Manhattan palace de Carole Geinex

Luxure et moisissures

Dans ce roman, Carole Geinex invite le lecteur à partir à la découverte de l’envers du décor de l’hôtellerie de luxe. Un séjour all inclusive qui fera passer le lecteur par toutes les émotions.

De manière originale le récit s’ouvre avec un narrateur inattendu. Une façon bienvenue d’introduire l’univers du récit et ses principaux protagonistes. À tel point que l’on en vient à regretter que ce narrateur n’intervienne pas plus souvent pour pimenter un récit peut-être un peu trop léger pour convaincre totalement.

Le roman se lit tout seul, le dynamisme des dialogues et les situations qui oscillent entre le drame, la comédie sociale et la romance aident beaucoup.

Tous les personnages bénéficient d’un portrait détaillé et nuancé. Aucun n’est dénué de défauts ni de qualité, hormis l’un d’entre eux, ils ont tous leurs lots de névroses, de secrets et de honte bien dissimulé sous un apparat clinquant et doré, à l’instar de cet hôtel de luxe qui cache ses malfaçons derrière un simulacre de luxe.

Manhattan palace est une lecture estivale parfaite, suffisamment divertissante et rythmé pour faire oublier la légèreté de la plume.

Résumé : Entre la 6e Avenue et la 7e, se trouve la méconnue « Sixth and a half ». Méconnue, mais pas pour les riches de ce monde car s’y dresse un hôtel de grand luxe : le Manhattan Palace. L’établissement est possédé par la puissante famille Sharp-Sterling que la doyenne Jacklyn, dite « la reine d’Angleterre » mène à la baguette. L’hôtel va être le théâtre d’un fastueux mariage où se presseront les « happy few » : le jeune héritier un brin fantasque va épouser… une jeune Française sans le sou. Mais derrière les luxueuses façades et les vitres teintées des limousines se cachent de vilains secrets. Sans parler d’un tueur qui rôde dans les couloirs du palace qui devient bientôt un lieu de cauchemar.

Éditeur ‎Rivages (10 mai 2023)
Langue ‎Français
Broché ‎416 pages
ISBN-10 ‎2743659920
ISBN-13 ‎978-2743659929

Les morts d’avril d’Alan Parks

Glasgow explosive

La saga d’Alan Parks sur le Glasgow des 70’s se poursuit avec ce quatrième tome. L’auteur continue d’explorer le thème de la masculinité toxique, la descente aux enfers et les blessures incurables.

Le personnage de l’inspecteur McCoy porte le récit sur ses épaules, une fois de plus, et cela commence à faire beaucoup pour ce pauvre homme qui se retrouve sur tous les fronts. Entre son coéquipier qui subit une pression pour faire ses preuves, son ami, le dangereux Cooper, qui se retrouve accusé d’un crime sanglant et la disparition mystérieuse d’un marin américain, il n’a pas le temps de s’ennuyer. Le tout dans le décor d’une Glasgow toujours aussi imprévisible et dangereuse.

Ce quatrième tome est sans doute celui qui comporte le rythme le plus soutenu. L’auteur s’éloigne du polar pur et dur pour s’orienter vers un thriller haletant. Une course contre la montre digne des meilleures productions hollywoodiennes.

L’auteur n’en oublie pas pour autant de broder autour de son thème favoris, la représentation des hommes hétéro dans une société qui se noie dans une masculinité omniprésente. Alors que ses personnages se perdent dans l’alcool et la violence pour tenter de panser leurs blessures inavouées, l’auteur dresse un constat alarmant sur les hommes et la société des 70’s.

Les enquêtes de l’inspecteur McCoy s’adressent à tout lecteur qui se passionne pour un personnage charismatique mais aussi à ceux qui aiment voir une époque révolue prendre vie sous leurs yeux.

Résumé : Alan Parks nous replonge dans la Glasgow des années 70, et plus précisément entre le 12 et le 22 avril, période durant laquelle l’inspecteur Harry McCoy va avoir fort à faire : des bombes artisanales rappelant le mode opératoire de l’IRA explosent dans Glasgow, un capitaine de la marine américaine nommé Andrew Stewart lui demande de l’aider à retrouver son fils, et son vieil ami Stevie Cooper – criminel patenté – sort de prison et ne semble pas prêt à mettre fin à ses activités illégales. Et en plus, McCoy a un ulcère. Entre deux gorgées d’antiacide, et de whisky, le lecteur va suivre l’inspecteur alors qu’il essaie de démêler toutes ces intrigues savamment imbriquées.

Éditeur ‎Rivages (8 mars 2023)
Langue ‎Français
Broché ‎448 pages
ISBN-10 ‎2743659076
ISBN-13 ‎978-2743659073

La dernière ville sur terre de Thomas Mullen

Guerre, grippe et grève

La dernière ville sur terre permet à Thomas Mullen de mettre en scène une période de l’histoire américaine très agité et dense. Un premier roman qui a fait l’objet d’un travail de documentation historique impressionnant de la part de l’auteur.

D’une plume appliquée et rigoureuse l’auteur dresse le portrait de personnages dotés d’un lourd passé ou de convictions inébranlables. Des figures résistantes qui ont façonné l’histoire des États-Unis. Rebecca, la militante infatigable, Graham, l’ouvrier qui porte en lui le deuil de son premier amour et une rage irrépressible, Philip, l’orphelin qui souhaite faire ses preuves auprès de la communauté mais ne mesure pas le prix à payer.

Des portraits saisissants qui nous emportent dans une période de l’histoire que l’on étudie peu à l’école mais qui aurait pu être encore plus immersive si l’auteur avait su alléger sa plume. Soucieux de dresser le portrait psychologique le plus détaillé possible, l’auteur n’échappe pas aux digressions et aux passages oniriques qui alourdissent le texte.

Hormis cette rigidité dans le style, qui reste agréable, l’auteur met en avant une quantité non négligeable d’éléments historiques intéressants. Le traitement ignoble des objecteurs de conscience, la lutte sanglante des syndicats de la scierie pour de meilleures conditions de travail, la propagande gouvernementale pour la mobilisation dans l’armée et bien sûr l’épidémie de grippe espagnole. Tous ces éléments disparates sont réunis par l’auteur avec virtuosité, formant un arrière-plan historique des plus passionnants.

Il est regrettable que l’auteur ne soit pas parvenu à enrober ce tableau historique très détaillé avec une plume plus romanesque et moins didactique mais en l’état ce roman demeure une lecture passionnante par moments et offre un point de vue inédit sur la première guerre mondiale.

Résumé : Durant l’épidémie de grippe espagnole, une petite ville industrielle située au cœur des forêts brumeuses du Nord-Ouest Pacifique décide de se mettre en quarantaine, mais l’arrivée d’un soldat affamé et malade aura des répercussions terribles sur la communauté.

Éditeur ‎Rivages (4 janvier 2023)
Langue ‎Français
Broché ‎560 pages
ISBN-10 ‎2743658444
ISBN-13 ‎978-2743658441

Le silence selon Manon de Benjamin Fogel

Des soucis et des hommes

Le combat des femmes pour leurs droits dans la société n’a jamais été aussi central et critique. Il a divisé la société en deux pôles qui semblent irréconciliables. Benjamin Fogel s’empare de ce thème complexe pour livrer un polar psychologique futuriste, puisqu’il situe son action en 2025, mais sidérant de réalisme.

Autour du féminisme l’auteur invoque tout un tas de thèmes primordiaux, le masculinisme et le virilisme tout d’abord les penchants néfastes du féminisme, notre rapport naïf aux réseaux sociaux, le phénomène effarant des incels, ces célibataires involontaires qui crachent leurs haines à longueur de tweet, le courant musical du néo straight edge. Un ensemble de thèmes foisonnant servis à la manière d’un reportage.

Le style de l’auteur est en effet très propre, concis mais détaillé, en témoigne ce sommaire qui reprend la présentation d’une fiche wikipédia.
Un ton dépourvu de romanesque mais qui permet au récit de se parer des oripeaux de la réalité.
L’auteur dépeint une société sclérosée par ses dissensions absurdes. Le tableau qu’il en dresse est glaçant de réalisme.

Pourtant, malgré cette plume sèche qui va à l’essentiel, l’auteur parvient à dresser des portraits psychologiques saisissants. Ce qui débutait comme un constat accablant de notre société se transforme petit à petit en une plongée dans la psyché torturée d’un homme, la fin des illusions pour celui qui se rêvait en chevalier blanc du féminisme. L’exposé sidérant prend alors des allures psychose infernale qui renverse le tableau dépeint par l’auteur.

Le silence selon Manon se révèle donc plus sournois et surprenant que son approche un peu scolaire pourrait le laisser l’envisager. Il interroge notre rapport aux réseaux sociaux, nuance les luttes féministes, met à mal la misogynie et dissèque l’esprit des femmes et des hommes pour ne laisser que la criante vérité, la malveillance se dissimule même dans les plus ardents défenseurs de causes les plus nobles.

Résumé : Dans les années 2025, le monde occidental se caractérise par une montée de l’agressivité sur les réseaux sociaux et en particulier des cas de cyber harcèlement, au point qu’une unité spéciale de la police, dirigée par le commissaire Sébastien Mille, a dû être mise en place. Sébastien Mille s’intéresse de près aux manoeuvres des groupes masculinistes en France. L’Amérique du Nord avait déjà connu dans les années 2010 des attentats dont les auteurs se réclamaient du mouvement « incel » (pour «involuntary celibate) »autrement dit des célibataires forcés qui conçoivent une haine des femmes et de la société contemporaine qu’ils jugent trop favorable au féminisme.

Éditeur ‎Editions Payot & Rivages (7 avril 2021)
Langue ‎Français
Broché ‎352 pages
ISBN-10 ‎2743652772
ISBN-13 ‎978-2743652777

Nuages baroques de Antonio paolacci et Paola Ronco

Crimina dell’arte

Il y a certains auteurs qui parviennent à s’imprégner d’une atmosphère avant de la retranscrire dans leur récit, c’est le cas du duo Paolacci-Ronco qui livre un polar enchanteur où l’esprit Italien occupe la première place. 

Les premières pages et la présentation des différents personnages donnent l’impression d’être au théâtre. D’un trait les auteurs plantent leur décor dans une ville de Gêne attachante, où les vieux immeubles se montent à pied, où la moindre parole donne l’impression d’être chantée. Un décor enchanteur qui reste réaliste grâce à une intrigue qui met en avant les travers de la société italienne.

Les personnages sont décrits par un trait de caractère qui permet de saisir immédiatement l’âme du personnage. Caccialepori, le malade imaginaire au regard affûté, l’adjointe Santamaria avec sa pipe constamment collée à la bouche et qui n’a pourtant pas sa langue dans sa poche, Musso le poseur avec ses costumes hors de prix. L’équipe d’enquêteurs fait très vite penser à une troupe de théâtre où chacun joue son rôle à la perfection. On est parfois à la limite du cliché mais la complicité des dialogues et le dynamisme de la narration fait oublier tout ça.

Évidemment l’atout majeur du roman est le sous-préfet Paolo Nigra qui nous fait découvrir son amour pour la ville de Gêne, sa résilience face à l’homophobie rampante de certains de ses collègues et de la société et son couple avec un acteur qui a fait le choix de taire sa vie amoureuse. Une relation touchante qui concentre toute la finesse d’écriture du duo d’auteurs. De quoi achever de faire tomber le lecteur sous le charme de ce polar, italien jusqu’au bout de sa plume.

Mais que cette légèreté apparente ne fasse pas oublier qu’une intrigue doit être menée. Si l’enquête se révèle classique et sans grande surprise, elle est cependant assez efficace pour captiver le lecteur et a le mérite d’intégrer le récit à la société italienne contemporaine en évoquant le pacte d’union civile, le G8 de 2001 et l’homophobie ordinaire à laquelle doivent faire face les homosexuels italiens encore aujourd’hui.

Un excellent premier volume d’une saga policière qui possède son propre ton, léger mais pas niais et une galerie de personnages haut en couleur. 

Résumé :

Un jeune étudiant en architecture d’une vingtaine d’années, vêtu d’un manteau rose vif, est retrouvé battu à mort au petit matin, non loin du lieu où se tenait une fête en soutien à l’union civile qui doit bientôt consacrer en Italie le mariage homosexuel. Sur les lieux, auprès de son équipe de policiers aussi disparate qu’efficace, arrive bientôt sur sa moto Guzzi l’imperturbable sous- préfet de police Paolo Nigra, bel homme à la quarantaine élégante, sorte de Gian Maria Volonte au charisme évident.

Tout semble indiquer un crime homophobe, mais Nigra se méfie des évidences…

Éditeur ‎Rivages (12 octobre 2022)
Langue ‎Français
Broché ‎352 pages
ISBN-10 ‎2743657863

L’homme aux lèvres de saphir de Hervé Le Corre

Maldoror, mon amour

Lorsque que l’un des meilleurs auteurs du roman noir français s’empare du genre littéraire du thriller cela donne l’un des meilleurs représentants du genre.

Hervé Le Corre s’amuse avec le genre, si populaire, du thriller pour livrer un récit dense, imprégné d’une puissance narrative rare. L’intrigue de base se résume à une impitoyable chasse à l’homme mais l’arrière-plan historique ainsi que la matière littéraire dans lequel baigne le récit le dote d’une aura qui l’éloigne du tout venant de la production.

Car la plume d’Hervé Le Corre ne fait pas que raconter une histoire, elle immerge le lecteur dans une ambiance, une atmosphère que peu d’auteurs parviennent à retranscrire. Avec Le Corre on entend le bruit des sabots sur les pavés, on sent la crasse d’un Paris du 19ème siècle, on comprend la douleur et la colère de ces personnages qui rêvent d’un monde plus juste. 

Les dialogues ne font que renforcer cette immersion, le Paris communard de Le Corre vibre de ressentiments, grouille de vice et de misère mais il vit sous les yeux du lecteur. Bien plus qu’un simple thriller, le récit se transforme en leçon d’histoire. Un cri d’amour en faveur de la liberté et de la justice.

Loin des étiquettes et des cases dans lesquelles on essaie de faire rentrer les auteurs, Hervé Le Corre bâtit patiemment une œuvre qui fait de lui l’un des meilleurs auteurs français contemporains. 

Résumé : Paris, 1870. Une série de meurtres sauvages semble obéir à une logique implacable et mystérieuse qui stupéfié la police, fort dépourvue face à ces crimes d’un genre nouveau. Le meurtrier, lui, se veut « artiste » : il fait de la poésie concrète, il rend hommage a celui qu’il considère comme le plus grand écrivain du XIXe siècle, Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, dont il prétend promouvoir le génie méconnu. Dans le labyrinthe d’une ville grouillante de vie et de misère, entre l’espoir de lendemains meilleurs et la violence d’un régime à bout de souffle, un ouvrier révolutionnaire, un inspecteur de la sûreté, et deux femmes que la vie n’a pas épargnées vont croiser la trajectoire démente de l’assassin. Nul ne sortira indemne de cette redoutable rencontre.

Éditeur ‎Rivages (1 octobre 2004)
Langue ‎Français
Poche ‎512 pages
ISBN-10 ‎2743613092
ISBN-13 ‎978-2743613099

Un bon indien est un indien mort de Stephen Graham Jones

La chasse infernale

Après avoir énormément apprécié Galeux, j’étais impatient de découvrir ce que Stephen Graham Jones pouvait offrir avec son nouveau roman. Ce nouvel ouvrage offre un style différent au service d’un récit qui nous entraîne dans les tréfonds de l’angoisse.

L’auteur inscrit son récit dans la mouvance du réalisme fantastique, un style qui erre à la frontière des genres. Sauf qu’il s’agit plutôt là d’un réalisme horrifique, certaines scènes marquent à jamais l’imagination du lecteur de par leur puissance évocatrice. Le récit baigne dans une atmosphère de folie et de terreur qui ne fait que s’accentuer dans un rythme lancinant.

L’auteur joue habilement sur les mots pour créer l’angoisse, le fantastique reste à la lisière des paragraphes, en retrait pour mieux laisser planer son ombre funeste sur tout le récit. L’horreur surgit petit à petit, du coin de l’œil d’abord avant d’envahir toute la rétine ne laissant plus aucune échappatoire.

En ce qui concerne les personnages, l’auteur brosse un beau portrait de looser magnifiques, dans un décor de caravanes rouillées et de décharge automobile, décor d’un cauchemar américain qui n’a jamais pris fin. Des hommes perdus, à tous les niveaux, qui entassent les regrets et les remords comme les canettes de bière. Des hommes déracinés, dont il ne reste que quelques vestiges épars des traditions qui animaient leurs tribus autrefois. Des âmes en perdition qui voient la dernière chose de stable dans leur vie, leur esprit, flancher de manière irrémédiable.

Une lecture qui happe le lecteur dans un engrenage démentiel, jouant sur les sensations et l’imagination du lecteur pour délivrer son message impitoyable.

Résumé : Quatre amis d’enfance ayant grandi dans la même réserve amérindienne du Montana sont hantés par les visions d’un fantôme, celui d’un élan femelle dont ils ont massacré le troupeau lors d’une partie de chasse illégale dix ans auparavant.

Éditeur ‎Rivages (21 septembre 2022)
Langue ‎Français
Broché ‎352 pages
ISBN-10 ‎2743656212
ISBN-13 ‎978-2743656218

Le carré des indigents de Hugues Pagan

Un flic dans la ville

Voilà le genre de polar que j’aimerais lire plus souvent. Un personnage charismatique, une plume qui rend hommage aux grandes heures du polar et une ambiance digne des meilleurs films noirs.

Écartons d’emblée les attentes par rapport à l’enquête. Celle-ci est rondement menée, détaillée et intéressante mais ne recèle aucune réelle surprise. le cœur du roman est ailleurs

Et ce cœur s’appelle Schneider. Ce flic taciturne et intransigeant hante le roman de son regard pénétrant et de ses phrases lapidaires. Habité par sa mission de justice, il ne laisse personne se mettre en travers de son chemin, ni les criminels ni ses supérieurs. Une immense réussite.

Au-delà d’une simple enquête, le récit est surtout celui d’une équipe d’enquêteurs. L’auteur nous plonge dans leur quotidien de flics des années 70, les personnages secondaires sont tout aussi charismatiques que Schneider. Une tranche de vie d’une époque révolue.

Enfin la plume d’Hugues Pagan a trempé dans l’encrier le plus noir afin de retranscrire le plus fidèlement possible les années 70, son argot et la mentalité des protagonistes. Le tout avec une classe folle et un sens du dialogue savoureux.

Un polar que tous les amoureux de vieux films noirs devraient apprécier.

Résumé : Novembre 1973. L’inspecteur principal Claude Schneider revient dans la ville de sa jeunesse après un passage par l’armée et la guerre d’Algérie dont il ne s’est pas remis. Il aurait pu rester à Paris et y faire carrière, mais il a préféré revenir « chez lui ». Nommé patron du Groupe criminel, il ne tarde pas à être confronté à une douloureuse affaire : Betty, la fille d’un modeste cheminot, n’est pas rentrée alors que la nuit est tombée depuis longtemps. Son père est convaincu qu’elle est morte. Schneider aussi. Schneider est flic, et pourtant, il n’arrive toujours pas à accepter la mort. Surtout celle d’une adolescente de quinze ans au petit visage de chaton ébouriffé. Faire la lumière sur cette affaire ne l’empêchera pas de demeurer au pays des ombres.

Éditeur ‎Rivages (5 janvier 2022)
Langue ‎Français
Broché ‎448 pages
ISBN-10 ‎2743654937

La pluie de néon de James Lee Burke, Sale temps pour les salauds

Il était temps que je me lance à la découverte des enquêtes de Dave Robicheaux, après un faux départ il y a quelques années. La saga de James Lee Burke est sans doute l’une des plus longues de l’histoire du polar, on peut donc se demander si la première enquête, publiée en 1987 a encore quelque chose à apporter au lecteur d’aujourd’hui.

Force est de constater que cette première enquête est d’un classicisme qui peut paraître rébarbatif. Une large place est laissée à l’action, les retournements de situation se révèlent prévisibles et les développements de l’enquête poussifs. Ce n’est pas vraiment l’aspect de l’ouvrage qui a le mieux vieilli.

La caractérisation de Robicheaux s’inscrit dans la droite lignée des enquêteurs dur à cuir issus du roman noir. C’est un homme qui a roulé sa bosse, cynique et dépourvu d’illusions mais avec des idéaux de justice chevillés à son âme. Il penche parfois plus du côté du justicier à la inspecteur Harry que du simple flic mais il faut bien ça pour survivre aux prédateurs bipèdes de la Louisiane.

Ce qui sauve ce premier volume c’est la plume de Burke. Le style est là, une aura de mélancolie imprègne le récit et se diffuse lentement à travers les pages du récit. Le regard désabusé que porte Robicheaux sur la société et la description des paysages de la Louisiane font le reste.

Si comme moi vous voulez découvrir ce monument de la littérature policière dans l’ordre alors La pluie de néon est un passage obligé. Il faudra juste revoir à la baisse vos exigences en matière d’enquête policière et ne pas oublier que ce premier volume à bientôt quarante ans.

Résumé : Avant de passer sur la chaise électrique, Johnny Massina rapporte au lieutenant Dave Robicheaux que sa tête serait mise à prix par les Colombiens. Il semble que Dave ait commis l’erreur de fourrer son nez là où il ne le fallait pas ; et d’avoir insisté.

Éditeur ‎EDITIONS PAYOT & RIVAGES (12 juin 2019)
Langue ‎Français
Poche ‎393 pages
ISBN-10 ‎2743647809
ISBN-13 ‎978-2743647803

Rien que le noir de William McIlvanney et Ian Rankin, Glasgow by night

Après qu’un destin funeste ait frappé William McIlvanney, le créateur original du personnage de Jack Laidlaw, c’est Ian Rankin, un autre grand nom du polar anglo-saxon, qui a repris en main le manuscrit afin de narrer l’une des premières enquêtes de ce personnage dont j’ai fait la découverte avec cet ouvrage.

D’emblée on ne peut pas dire que ce fût le coup de foudre entre Laidlaw et moi. Ce personnage au fort caractère m’est apparu arrogant, prétentieux et acariâtre. Il ne cherche même pas à faire connaissance avec ses nouveaux collègues qu’il dénigre immédiatement.

Son rapport à la hiérarchie est simple, ses supérieurs sont des incapables qui ne possèdent pas sa vision des choses et ne méritent donc que son dédain. Son impertinence pourrait le faire passer pour un rebelle intransigeant, ce qui est sans doute le but des auteurs, mais ne fait que mettre en avant son ego agressif et son complexe de supériorité.

Difficile de savoir si Laidlaw est décrit comme ça dans la trilogie originale de McIlvanney ou s’il s’agit d’un apport de Rankin mais le fait est que, à part ses talents d’enquêteur solitaire, rien n’est fait pour le rendre sympathique.

En passant outre mon aversion pour le personnage principal j’ai tout de même apprécié cette enquête dans les bas fond de Glasgow. L’intrigue est d’un classicisme absolue mais solide. Une galerie de personnages peu recommandables, convaincante à défaut d’être originale, nous est dépeinte tout au long de cette intrigue où les loups sont sur le point de s’entredévorer.

Il ne me reste maintenant plus qu’à découvrir si Laidlaw est d’un naturel plus avenant sous la seule plume du regretté McIlvanney ou si vraiment, lui et moi, on n’est pas fait pour s’entendre.

Résumé : A sa mort, William McIlvanney, auteur de la trilogie Laidlaw a laissé un manuscrit inachevé. Sa compagne a demandé à l’écrivain Ian Rankin, grand admirateur de McIlvanney, de le remettre en forme et de le compléter. Le résultat est The Dark Remains, une aventure de jeunesse de l’inspecteur Jack Laidlaw.

Éditeur ‎Rivages (6 avril 2022)
Langue ‎Français
Broché ‎288 pages
ISBN-10 ‎2743655720
ISBN-13 ‎978-2743655723