Tuer le fils de Benoît Severac, qu’est-ce que l’on ne ferait pas pour être aimé

Ce roman noir fut une excellente lecture même si l’auteur a pris une direction plus convenue dans la seconde partie.

Toute la partie centrée sur Matthieu, sa relation désastreuse avec son père, sa détresse émotionnelle est un drame intime d’une rare puissance évocatrice. Ce cri du cœur d’un homme écrasé par l’image du père et l’absence d’amour est une complainte déchirante. Toute cette partie du récit est magistrale.

La seconde partie m’a plu également mais le fait est que Matthieu, le personnage le plus complexe et donc le plus intéressant, est mis de côté et j’ai trouvé cela dommage. J’aurais voulu en savoir plus sur son parcours, sa résilience par rapport à la relation avec son père, la manière dont il a géré son deuil. Mais l’auteur a préféré s’attacher à l’équipe d’enquêteurs. Non pas que ces personnages soient inintéressants, bien au contraire, la plume de Séverin colle au plus près de ces personnages pour livrer des portraits saisissants de réalisme et psychologiquement très fin. Ainsi ce pauvre Nicodemo frise le burn-out tandis que Cérisol tate un peu trop de la bouteille même si ce n’est pas ce cela qui finira par lui causer des soucis. Enfin Grospierre, la nouvelle recrue, le jeune padawan surdiplômé qui sera le seul ayant encore le courage pour écouter son instinct. Ces portraits de flics humains et plus positifs que ceux que j’ai l’habitude de lire dans mes lectures m’ont énormément plu, ça s’engueule, ça se pardonne, ça se confie sur les petits problèmes et sur les gros aussi, mais il n’empêche que j’aurais tellement voulu que l’histoire de Matthieu soit approfondie.

Si vous voulez découvrir une plume à fleur de peau qui dissèque les émotions humaines avec grande finesse alors plongez-vous dans ce roman de Benoît Séverac qui, de plus, est récemment sorti en poche.

Résumé: Matthieu Fabas a tué parce qu’il voulait prouver qu’il était un homme. Un meurtre inutile, juste pour que son père arrête de le traiter comme un moins que rien. Verdict, quinze ans de prison. Le lendemain de sa libération, c’est le père de Matthieu qui est assassiné et le coupable semble tout désigné. Mais pourquoi Matthieu sacrifierait-il une nouvelle fois sa vie ? Pour l’inspecteur Cérisol chargé de l’enquête et pour ses hommes, cela ne colle pas. Reste à plonger dans l’histoire de ces deux hommes, père et fils, pour comprendre leur terrible relation. Derrière cette intrigue policière qu’on ne lâche pas, ce nouveau roman de Benoît Séverac nous parle des sommes de courage et de défis, de renoncements et de non-dits qui unissent un père et un fils cherchant tous deux à savoir ce que c’est qu’être un homme.

  • Éditeur : MANUFACTURE de LIVRES(6 février 2020)
  • Langue : Français
  • Broché : 288 pages
  • ISBN-10 : 2358876070
  • ISBN-13 : 978-2358876070
  • Poids de l’article : 320 g
  • Dimensions : 14 x 2.2 x 20 cm

Les illusions de Jane Robins

Résumé : Callie a toujours vécu dans l’ombre de sa sœur, Tilda, à qui tout réussit. Celle-ci est actrice et forme un couple heureux avec Felix, un riche banquier, alors que Callie vit seule et végète dans la librairie où elle travaille. Si elle admire toujours autant sa sœur, elle ne peut néanmoins s’empêcher de penser que quelque chose se cache sous ce vernis de perfection. Tilda ne serait-elle pas sous l’emprise de Felix, dont les comportements obsessionnels sont de plus en plus inquiétants ? Ou bien Callie se fait-elle des illusions ? N’est-ce pas plutôt elle qui a un problème avec la réussite de Tilda ? Lorsque Felix décède d’une crise cardiaque, les relations entre les deux sœurs prennent un tour complètement inattendu.

Chronique : Il y a deux sous-genres de romans policiers que je trouve particulièrement « casse-gueule », le thriller psychologue et le thriller domestique. Alors quand un auteur décide de marier les deux le risque est d’autant plus grand.

Entendons-nous bien, je ne me suis pas ennuyé à la lecture de ces bien pâles illusions, le style de l’auteur et la narration immersive maintiennent suffisamment l’attention pour continuer la lecture. Le problème vient surtout d’un manque de tension. La prétendue révélation finale se laisse doucement présager à mesure que l’on avance dans l’intrigue. Le jeu manipulateur des personnages est aussi subtil qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Le personnage principal de Callie se révèle décevant, d’abords inquiétante dans ses rapports ambiguës avec sa sœur, puis tout simplement agaçante par son côté ingénue. Elle est tout simplement un personnage trop fade et pas vraiment attachante pour porter un récit sur autant de pages.

Le livre a le mérite d’attirer l’attention sur le douloureux sujet du feminicide en mettant l’accent sur la détresse ressenti par certaines femmes, prisonnières d’une relation toxique. Toutefois cela ne suffit pas à relever le niveau du récit.

Je passe assez rapidement sur l’aspect psychologique du récit. Mis à part Callie, qui est le personnage principal, la psychologie profondes des autres personnages est à peine effleuré.

Malgré des efforts louables, l’auteur ne parvient à illusionner personne d’autre que son personnage principal. Et moi de me dire que j’ai suffisamment laissé ma chance à ce sous-genre pour passer à autre chose.

Note : 5/10

Éditeur Sonatine
Date de publication 4 octobre 2018
Langue Français
Longueur du livre 360
ISBN-10 2355846294