Jamais sans mes soeurs (3 mai 2017) de Celeste Jones et Kristina Jones

Elles n’ont que trois ans, et pourtant Juliana, Céleste et Kristina connaissent l’horreur au sein de la secte dans laquelle elles sont éduquées, « les Enfants de Dieu ».
Sous couvert de les protéger et de leur transmettre leurs dogmes, les « Gardiens » de la secte, qui les séparent de leurs parents, les punissent très sévèrement et les initient à la sexualité dès leur plus jeune âge. Elles sont conduites de pays en pays sous de fausses identités, contraintes de participer à des orgies et sont victimes de viols.
Si leur mère, accablée par la culpabilité, finit par s’enfuir avec Kristina, les deux autres filles n’ont recouvré que très tard la liberté.
Elles témoignent ici de leur calvaire au sein de cette organisation qui, tout en prônant des valeurs altruistes, ont fait vivre à ces jeunes filles, comme à nombre d’autres enfants, un véritable enfer. Le témoignage bouleversant d’une jeunesse sacrifiée et d’un difficile combat pour se reconstruire.

Chronique :  Celeste, Kristina et leur demi-soeur Juliana ont passé leur enfance et leur jeunesse dans la secte des « Enfants de Dieu » fondée par un certain David Berg, gourou alcoolique et pédomane qui vivait caché de tous et même de ses adeptes et qui préconisait l’amour libre et le « flirty fishing ». Leur père, qui fut un personnage important de la secte  a eu au total 15 enfants avec sept femmes différentes. Très vite, la cellule familiale explosa. Celeste ne revit plus sa mère et Kristina son père. Les enfants furent ballotés de pays en pays (Etats-Unis, Angleterre, Inde, Philippines, Chine, Ouganda) au fur et à mesure des migrations du groupe qui restait très mobile pour toujours échapper à la justice. A cause de l’enseignement délirant du « prophète », les trois filles durent subir toutes sortes de mauvais traitements : humiliations, sévices, fouet et autres châtiments corporels, absence de soin et d’éducation et toutes sortes de perversions criminelles : rapports sexuels avec des adultes dès l’âge de six ans, viols, inceste… Une telle enfance eut des conséquences terribles : de nombreux enfants devinrent dépressifs, d’autres sombrèrent dans la drogue, l’anorexie ou l’alcoolisme dès l’adolescence. Certains allèrent jusqu’à se suicider…
Un témoignage bouleversant et fort utile sur des enfances et des jeunesses gâchées par la folie sectaire. Une plongée hallucinante dans un monde devenu paranoïaque, attendant perpétuellement la fin du monde, lavant les cerveaux et vivant dans la mendicité et le mensonge pour complaire à un gourou invisible. Les trois soeurs ont fini par sortir plus ou moins difficilement des griffes de cette secte qui perdure aujourd’hui alors que Berg est mort, que les abus ont été dénoncés dans les médias du monde entier. L’épilogue du livre est assez terrible. Le lecteur y découvre que les successeurs continuent de vivre cachés, mais dans de magnifiques propriétés, qu’ils ne se sont jamais amendés, n’ont pas été inquiétés et peuvent même se permettre de rejeter les témoignages des enfants abusés et poursuivre leurs monstrueuses activités sous forme d’ONG à but caritatif. Si l’on veut se faire une idée sur la dangerosité de certaines sectes pour de jeunes enfants, il faut lire ce livre honnête, touchant et pudique.

Note : 9/10

  • Poche: 482 pages
  • Editeur : Archipoche (3 mai 2017)
  • Collection : Témoignage

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Luna viva (1 juin 2016) de Aurélie Benattar

Lors de son hospitalisation la jeune tireuse de cartes Luna a rencontré un jeune métis qui depuis sa mort, l’accompagne sous forme de spectre. Mais le chef des forains, le Falcone, a inscrit Luna à un concours de cartomancie et l’a confiée à Izabella. A ses côtés, elle prend conscience de la puissance de son don de divination mais aussi des menaces que fait peser le Cercle sur les voyantes.

Critique : Dès le début l’auteur nous fait un prologue des plus dramatiques avec la présentation de la vie de Luna qui a une mère décédée, un frère violent, une communauté de forains s’apparentant à une secte, ce qui permet aussi de justifier sa tentative de suicide.
Le roman est dur et par des thèmes difficiles comme l’inceste ou le frère et tours là la limite du raisonnable et de sa vigilance. Le personnage principal qu’est Luna est mise à l’écart avec son physique de poupée aux cheveux blonds, un autre sujet bien aborder est les sectes avec les règles concernant les filles dans la communauté. Le livre est très bien mené et on se retrouve à le lire rapidement pour en connaitre le dénouement. Sous chaque titre de chapitre on trouve l’image d’un arcane majeur du tarot de Marseille, son nom et sa signification, ce qui est vraiment bien pour les jeunes et le style de l’auteur est vraiment bien écrit. Étant un livre assez court et rempli de rebondissement il est dur d’en faire une critique sans dévoiler l’histoire initiale et de relever au lecteur beaucoup de points que lui seul devra découvrir. Un super livre qu’on espère qu’il y aura une suite.

Note : 9,5/10

 

  • Editeur : Editions Sarbacane (1 juin 2016)
  • Collection : Exprim

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