Bangkok déluge de Pitchaya Sudbanthad, le flot tumultueux du destin

Un ville, un peuple et le cours inexorable du destin.

Ce primo-roman thaïlandais disponible chez @editionsrivages n’est rien d’autre qu’une invitation à une traversée à travers le temps, avec Bangkok, la ville aux milles visages, en arrière plan. Une lecture dépaysante qui, pour peu que l’on sache larguer les amarres, nous emporte sur des flots d’une écriture doté d’une force tranquille qui saura apaisé les pauvres lecteurs occidentaux que nous sommes, habitués à lire des récits beaucoup plus balisés en termes de narration.

Ici pas de personnage central mais une galerie d’habitants de Bangkok avec qui on va faire connaissance tout au long du récit. Tous auront un rapport complexe avec leurs pays tel Sammy, l’expatrié qui cherche désespérément à se réconcilier avec son enfance et son pays ou encore Nee, l’étudiante qui subit la répression militaire des années 70. On aura aussi l’occasion de voir le combat quotidien de sa soeur Nok pour maintenir ouvert son restaurant thaï au Japon alors même que l’histoire de son pays la rattrape bien malgré elle.

Comme dans tout récit choral qui entrecroise les destins, l’auteur n’échappe pas à l’écueil du développement inégal des personnages. La partie consacré à la junte militaire est tellement intéressante que le reste du récit en pâtit quelque peu. C’est le cas notamment du médecin américain Stevens dont l’épopée est conté de manière trop disparate pour que l’on puisse vraiment se prendre d’affection pour lui. L’auteur est mieux parvenu à mener sa barque qui regroupe les personnages Thaïlandais affrontant le tumulte de la vie que celle de ces personnages éclairs qui auraient mérité tout autant d’attention.

La dernière partie représente un défi supplémentaire puisqu’elle se déroule dans le futur alors que les eaux furieuses ont submergés la ville. En plus de nouveaux personnages, il faut également s’habituer à de nouvelles technologies dans un décor qui a changé à jamais. Une partie du récit qui met en valeur la résilience des citoyens de cette nouvelle Venise.

En plus de cet équipage hétéroclite, l’auteur à tenu à intégré des chapitres courts qui mettent la faune en vedette afin de montrer qu’une ville n’es pas uniquement constituée de bipèdes inconscients des ravagés qu’ils provoquent. Un excellente idée qui permet au texte de respirer et de prendre une hauteur inattendue.

Pitchaya Sudbanthad aura donc su me guider tranquillement tout au long de son récit grâce à sa plume calme, à la puissance narratrice maîtrisée. Une lecture qui m’a fait sortir de ma zone de confort pour mon plus grand plaisir. Une lecture qui fait rimer dépaysement et enchantement.

Résumé: Roman-monde pour une ville-monstre, «Bangkok Déluge »regarde Bangkok changer à travers le destin kaléidoscopique d’une dizaine de personnages plus attachants les uns que les autres. Du XIXe siècle des grandes découvertes à l’avenir des tempêtes climatiques qui guettent, autour d’une même maison hantée qui lui donne son axe, la ville se fait tour à tour piège et refuge, se réinventant en permanence sous les assauts de la modernité comme du ciel. Tentaculaire et limpide, porté par un souffle et une force motrice rares, le premier roman de Pitchaya Sundbanthad est un voyage, une expérience d’immersion totale.

  • Éditeur ‏ : ‎ EDITIONS PAYOT & RIVAGES (25 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 432 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 274365368X
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2743653682
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 450 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 14 x 2.9 x 20.5 cm

Le suspect de Fiona Barton (9 janvier 2020)

Résumé : Quand deux jeunes filles de dix-huit ans disparaissent lors de leur année sabbatique en Thaïlande, leurs familles se retrouvent aussitôt sous les projecteurs des médias internationaux : désespérées, paniquées et exposées jusque dans leur intimité. La journaliste Kate Waters, toujours avide d’un bon papier, se charge immédiatement de l’affaire, une occasion bienvenue pour elle de se rapprocher de son fils, parti vivre à Phuket deux ans auparavant. Mais ce qui s’apparente au départ à une simple fugue d’ados qui aurait mal tourné, s’avère rapidement être quelque chose de plus sérieux. Les découvertes alarmantes se succèdent, le nombre de suspects se multiplie et la piste criminelle ne peut plus être écartée. Face à la complexité de l’affaire et au manque de coopération des autorités sur place, Kate ne voit qu’une seule issue : se rendre sur les lieux afin de prendre l’enquête en mains. Mais cette fois elle est loin d’imaginer à quel point elle va être impliquée personnellement …

Achat du livre :

Chronique : Après deux œuvres d’une finesse psychologique que l’on aimerait voir plus souvent, Fiona Barton a décidé de revenir à la base du polar tout en gardant ce qui fait son style.

On retrouve donc une narration polyphonique, une ambiance pesante qui s’installe au fil des pages et surtout les personnages de la journalistes Kate Waters et de l’inspecteur Sparkes.

Le profil psychologique des personnages est toujours aussi bien dressé, surtout celui des mères, Fiona Barton sait comment écrire des personnages féminins, c’est important de le souligner car c’est moins courant que l’on pourrait le croire venant des auteures. Les pires personnages féminins que j’ai pu lire étaient souvent décrits par une plume féminine. Son portrait de Kate Waters s’étoffe et devient le véritable atout du livre. Ce personnage qui, dans les premiers livres de l’auteure, profitait du malheur des autres avec malice sans pourtant verser dans le scabreux, se retrouve, dans cette nouvelle intrigue, de l’autre côté du miroir. Une épreuve qui sera loin de l’abattre et va la confronter à des choix difficiles.

L’aspect psychologique ne s’arrête pas là, tous les protagonistes de l’enquête ont droit à un profil soigné, hormis le pauvre Jake qui ne parvient jamais à s’extraire de cette image de gentil glandeur.

Avec un tel support aussi travaillé, on serait en droit de s’attendre à une enquête tout en finesse comme L’auteure nous y a habitués précédemment. Mais il n’en est rien, l’enquête est plus directe, plus frontale, et malheureusement les retournements de situation se voient venir de loin, de trop loin.

Est-ce moi qui ait lu trop de polar et ne parvient plus à être surpris ? Le fait est que j’ai trouvé l’intrigue cousue de fil blanc, sans parler d’une énorme incohérence dans le dernier tiers du livre qui m’a fait lever les yeux au ciel. Les ficelles sont tellement grosses que toute notion de suspens s’évapore et ce n’est pas la fin, sous forme d’interrogatoire poussif, qui va arranger le tout.

Il reste de cet intrigue menée sous le soleil thaïlandais et, dans le même temps, la grisaille britannique une fluidité qui enrobe le lecteur dans un style vaporeux et voluptueux qui ne fera de mal à personne. Et c’est peut être là le problème.

Note:  6/10

Éditeur Fleuve éditions
Date de publication 9 janvier 2020
Langue Français
Longueur du livre 504
ISBN-10 2265114588