Pensées de Mark Twain Broché (8 septembre 2016) de Mark TWAIN

Si l’on vous parle aujourd’hui d’un très grand romancier, d’un insatiable aventurier, d’un journaliste très talentueux, d’un humoriste exceptionnel, d’un pamphlétaire virulent, cinq noms vous viendront certainement à l’esprit. Mark Twain nous facilite les choses : il fut tout cela à la fois. Non content d’avoir autant de lauriers à sa couronne, l’auteur des Aventures de Tom Sawyer bénéficie en plus d’une jeunesse éternelle. Il suffit de lire les pensées réunies dans ce volume pour constater qu’elles n’ont pas pris une ride. Peut-être les travers de la comédie humaine n’ont-ils guère changé au fil des siècles, mais on les a rarement épinglés avec autant de finesse et de drôlerie. Que la plume de Mark Twain s’intéresse à la société, à la politique, au sexe, à l’argent, à la religion, elle fait mouche à chaque fois.

Critique : Qu’il s’agisse de l’introduction générale on trouvera ici les pensés de ce Mark Twain tout ce qu’on peut attendre de cet homme. Impeccablement choisit les pensées n’ont rien d’indigeste et permettent cependant d’éclairer avec force détails les contextes (celui de l’écriture et, celui, plus large, de l’Amérique dans laquelle évoluait Twain). Il arrive à Franz-Olivier GIESBERT de pointer les beautés et les faiblesses, voire, parfois, de faire ressortir les beautés des passages les plus faibles, comme à propos de certains chapitres de La Vie sur le Mississippi. L’auteur a le talent d’exposer ses pensés nettement sans pour autant se livrer à des jugements hâtifs ou malvenus de l’écrivain. D’une part, il fait émerger tout ce qui est critiquable, de la posture de Twain aux éléments textuels eux-mêmes, en faisant toujours preuve de précision ; d’autre part, c’est avec une grande équanimité qu’il soupèse les questions centrales (le rapport au paradis perdu de l’enfance, à la vie dans le sud, à l’esclavage, etc). Bref, sans baver d’admiration sur la moindre ligne écrite par Twain, il n’exalte ce que ses dires qui recèlent de meilleur.

Note : 10/10

 

  • Broché: 208 pages
  • Editeur : Le Cherche Midi (8 septembre 2016)

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Les invisibles de Hugh Sheehy

Tous les personnages de ces nouvelles pourraient d’une manière ou d’une autre être «invisibles» à nos yeux, si ce n’étaient les drames qui viennent les percuter de plein fouet et bouleverser leurs existences : une jeune fille en vient à envier ses amis les plus proches, qui ont certainement été enlevés et assassinés par un tueur en série ; un homme retourne dans sa ville natale pour y apprendre que la femme qui avait été son amour de jeunesse a été sauvagement assassinée ; un autre croit retrouver sa petite amie pourtant morte des années auparavant… A la façon inquiétante d’un thriller, chaque nouvelle voit la mort s’immiscer dans les vies. Hugh Sheehy s’attache alors aux sentiments de ses personnages : chagrin, solitude, violence. L’Amérique qu’il dépeint est singulière, étrange, et l’atmosphère des lieux qu’il décrit saisissante. La force de ce recueil réside pourtant dans l’écriture tout en précision. Son pouvoir d’évocation et sa capacité à créer le malaise chez le lecteur contribuent à dessiner un univers étonnant.

Critique: 11 nouvelles réparties sur 284 pages se proposent de nous présenter des parcours de vie brisée dans une économie de mots poussée à l’extrême. On dépasse ici rarement la vingtaine de pages lors de micro-récits qui n’épargnent rien à leurs personnages. Hugh Sheehy nous livre tout cela, certaines nouvelles racontent des malheurs du quotidien comme Henrik le Viking avec le récit d’un couple qui attend un futur enfant, d’autres touchent à l’univers du crime et plus particulièrement des meurtres avec Les invisibles, un sourire pour Ellie ou de la délinquance juvénile/jeunes adultes avec un âge difficile, après le déluge … il y a presque un côté « mystique » à ces histoires car malgré le fait que cela se passe à notre époque on sent que l’extraordinaire n’est pas loin tant dans les réflexions des personnages que les évènements qui se déroulent. La plume de l’auteur mélange les récits à la première ou troisième personne qui instille des messages à son lectorat tout en racontant des instants de vie primordiale pour ceux qui les vivent. Un recueil a l’atmosphère si particulière, originale et qui nous fait voyager dans les États-Unis.

Note : 9/10

 

  • Reliure inconnue: 290 pages
  • Editeur : Editions Albin Michel (30 mars 2016)

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La fille de Brooklyn de Guillaume Musso

Je me souviens très bien de cet instant. Nous étions face à la mer.
L’horizon scintillait. C’est là qu’Anna m’a demandé :  » Si j’avais commis le pire,
m’aimerais-tu malgré tout ? « 

Vous auriez répondu quoi, vous ?
Anna était la femme de ma vie. Nous devions nous marier dans trois semaines. Bien sûr que je l’aimerais quoi qu’elle ait pu faire.
Du moins, c’est ce que je croyais, mais elle a fouillé dans son sac d’une main fébrile, et m’a tendu une photo.
– C’est moi qui ai fait ça.
Abasourdi, j’ai contemplé son secret et j’ai su que nos vies venaient de basculer pour toujours.
Sous le choc, je me suis levé et je suis parti sans un mot.
Lorsque je suis revenu, il était trop tard : Anna avait disparu.
Et depuis, je la cherche.

Critique: Dans ce nouveau roman on retrouve vraiment les codes de Musso. L’enquête, déjà, sur une histoire sombre, floue. Qui est Anna ? Est-elle vraiment coupable de ce qu’elle montre en photo à son futur époux ? Pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ? Et surtout pourquoi avoir si soudainement disparu ? Aucune trace d’elle non plus à Paris, Raphaël ne va être obligé de remonter loin le passé de la jeune femme pour connaître sa réelle identité et son terrible passé. L’enquête ne laisse aucun temps mort. Alternant les avancées de Raphaël et de son voisin, Marc, nous apprenons beaucoup de choses pages après pages. Certains autres passages, consacrés à d’autres personnages qui nous livrent alors leur histoire, enrichissent encore l’enquête et les découvertes. Nos deux enquêteurs recoupent régulièrement leurs informations et petit à petit les pièces du puzzle s’emboîtent. Ici, une nouvelle fois, Musso nous prouve l’amour de la France mais aussi celui des États-Unis qu’il nous fait parcourir dans de nombreux romans. Raphaël, écrivain, y a déjà ses repères mais de là à connaître Brooklyn, c’est autre chose et il est vraiment loin d’imaginer que sa recherche va le plonger loin, très loin du passé de certaines personnes et le moins qu’on puisse dire c’est que cela ne plaira pas à tout le monde. Et si Anna était liée à beaucoup plus lourd que ce qu’ils pensaient au départ . Les personnages sont comme toujours chez Musso assez attachants. Raphaël est un homme dévoué, amoureux, qui s’occupe à merveille de son fils (dont les comportements sont bien détaillés et ce petit bout de chou est mignon) et qui est prêt à tout pour sauver Anna. Il ne la croit pas responsable de ce qu’elle lui a montré. Marc, son voisin ex-flic, est un personnage un peu plus bourru qui a su garder ses entrées où il faut (pratique dans ce genre d’enquête) et qui va se montrer d’une aide incroyable auprès de Raphaël. Il est également très proche du petit Théo dont il s’occupe régulièrement. Quant à Anna, bien qu’elle soit le coeur central de cette enquête, nous n’aurons pas vraiment l’occasion de la connaître. Nous avons juste sa vie, vue par les autres et elle nous est présentée sous une forme très attachante, on ne peut que ressentir de l’empathie pour cette femme. La rencontre avec sa famille est un véritable choc pour Raphaël comme pour la famille et il est pourtant alors loin d’imaginer tous les fils qu’il va lui falloir démêler. Il est difficile de vous en dire plus sans vous dévoiler des points-clés de l’histoire. Musso a vraiment bien travaillé son intrigue et nous allons de surprises en surprises, de rebondissements en révélations scandaleuses, on passe par de l’angoisse, de l’horreur, de l’empathie et puis d’un coup, comme toujours avec notre cher écrivain, les dernières pages qui vous donnent une claque monumentale. Alors que vous pensiez le tout résolu, une nouvelle page s’ouvre…

Le roman est addictif, difficile de le reposer avant de savoir qui est Anna, qui est cette mystérieuse Fille de Brooklyn. Il faut dire qu’à mesure que l’enquête avance, les secrets se déterrent et pas des moindres. C’est du très lourd que nous sert Musso ici. Un roman à la hauteur de son succès qui confirme qu’il n’a pas son pareil pour ménager le suspens et qu’il sait entraîner son lecteur dans une course haletante entre la France et les Etats Unis, le passé mystérieux d’une femme et l’urgence présente de la retrouver.

Note : 8,5/10

 

  • Broché: 473 pages
  • Editeur : XO (24 mars 2016)
  • Langue : Français

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