Les loups à leur porte de Jérémy Fel, un long cauchemar

Encore une quatrième de couverture mensongère ? Projet trop ambitieux ? Le fait que ce premier roman de Jérémy Fel est loin de tenir toutes ses promesses et nous allons voir pourquoi.

Cela commençait plutôt bien, l’auteur instaure dès les premières pages une ambiance glauque d’où suinte une angoisse sourde. Un premier chapitre qui fait office de prologue et pose l’ambiance de ce roman noir sans concessions. Avec sa plume franche et directe, l’auteur ne nous épargne rien sur les événements de son récit. Le sort frappe aussi bien les innocents que les coupables. Si d’aventure l’envie vous prend de vous lancer dans cette lecture soyez prévenu que certains chapitres sont insoutenables en matière d’ambiance sordide et de détails glauques, notamment celui consacré à l’infortuné Benjamin. Pour ceux que ce genre de récit n’effraie pas la lecture risque de vous rebuter mais pour d’autres raisons.

En effet l’éditeur nous un promis un puzzle narratif où les personnages se croisent et partagent un secret. Hors s’il y a bien de vague rapport entre les différents protagonistes ils sont parfois si ténus qu’il est difficile de saisir leur importance dans le récit. Leur arc narratif ne s’imbrique que rarement les uns aux autres à part pour quelques-uns d’entre eux, comme Walter et Mary Beth dont l’arc narratif bâtit sur la vengeance se font échos. Du grand puzzle narratif promis il ne reste qu’un récit à la narration assez linéaire où l’on suit des personnages des deux côtés de l’océan Atlantique en attendant vainement que leurs histoires se rejoignent. Ce manque de consistance dans la narration entraîne un effet pervers qui rend difficile la lecture de l’ouvrage au fur et à mesure que l’on avance dans le récit.

En effet la plupart des chapitres commençant par la présentation d’un personnage, j’ai eu l’impression de lire une nouvelle différente plutôt qu’un ouvrage cohérent. Mis à part ceux qui mettent en scène le triangle infernal Walter/ Mary Beth et Scott, chaque chapitre nous présente un nouveau personnage, pas forcément toujours très intéressant. Il faut donc se familiariser avec ce personnage, son entourage et son histoire sans que jamais une trame globale les reliant tous les uns aux autres n’apparaisse. Un processus qui se révèle lassant à la longue.

Enfin une dernière chose m’a quelque peu lassé lors de ma lecture. C’est l’accumulation de scène de cauchemar. Ce pauvre Damien en fait au moins trois dans le chapitre qui lui est consacré, pour autant que je m’en souvienne, et ne comptez pas sur moi pour aller vérifier. Ces scènes apparaissent plus comme un tic narratif destiné à remplir les pages du livre que comme un réel apport à une ambiance qui n’en avait de toute façon pas besoin.

En refermant l’ultime page de ce roman, j’ai eu peur d’être passé à côté du propos de l’auteur, d’avoir loupé la signification de son récit et puis je me suis rappelé que certains auteurs apprécient de complexifier leurs œuvres inutilement. C’est dommage d’autant plus que la plume de l’auteur n’est pas désagréable à suivre et l’atmosphère qui se dégage de son récit suffirait à écrire un ouvrage convaincant sans verser dans le trop plein intellectuel.

Résumé: Une maison qui brûle à l’horizon ; un homme, Duane, qui se met en danger pour venir en aide à un petit garçon qu’il connaît à peine ; une femme, Mary Beth, serveuse dans un« diner» perdu en plein milieu de l’Indiana, forcée de faire à nouveau face à un passé qu’elle avait tenté de fuir ; et un couple, Paul et Martha, pourtant sans histoires, qui laisseront un soir de tempête, entrer chez eux un mal bien plus dévastateur. Qu’est-ce ce qui unit tous ces personnages ? Quel secret inavoué les lie ? Jérémy Fel nous livre ici un grand puzzle feuilletonesque à l’atmosphère énigmatique et troublante entre «Twin Peaks», Stephen King et Joyce Carol Oates. Un premier roman magistral qui mène, de rebondissement en rebondissement, à explorer le mal sous toutes ses facettes.

  • Éditeur : Rivages (5 octobre 2016)
  • Langue : : Français
  • Broché : 410 pages
  • ISBN-10 : 2743637897
  • ISBN-13 : 978-2743637897
  • Poids de l’article : 200 g
  • Dimensions : 11.1 x 2 x 16.9 cm

Et ils oublieront la colère (11 mai 2017) de Elsa Marpeau

Été 1944. Une femme court dans la campagne icaunaise. Elle cherche à échapper à la foule qui veut la tondre.
Été 2015. Un homme a été tué près d’un lac. La gendarme chargée de l’enquête soupçonne que son meurtre est lié à une tonte, qui a eu lieu soixante-dix ans plus tôt.
Entre aujourd’hui et hier, les destins s’entremêlent mais les protagonistes ne s’en souviennent plus – ils ont oublié la colère, les jours de liesse et la cruauté des vaincus contre ceux de leur camp, lors de la Libération. L’enquête va exhumer ce passé dont plus personne ne veut se rappeler.

Chronique :   Dans le Gatinais,à quelques kilomètres de Sens en 2015 nous sommes dans un univers campagnard modeste,attaché à leur terre depuis des générations,des chasseurs,viandards aussi. Le meurtre de leur voisin un professeur d’Histoire obsédé par une période ancienne de la fin de l’occupation,l’enquête est menée par la Capitaine de Gendarmerie Garance Calderon.
Tous les personnages ont un passé douloureux,de l’enquêtrice à son supérieur.
Trop je trouve,l’auteure ne dérogeant pas à la règle qui fait que dans les polars d’aujourd’hui les « flics  » ont toujours des problèmes.
Ce livre est centré sur les violences faites aux femmes lors des conflits! Il y a 70 ans,42000 femmes tondues,violées pour beaucoup à la Libération,livrées à la vindicte populaire.C’est loin mais… C’est aussi l’histoire des hontes et des vengeances du corps social qui se répètent, de l’injustice. Alternant passé et présent, l’auteur nous implique totalement dans ses recherches jusqu’au dénouement final qu’on était loin d’imaginer. Un très bon roman noir comme on les aime.

Note : 9/10

  • Poche: 304 pages
  • Editeur : Folio (11 mai 2017)
  • Collection : Folio Policier

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