
Sus au patriarcat !
Un monde en ruine, une société qui périclite, un gouvernement dépassé qui mise sur l’autoritarisme pour se maintenir au pouvoir. Oui le roman de Sarah Hall propose un récit dystopique comme on a l’habitude d’en voir beaucoup en ce moment mais sous un angle différent.
L’autrice ne s’attarde pas vraiment sur les raisons qui ont précipité l’effondrement de notre monde ni sur la société totalitaire qui l’a remplacé. La description rapide des différentes crises qui ont conduit à la chute de la société moderne agitent déjà suffisamment nos médias pour ne pas avoir à s’épancher dessus. Le récit se déroule dans une Angleterre moribonde mais pourrait bien sûr se déroulait n’importe où.
Il en est de même pour les conditions de vie pour la gent féminine sous le joug de cette société patriarcale qui accorde tout juste assez de droits aux femmes pour qu’elle ne se sente pas asservie tout en s’attaquant à la partie la plus intime de leur être. Plutôt que de lister les contraintes auxquelles les femmes doivent faire face, l’autrice préfère insister sur la morosité, la résignation et le sentiment d’étouffement ressenti par l’héroïne.
Car le récit est avant tout un parcours initiatique d’une femme qui va partir à la reconquête de sa féminité, de son identité. Le roman est donc avant tout un récit intime, un éveil des sens, une découverte de la chair qui débouche sur une prise de conscience révolutionnaire.
Tous ces éléments réunis permettent à Sœurs dans la guerre d’acquérir une originalité indispensable étant donné le genre très référencé dans lequel il s’inscrit. Sarah Hall invite le lecteur à découvrir une quête de soi réjouissante dans un monde désespéré.
Résumé : Dans un avenir proche et désolant, la crise environnementale a ravagé l’Angleterre. Un régime autoritaire organise le rationnement de la population dans des villes exsangues, et le droit à la reproduction est rigoureusement contrôlé. Une jeune fille nommée Sister raconte son évasion et sa quête pour rejoindre une ferme utopique dans la région des Grands lacs : l’armée de Carhullan, une bande de rebelles ayant renoué avec une vie rurale et coupé tout lien avec les hommes.
Dans la lignée de «La Servante écarlate» de Margaret Atwood, Sarah Hall aborde avec une remarquable originalité les questions d’écologie, de genre et de défense des libertés individuelles, et propose une vision décapante du pire des mondes à venir. Une contre-utopie féministe exaltante.
Éditeur Rivages (10 mai 2023)
Langue Français
Poche 304 pages
ISBN-10 2743660090
ISBN-13 978-2743660093






