Bobby Mars forever d’Alan Parks, Hard 70’s

Si 2022 et sa morosité ambiante vous pèsent déjà, Alan Parks et les éditions rivages ont pensé à vous. La saga de l’inspecteur McCoy invoque une décennie où le rock vit ses plus belles heures, où l’on se noie dans l’alcool, où l’on s’élève dans des paradis artificiels aussi facilement que l’on s’y brûle. Bienvenue à Glasgow durant le caniculaire été 73.

Ce troisième volume étoffe encore plus l’aspect social de la saga. Misère sociale, alcoolisme, maltraitance parentale, trafic de drogue et agressions physiques sont le quotidien de l’inspecteur McCoy, dont les traumas, vecteurs de l’intrigue du tome précédent, sont mis en retrait ici au profit du portrait d’une ville de Glasgow toujours aussi dangereuse et impitoyable. Un personnage à part entière que cette ville d’Écosse, théâtre sordide d’une tragédie humaine aux multiples facettes.

En plus de ce portrait saisissant d’une ville dans les années 70, l’auteur laisse la part belle aux personnages secondaires, quitte à laisser de côté ce brave Wattie, le compère de McCoy. L’occasion de se frotter à la gouaille d’Iris, mère maquerelle qui ne s’en laisse pas compter, ou Cooper, le caïd, ami d’enfance de McCoy, constamment sur la corde raide, ou encore l’étoile montante Bobby Mars, prodige musical qui se laisse brûler les ailes.

Moins prévisible que dans le tome précédent, l’intrigue superpose les enquêtes et se révèle plus plaisante, plus rythmée même si elle ne représente pas l’atout majeur du récit. La faute à des pistes un peu trop faciles à dénicher, une conclusion sans grande originalité et un manque de contexte pour certaines parties de l’intrigue, notamment concernant la guerre civile irlandaise. 

Quiconque aime les récits urbains où la justice s’efface devant la loi de la rue se passionneront pour ce polar d’un réalisme saisissant. 

Résumé : Nous sommes toujours à Glasgow en 1973. En ce mois de juillet, Bobby March, héros local qui a réussi dans la musique, est retrouvé mort d’une overdose dans une chambre d’hôtel. Parallèlement, la jeune Alice Kelly, adolescente solitaire, a disparu. Autre disparition inquiétante, celle de la nièce du chef de McCoy qui avait de mauvaises fréquentations. McCoy est chargé d’enquêter. Toujours aussi dangereuse, la ville de Glasgow n’a rien perdu de sa noirceur…

Éditeur ‎Editions Payot & Rivages (9 février 2022)
Langue ‎Français
Broché ‎416 pages
ISBN-10 ‎274365502X
ISBN-13 ‎978-2743655020

L’enfant de février d’Alan Parks, Regardez-moi sombrer…

Au-delà d’un simple polar urbain ce second volume de la saga d’Alan Parks publié chez rivages est surtout le portrait d’un homme fracassé, au bord du gouffre. Un officier de police chargé de faire respecte la loi mais qui franchit la ligne rouge si souvent qu’il ne doit même plus la voir. Un homme qui est la proie d’un passé qui a planté ses serres et qui le comprime plus fort de jour en jour. Alors pour échapper à ce passé dont il ne veut plus se souvenir mais qui ne cesse de le hanter il s’engouffre dans un tunnel autodestructeur fait d’alcool et de paradis artificiels.

C’était déjà perceptible dans le premier volet, Janvier noir, mais cela prend une ampleur démesurée dans cette suite. L’inspecteur McCoy s’effondre sous les yeux du lecteur. Ce n’est pas que la carapace se fend, c’est qu’il y en a plus de carapace. Ce polar est avant tout la déchéance d’un homme qui en apparence à tout pour réussir alors même que son âme s’enfonce dans un marasme sans fond.

Le fait est que le contexte social ne se prête pas à ce que notre ”héros” s’épanche sur ses traumatismes. L’action se déroule toujours à Glasgow durant les années 70 et à l’époque on ne parlait pas de ça. On serrait les dents et on avançait parce qu’il fallait être un homme pas le choix, pas de place pour les sentiments. Glasgow est toujours aussi effroyable dans ce récit. Un royaume de béton et d’asphalte où l’alcool et la drogue règnent en maîtres. Préparez vous à faire la tournée des grand ducs, du misérable troquet poussiéreux jusqu’au splendide bar avec clientèle prestigieuse, l’auteur nous a concocté une visite touristique de Glasgow bien particulière.

Ce tableau sombre, glauque et désespérée aurait été parfait s’il avait été complété par une enquête plus palpitante et moins prévisible. Il ne faut pas se lancer dans cette saga en espérant découvrir des intrigues renversantes. Le propos de l’auteur est ailleurs et il faut dire que son portrait de l’inspecteur McCoy est suffisamment percutant pour faire oublier ce défaut.

Un polar âpre et violent dont il me tarde de découvrir le troisième volet.

Résumé : Deuxième opus d’une série mettant en scène l’inspecteur McCoy et son adjoint Wattie dans le Glasgow des années 1970, sur fond de musique, drogues et gangs, dans la lignée de William McIlvanney.

  • Éditeur ‏ : ‎ EDITIONS PAYOT & RIVAGES (5 février 2020)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 410 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2743649496
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2743649494
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 500 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 15.5 x 2.8 x 22.5 cm