Mamba point blues de Christophe Naigeon, il faut que ça swing baby !

Livre destin au thème foisonnant, récit porté par un rythme endiablé, Mamba point blues est une ritournelle qui vous embarque pour un voyage historique au coeur de l’Afrique, au cœur de ses personnages, un voyage qui vous marquera à jamais.

Dès les premières pages on entend résonner une note enjouée qui ne quittera jamais le récit. Quelles que soient les épreuves que les personnages devront endurer, toujours le ton restera dynamique et positif. L’auteur a décidé de tourner son récit vers l’espoir, vers l’avenir sans pour autant ignorer la malveillance humaine, ombre bruyante qui tente inlassablement de faire taire les âmes enjouées.

Ainsi les personnages se heurteront au racisme, à la cupidité, à l’arrogance des puissants mais sans jamais se départir de leur bonne humeur, de leur joie de vivre. Le récit, aussi historique soit-il, est avant tout une odyssée personnelle de personnages qui tente de trouver leur place à travers les remous de l’histoire.

La formidable partition qu’est l’ouvrage est composée par des personnages lumineux, attachants et qui se retrouvent confrontés à des questions qui secouent encore notre société actuelle. La question de la race, du racisme, de la soif de liberté et des conséquences qu’elle entraîne. Cependant, aussi passionnant soit l’auteur lorsqu’il évoque l’aspect historique de son œuvre, il m’a beaucoup plus convaincu lorsqu’il développe le destin personnel de ses personnages.

Le ton se fait parfois trop magistral et informatif lorsqu’on évoque l’histoire du Libéria par exemple ou bien lorsque l’espionnage se mêle à l’intrigue. Ce qui ternit quelque peu la folle sarambade entamée en début d’ouvrage mais pas d’inquiétude à avoir, on revient très vite aux personnages et à leurs destins hors normes.

Des plaines désolées d’Alsace au côté du Libéria en passant par le sud profond des États-Unis, l’auteur déploie une histoire fantastique et remarquablement documenté. Le tout porté par une plume qui résonne comme le meilleur des jazz band de la grande époque.

Résumé : Des tranchées d’Argonne à Monrovia en passant par Dakar, New York et Paris, une fresque romanesque puissante qui court d’une guerre mondiale à l’autre, rythmée par les accents vibrants du jazz.

1918. Percussionniste virtuose à l’école des djembés de Gorée, Jules, interprète du régiment de Noirs américains sur le front de cette France ravagée qu’il ne connaît qu’à travers Maupassant, vit à l’aube de l’armistice un amour éphémère avec l’épouse d’une  » gueule cassée « . Ce souvenir indélébile l’accompagnera après la guerre dans son long périple à travers l’Amérique bouillonnante des Années folles, quand il rejoint le jazz-band de ses anciens compagnons de guerre, en tournée dans le Sud raciste, puis triomphe au célèbre Cotton Club de New York.

Sa vie croise celle de Joséphine Baker qui l’emmène, avec sa Revue nègre, à Paris où l’amitié qu’il scelle avec l’écrivain-espion Graham Greene les entraîne dans une périlleuse expédition en Afrique. Ils iront jusqu’à Monrovia, capitale du Liberia, sur les traces de Julius Washington, l’arrière-grand-père de Jules, premier grand reporter photographe noir américain. Alors que de nouveau une guerre s’annonce, Jules s’installe à Mamba Point, dans la maison de Julius, l’homme qui a tenté de révéler la véritable histoire de ce pays : celle de ces esclaves affranchis envoyés en Afrique pour bâtir une nation libre. Un rêve devenu cauchemar.

Éditeur ‎Presses de la Cité (26 août 2021)
Langue ‎Français
Broché ‎544 pages
ISBN-10 ‎2258195454
ISBN-13 ‎978-2258195455

Le grand art des petites escroqueries de Sophie Endelys, un mille-feuille en spirale à la narration bondissante

Ce livre m’a fait penser à deux choses. Une balle rebondissante multicolore dans un premier temps, vous savez ces balles qui rebondissent partout et qu’il faut éviter de lancer à l’intérieur du foyer sous peine de voir le vase de mémé se fracasser au sol et ensuite la pâtisserie communément appelée mille-feuille. Il va vous faire passer d’un personnage à un autre, d’une temporalité à une autre, à une vitesse folle. Soyez prévenu, dans le dernier ouvrage de Sophie Endelys ne laisse pas aucune échappatoire à son lecteur une fois la première page tournée.

La narration très dynamique enclenchée par l’auteur ainsi que sa superposition d’intrigues, de personnages et de temporalité pourrait donner le tournis comme ces fichues balles qui rebondissent plus vite que l’on ne peut les suivre du regard. Il appartient au lecteur de déceler l’ordre apparent derrière cette narration touffue.

En ce qui concerne les personnages on se concentre rapidement sur trois d’entre eux. Les flashbacks ne sont pas en italique comme on peut le voir parfois dans d’autres ouvrages, ils sont justes séparés par un saut de ligne mais ils sont malicieusement annoncés par le personnage lors de son monologue intérieur. Au lecteur d’être attentif et vigilant.

Le fait est, qu’une fois que l’on a intégré le style de l’auteure, l’on se retrouve emporté par cette intrigue tortueuse à laquelle l’image de la spirale, omniprésente dans le récit, correspond parfaitement. À mesure que l’ont pénétre plus profondément les secrets de Groumenville, les révélations s’empilent comme sur un mille-feuille pour former au final un récit sombre par ses thèmes mais léger dans son traitement.

La malice pourrait bien être le thème prépondérant de ce récit à mi-chemin entre l’enquête policière et la comédie humaine. Tout est question de paraître, chaque personnage ment à son entourage, ou au moins à lui-même, que ce soit par omission ou pour dissimuler un secret, par mesquinerie, par honte ou tout simplement pour servir ses objectifs.

Le thème de la tromperie, du faux-semblant et de la manipulation est omniprésent non seulement à travers les personnages et leurs actions mais aussi de par leurs métiers marionnettistes, lunetier, fabricants d’automates, romancière ou avocat. L’ouvrage tout entier baigne dans une atmosphère de mensonge où l’art de la tromperie est essentiel aux personnages comme l’air que nous respirons. Cette surabondance de manipulation pourrait finir par se révéler indigeste, l’auteur contrebalance un peu cet effet par un humour sarcastique et des personnages hauts en couleur sans y parvenir complètement.

Il est juste regrettable que le style soit parfois un peu brut de décoffrage, notamment dans les dialogues. Ceux-ci s’achèvent souvent par une pique de l’un des personnages, parfois avant même d’avoir commencé. Ce qui produit un effet abrupt qui empêche de se régaler pleinement de cet ingrédient de l’intrigue.

L’auteure a fait le choix de nous révéler les secrets les plus croustillants à travers des flashbacks bateau qui tombent comme un cheveu sur la soupe alors même que l’intrigue au présent piétine quelque peu. C’est relativement dommage surtout pour une intrigue aussi malicieuse et tortueuse. Il aurait été bon de voir certains personnages mettre la main à la pâte de manière plus active pour extirper les sombres secrets enfouis au lieu de les voir simples acteurs d’une comédie humaine qui prend des airs de tragédie à de rares occasions.

Une fois terminé la dernière bouchée digérée de cet ouvrage choral on reste un peu étourdi par la dégustation. Le goût très sucré aurait pu être amoindri et il reste un peu sur l’estomac par sa consistance. Cependant le festival de saveur et l’originalité de la présentation ont réussi à égayer nos papilles et à nous emporter dans un récit qui parvient à être loufoque et sérieux à la fois.

Résumé: Une chroniqueuse hors pair, un éditeur gourmet, une pianiste traqueuse, un marionnettiste dépressif, une psy séduisante, un avocat fantôme, un concierge mère poule, un lunetier poète… voilà les pro tagonistes de ce suspense dont mensonges et manipulations sont les principaux ingrédients.

Juillet 1989. Julia James est victime d’un terrible accident de voiture. La talentueuse journaliste, qui peinait sur son livre Le Grand Art des petites escroqueries, avait loué une dépendance sur la propriété de la Fondation Saint-Just – une école qui propose des stages révolutionnaires de développement personnel – pour l’été afin d’y achever son manuscrit.
Avril 2010. Sa fille, Clémence, reçoit un colis contenant 502 dessins réalisés par Julia, qui est morte en 1999 – dix ans après son décès officiel –, au couvent de la Sainte-Charité, non loin de la Fondation.
Pourquoi le père de Clémence lui a-t-il fait croire à la mort de sa mère ? Quel rôle ont joué l’avocat Maxence Saint-Just et Marius, l’édi teur de sa mère ? Son grand-père lunetier, qui l’a élevée, savait-il ? Et, surtout, qu’avait donc découvert Julia à Groumenville ?

  • Broché : 384 pages
  • ISBN-10 : 225819184X
  • ISBN-13 : 978-2258191846
  • Dimensions du produit : 14.2 x 3.2 x 22.5 cm
  • Poids de l’article : 531 g
  • Langue : : Français
  • Éditeur : Presses de la Cité (1 octobre 2020)