: 223 pages
  • Editeur : Intervalles (13 janvier 2016)
  • Langue : Français

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